L'oeuvre des conteurs allemands. Anonyme

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L'oeuvre des conteurs allemands - Anonyme


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quatorze ans et je suivais l'enseignement religieux pour ma confirmation.

      J'aimais notre pasteur d'un amour exalté, ainsi que toutes mes compagnes.

      J'ai souvent remarqué, depuis, que l'instituteur, et, tout particulièrement, l'instructeur religieux, est le premier homme qui fait une impression durable dans l'esprit des jeunes filles. Si son sermon est suivi et s'il est un homme en vue dans la commune, toutes ses jeunes élèves s'entichent de lui. Je reviendrai encore sur ce point, qui se trouve sur la liste de vos questions.

      J'avais donc quatorze ans, mon corps était complètement développé, jusqu'au signe essentiel de la femme: la fleur périodique. Le jour de l'anniversaire de mon père approchait. Ma mère fit tous les préparatifs avec amour. De bon matin j'étais déjà habillée de fête, car mon père aimait les belles toilettes. J'avais écrit une poésie, vous connaissez mon petit talent poétique (entre nous soit dit, le pasteur devait la corriger, j'avais ainsi un prétexte pour aller chez lui); j'avais cueilli un gros bouquet.

      Mes parents ne faisaient pas chambre commune. Mon père travaillait souvent tard dans la nuit et ne voulait pas déranger ma mère; c'est du moins ce qu'il disait.

      Plus tard, je reconnus, là encore, un signe évident de leur sage manière de vivre. Les époux devraient éviter, autant que possible, le sans-gêne du laisser-aller journalier. Tous les soins que nécessitent le lever ou le coucher, le négligé et la toilette de nuit sont souvent fort ridicules, ils détruisent bien des charmes et la vie commune perd de son attrait. Mon père ne couchait donc point dans la chambre de ma mère. Il se levait d'habitude à sept heures. Au jour de l'anniversaire, ma mère se leva à six heures du matin, afin de préparer les cadeaux et de couronner le portrait de mon père. Vers les sept heures, elle se plaignit d'être fatiguée et dit qu'elle allait se recoucher pour un instant, jusqu'au réveil de mon père.

      Dieu sait d'où me vint cette idée, mais je pensai qu'il serait très gentil de surprendre mon papa dans la chambre de ma mère et de lui présenter là mes bons vœux. Je l'avais entendu tousser dans sa chambre. Il s'était donc déjà levé et allait bientôt venir. Pendant que ma mère donnait les derniers ordres à la servante, je me faufilai dans sa chambre à coucher et je me cachai derrière la porte vitrée d'une alcôve qui nous servait de garde-robe. Fière et heureuse de mon plan, je me tenais sans souffle derrière la porte vitrée, quand ma mère entra. Elle se déshabilla rapidement jusqu'à la chemise et se lava soigneusement. Je voyais pour la première fois le beau corps de ma mère. Elle inclina un grand miroir qui était au pied du lit près du lavabo et se coucha les yeux fixés sur la porte. Je compris alors l'indélicatesse que j'avais commise; j'aurais voulu me sauver de l'alcôve. Un pressentiment me disait qu'il allait se passer devant mes yeux des choses qu'une jeune fille n'ose pas voir. Je retenais mon souffle et tremblais de tous mes membres. Tout à coup, la porte s'ouvrit, mon père entra, vêtu, ainsi que tous les matins, d'une élégante robe de chambre. À peine la porte eut-elle bougé que ma mère ferma immédiatement les yeux et fit semblant de dormir. Mon père s'approcha du lit et contempla ma mère endormie avec l'expression du plus grand amour. Puis il alla pousser le verrou. Je tremblais de plus en plus, j'aurais voulu disparaître sous terre. Mon père enleva lentement ses caleçons. Il était maintenant en chemise sous sa robe. Il s'approcha du lit et releva avec précaution la légère couverture. Je le sais bien maintenant, ce n'est pas par hasard, ainsi que je le croyais naïvement alors, que ma mère était là, les jambes ouvertes, une jambe repliée et l'autre étendue. Je voyais pour la première fois un autre corps de femme, mais plein, en belle floraison, et je pensais avec honte au mien encore si verdelet. La chemise était retroussée, un sein blanc et rond débordait des dentelles.

      J'ai connu plus tard bien peu de femmes qui auraient osé se présenter ainsi à leur mari ou à leur amant.

      En général, le corps de la femme est vite déformé après les vingt ans.

      Mon père buvait ce spectacle des yeux. Puis il se pencha sur l'endormie, et entama une litanie de caresses lentes de la plus grande délicatesse. Ma mère soupirait, puis elle releva comme en dormant l'autre jambe et elle se mit à faire d'étranges mouvements des hanches. Le sang me monta au visage; j'avais honte; je voulais détourner les yeux, mais je ne le pouvais pas. Mon père ayant alors accéléré et appuyé ses baisers, ma mère ouvrit les yeux, comme si elle venait de se réveiller en sursaut, et elle dit avec un profond soupir:

      —Est-ce toi, mon cher mari? Je rêvais justement de toi. Comme tu me réveilles d'une façon agréable! Mille et mille bons vœux pour ton anniversaire!

      —Le plus beau, tu me le portes en me permettant de te surprendre. Comme tu es belle aujourd'hui! Tu aurais dû te voir!

      —Mais aussi, me surprendre à l'improviste! As-tu poussé le verrou?

      —Sois sans crainte. Mais si tu veux réellement me souhaiter du bien, laisse-toi faire, ma jolie chérie. Tu es aussi fraîche et parfumée qu'une rose pleine de rosée.

      —Je te permets tout, mon ange. Mais ne veux-tu pas attendre jusqu'au soir?

      —Tu n'aurais pas dû t'exposer d'une façon si enivrante. Tiens, tu peux te convaincre aisément que je ne puis plus attendre!

      Et ses baisers ne voulaient point finir. Cependant, sa main devenait de plus en plus amoureuse et caressante, et ma mère répondait de son mieux à ses attaques. Les baisers devenaient plus ardents. Mon père lui baisait le cou, les seins, il lui suçait les petits boutons roses, la caressait avec ardeur, lui disant de tendres mots d'amour qui interrompaient parfois la douce caresse de ses lèvres, et ma mère lui répondait sur le même ton. Comme il me tournait le dos, je ne pouvais pas voir ce qu'il faisait, mais je concluais des légères exclamations de ma mère qu'elle ressentait un plaisir extraordinaire. Ses yeux se noyèrent, ses seins tremblaient, tout son corps tressaillait. Elle soupirait par saccades:

      «Quelles délices! Je t'adore! Ce que tu es aimable! Ah! pourquoi nous aimons-nous tant!» Et puis ce furent des onomatopées voluptueuses!

      Chacune de ces paroles s'est fixée dans ma mémoire. Combien de fois les ai-je répétées en pensées! Ce qu'elles m'ont fait réfléchir et rêver! Il me semble que je les entends encore sonner dans mes oreilles.

      Il y eut un moments d'arrêt. Ma mère restait immobile, les yeux clos, le corps détendu, dans l'attitude d'un soldat blessé qui ne peut plus suivre l'armée victorieuse. Je n'avais plus devant moi mon père sévère, ni ma mère vertueuse et digne. Je voyais un couple d'êtres ne connaissant plus aucune convention, se jeter éblouis, ivres, dans une jouissance ardente que je ne connaissais pas. Mon père resta un instant immobile, puis il s'assit sur le bord du lit. Ses yeux brûlants avaient une expression sauvage, ils ne pouvaient se détourner du point de leur convoitise. Ma mère gémissait voluptueusement. Durant ce spectacle, le souffle me manquait, je faillis étouffer, mon cœur battait trop fort. Mille pensées s'éveillèrent dans ma tête, et j'étais inquiète, car je ne savais comment quitter ma cachette. Mon incertitude ne dura cependant point, car ce que je venais de voir n'était qu'un prélude. Tout de suite je devais en voir assez en une seule fois pour ne plus avoir besoin de leçon ultérieure.

      Mon père s'était assis à côté de ma mère étendue. Il tournait maintenant le visage vers moi. Il devait avoir chaud, car tout à coup il enleva chemise et robe de chambre pour ne reprendre que sa robe.

      Je pleurais presque, tant la curiosité m'excitait.

      Comme cela était autrement fait que chez les petits garçons et aux statues! Je me souviens très bien que j'en avais peur et que, pourtant, un frisson délicieux me coulait dans le dos. Mon père n'y prenait pas garde, il fixait toujours ses yeux sur ma mère, il semblait maîtriser sa propre ardeur comme s'il cherchait à ne pas effaroucher la victime qu'il allait sacrifier sur l'autel où, résignée, elle attendait le sacrificateur.

      Je tremblais de plus en plus fort, et comme s'il allait m'arriver quelque chose, je crispais violemment tout mon être.

      Je savais déjà, par les racontars de mes amies, que ces deux parties exposées pour la première fois à ma vue


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