L'Espion. Dr. Juan Moisés De La Serna

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L'Espion - Dr. Juan Moisés De La Serna


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que je perdis toute curiosité à ces propos.

      Je dirais qu’il ne s’agit que de vieux documents et de situations passées dont tout le monde s’enfiche, des secrets du gouvernement qui tombèrent dans l’oubli. L’énorme quantité de vies qui ne sauront jamais qu’elles furent sauvées, tout le travail pour y réussir et toutes les situations qui pourraient être passées et dont le monde ne connaît rien.

      « Un changement dans l’histoire » c’est les mots du commandant qui nous donna notre première mission. Je venais de finir mon instruction après un entraînement impitoyable et, contrairement à ce que j’avais imaginé, il ne s’agissait pas d’une activité physique, mais intellectuelle. Dès le premier jour, je devais assister au cours de langues et de mathématiques et, peu après, je commençai mes cours particuliers dans un domaine dont je n’avais jamais entendu parler: la cryptographie.

      C’est un art, pour ainsi dire, c’est la capacité de cacher des messages à la vue comme déjà le faisaient les anciens grecs et qui consiste à faire des variations sur un texte, bien dans la position des lettre ou dans une lettre en particulier, pour envoyer un message et que personne d’autre que le destinataire puisse le déchiffrer sans le code.

      La machine Enigma était tout ce que nous étudiions pendant toutes nos leçons parce qu’elle était le sommet du développement mathématique pour la codification de messages. Au début, je la trouvais un peu trop compliqué, mais après recevoir les explications des processus mathématiques simples et reliés, tout devint beaucoup plus facile à comprendre. Il faut seulement rendre un message difficile à lire, au moins pour les ennemis, parce que pour le destinataire le message devrait être simple et très clair. Je lis autant de messages codifiés que parfois je me voyais dans mes rêves à les déchiffrer. Les nombres et les secrets, qui pourrait penser qu’il existait une relation si étroite entre eux?

      Lorsque je commençai mon travail, je me sentais si enthousiaste que j’essayai de créer mes propres codes de décryptage. En même temps que nous déchiffrions des messages qu’on avait capté, on nous demandait aussi de créer des nouveaux systèmes. Au début ces messages étaient seulement un test et ils contenaient des phrases du genre « Très bien! » ou « Tu as beaucoup amélioré! » , mais plus tard, nous commençâmes a décoder des vrais messages utilisés auparavant pour communiquer une position ou le nom d’une base militaire ou d’une mission.

      Ensuite nous commençâmes à travailler avec des messages de «nos ennemis » , comme on les appelait, même si nous ne savions pas qui les envoyait. Il s’agissait des messages captés que nous devions déchiffrer sans la moindre possibilité d’erreur. Voilà pourquoi les langues étaient si importantes. A différence du reste des messages, ceux-ci n’étaient pas écrits en anglais, alors la première chose à faire était d’identifier la langue d’origine pour pouvoir décrypter le message après.

      Quelques langues étaient assez faciles à identifier, comme le français ou l’allemand, parce qu’ils ont des accents très caractéristiques qui permettent de les reconnaître toute de suite, mais il y en avait d’autres, comme celles de l’Est de l’Europe, qui étaient vraiment compliquées à identifier. Même si nous arrivions à identifier les origines régionales, l’influence du russe rendait la différence entre les caractères bien plus dure pour découvrir à quel pays du Rideau de Fer nous devions faire face.

      Apparemment nos ennemis avait les mêmes ordres que nous de tout compliquer au maximum. Si nous arrivions à déchiffrer un code, le suivant était toujours beaucoup plus compliqué en termes mathématiques. Cependant, tous nos efforts valait bien la peine puisque arrivions à arrêter des espions, à capter des transactions qui portaient sur des données volées ou même à empêcher certaines attaques à petite échelle. Mais ce n’était que des vétilles dans notre registre des succès.

      Au fur et à mesure que nous avançâmes dans notre travail, le nombre descendait parce que nous étions affectés dans d’autres villes du pays en tant que spécialistes d’intelligence pour collaborer avec les différentes agences du gouvernement. Bien que nous nous ayons écrit souvent pour partager notre progrès, le travail devint davantage solitaire, ou plutôt, plus numérique dès que les machines du début devinrent des ordinateurs d’une importance vitale pour notre travail.

      Il ne fallait plus réaliser des grands calculs pour trouver les valeurs de remplacement, il suffisait d’introduire les paramètres dans la machine pour qu’elles aient fait le travail pour nous. Bien sûr, c’était essentiel d’introduire les paramètres corrects pour avoir un bon fonctionnement des machines et c’était là que notre travail devenait plus dangereux. Dans d’autres métiers cela ne supposait que le retard dans la sortie d’un avion, ou la perte d’un courrier, mais dans le notre cela posait le problème de perdre l’avantage sur nos ennemis et l’opportunité de savoir ce qu’ils pensaient ou comment ils allaient agir.

      Évidemment on comptait sur l’ignorance de la population. C’est vrai que les médias parlaient de la tension entre les nations et qu’il y avait des personnes qui étaient conscientes des politiques développées de l’autre côté du Rideau de Fer, mais personne ne connaissait la guerre d’intelligence qu’on menait chaque jour.

      Au début les tâches étaient assez simples: bien nous traduisions les messages, ou bien nous ne les traduisions pas. C’est à dire, lorsque nous traduisions un message, il acquérait une signification spécifique et nous arrivions à le lire mais, si nous n’avions pas le code, c’était impossible de connaître le vrai contenu du message, alors il fallait recommencer à essayer tous les codes jusqu’à trouver du sens.

      « A 11h à l’ambassade », « Sous la sculpture de… », « On est toujours dans le sud, près des frontières… »

      Parfois il s’agissait tout simplement de petits fragments de texte, de petites instructions très spécifiques adressées à quelqu’un qui devait agir et, dans la plupart de cas, nous ne savions pas qu’est-ce qu’ils voulaient vraiment dire. Notre mission portait seulement sur la traduction des messages. Ensuite, c’était l’armée qui prenait les mesures pertinentes après connaître l’émetteur et le contenu du message, et ce n’était pas à nous de juger leurs décisions.

      Les situations les plus difficiles arrivaient quand un message pourrait avoir plusieurs significations et il nous pris du temps de nous rendre compte parce que nous suivions toujours la même stratégie: décoder et envoyer. La hiérarchie militaire commença à se plaindre et à nous dire à chaque fois que « nous n’avions pas mis dans le mille ». Nous n’arrivions pas à comprendre ce qui se passait. Nous avions déchiffré et trouvé le message comme toujours: « Derrière le troisième arbre », « A 11h dans notre endroit ».

      Les contenus étaient les mêmes de tous les jours et nous avions bien fait le décryptage, mais nos patrons n’étaient pas contents. C’est la vie, parfois on pense que nous sommes en train de faire notre mieux et que cela suffira et, tout d’un coup, la situation change du jour au lendemain.

      Je me souviens encore de mon déplacement en Espagne. Je connaissais la langue et quelques traditions de la population, mais guère davantage. J’avais toujours pensé que si jamais ils me faisaient changer de poste, ils m’auraient envoyé à Washington, ou s’il s’agissait de l’étranger je pourrais être réassigné à Londres ou à Paris, mais Madrid? Qu’est-ce que j’allais faire à Madrid? C’est décision ne faisait qu’élargir ma curiosité pour découvrir ce que j’allais faire en tant que mathématicien spécialisé en cryptage et décryptage de messages.

      J’essayais de travailler tout ce que je pouvait, faisant de mon mieux, mais les chefs continuaient à rejeter mes résultats. Ce n’était pas que j’échouais ou que je ne travaillais pas bien, mais ils me disaient qu’ils étaient arrivés au moment indiqué ou à l’endroit établi, et qu’il n’y avait personne, pas d’espions et pas de troupes. J’étais étonné et la pression augmentait à chaque fois.

      Ah, l’Espagne! Quel pays! Il changea complètement ma façon de vivre. Au début je ne parlais avec personne et à peine


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