L'oeuvre des conteurs allemands. Anonyme
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Anonyme
L'oeuvre des conteurs allemands
Mémoires d'une chanteuse allemande traduit pour la première fois en français avec des fragments inédits
Publié par Good Press, 2020
EAN 4064066083892
Table des matières
INTRODUCTION
Il paraît singulier que le livre si célèbre en Allemagne intitulé Aus den Memoiren einer Saengerin n'ait jamais été traduit en français. C'est un ouvrage extrêmement intéressant, non seulement au point de vue de la bibliographie de l'héroïne, mais aussi au point de vue des anecdotes curieuses qu'il contient sur les mœurs des différents pays qu'elle habita. Il contient en outre des observations psychologiques du premier ordre.
L'ouvrage parut en deux tomes, et l'on a déjà beaucoup discuté sur la date de ces publications. C'est ainsi que H. Nay donne, dans sa Bibliotheca Germanorum Erotica, les renseignements bibliographiques suivants:
Aus den Memoiren einer Saengerin, Verlagsbureau, Altona, tome I, 1862; tome II, 1870.
Pisanus Fraxi, dans son Index librorum prohibitorum, donne les dates suivantes: Berlin, tome I, 1868; tome II, 1875.
Plus loin, le même auteur se range à l'avis de H. Nay en ce qui concerne le lieu d'impression, Altona. Le docteur Düehren donne d'autre part les renseignements suivants:
2 tomes petit in-octavo [Altona] Boston Reginald Chesterfield, tome I, 1862; tome II, 1870.
L'ouvrage a été souvent imprimé en Allemagne, où la plus récente impression porte:
Aus den Memoiren einer Saengerin. Boston Reginald Chesterfield, pour le premier tome, et II Chicago, Gedrückt auf Kosten Guter Freunde pour le second tome. Le premier volume comporte IV-235 pages imprimés, plus le verso blanc de la dernière page, deux feuillets non imprimés de la couverture. Le second tome comporte 164 pages, plus la couverture. La couverture comporte sur le premier plat extérieur un encadrement typographique contenant: Memoiren einer Saengerin I. Chicago, Gedrückt auf Kosten Guter Freunde, pour le premier tome, tandis que sur le second on voit: II Chicago, le second plat extérieur comporte un encadrement avec un fleuron au centre.
H. Nay n'avait point pensé à chercher l'auteur de cet ouvrage singulier. Le premier qui ait pensé à attribuer ces Mémoires à la célèbre cantatrice Schrœder-Devrient est Pisanus Fraxi. C'est sur la foi de ce qu'il en dit dans son «Index» que Düehren, d'une part, et Eulenbourg, dans Sadismus und masochismus, ont rendu la célèbre Wilhelmine Schrœder-Devrient responsable de cette autobiographie, la seule autobiographie féminine que l'on puisse comparer aux Confessions de J.-J. Rousseau ou aux célèbres Mémoires de Casanova.
D'ailleurs Pisanus Fraxi n'étaye son opinion d'aucune preuve: «On affirme, dit-il, que ces Mémoires sont une autobiographie de la célèbre et notoire Mme Schrœder-Devrient», et il dit plus loin que les papiers auraient été trouvés après sa mort par son neveu, qui les aurait édités.
Je dois dire que l'examen attentif du style des lettres de Wilhelmine Schrœder-Devrient ne rappelle pas complètement celui des Mémoires qui lui sont attribués, mais que, malgré des différences biographiques qui ont pu fort bien être introduites par des éditeurs, certains détails cadrent assez bien avec l'existence romanesque de la célèbre cantatrice, et qu'il ne serait pas impossible, après tout, qu'il s'agisse de Mémoires rédigés d'après certains fragments, certaines indications, certaines lettres trouvés dans les papiers de Mme Schrœder-Devrient.
Wilhelmine Schrœder-Devrient, qui était née à Hambourg le 6 décembre 1804, mourut à Cobourg le 26 janvier 1860, c'est-à-dire deux ans avant la publication des Mémoires. Nous n'avons pas à nous étendre longuement ici sur la vie, ni sur la carrière artistique de Schrœder-Devrient. L'attribution qui lui est faite des Mémoires repose sur des bases trop fragiles pour qu'on puisse la considérer définitivement comme en étant l'auteur. Il faut ajouter cependant que ce que l'on connaît de son caractère n'est point incompatible avec celui que révèlent les écrits en litige. La malheureuse affaire de son second mariage même semblerait pouvoir être prise comme une preuve de l'authenticité de ces Mémoires. Son second mari s'appelait Von Doering et l'avait rendue fort malheureuse; elle ne l'appelait jamais que le «diable» et s'efforçait de l'oublier complètement. Quand elle mourut, elle avait épousé un gentilhomme hollandais, qui s'appelait von Bock, et l'on grava sur le granit de sa tombe:
Wilhelmine von Bock Schrœder-Devrient
Toutefois il semble invraisemblable qu'une femme qui avait connu Beethoven et sur l'album de laquelle Gœthe avait écrit des vers n'en parle même pas dans ses Mémoires.
Quoi qu'il en soit, on se trouve peut-être en présence d'une rapsodie écrite par un faux mémorialiste, qui aurait réuni à quelques détails, à quelques cancans concernant l'existence de Schrœder-Devrient