Roulette Russe. May Freighter

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Roulette Russe - May Freighter


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fois calmée, elle se dégagea d'un mouvement maladroit.

      - Alors, c'était quoi le coup de fil ?

      Les lèvres d'Andrew s'étirèrent en un sourire.

      - On dirait que tu as un entretien demain.

      Traquée

      Trois coups violents résonnèrent dans l’une des ruelles de Londres. Lucious enfonça ses mains dans les poches. Un rapide coup d'œil par-dessus son épaule lui apprit que la rue était déserte. Il plissa du nez. La puanteur de viande pourrie venant d'une grande poubelle entrouverte à quelques mètres de là, raviva son odorat affiné.

      Lucious fixa la porte métallique. Il sortit sa main de la poche, prêt à frapper de nouveau lorsqu'il entendit le bruit des lourds verrous.

      Enfin, pensa-t-il en redressant sa posture.

      La porte s'entrouvrit.

      - Pourquoi t’es ici ?

      Lucious se renfrogna. La moitié du visage d’un petit vampire à la peau tannée apparut à l’entrebâillement de la porte.

      - C'est toi qui m’as demandé de venir, répondit-il en poussant la porte. Qu’est-ce qui se passe ?

      L'homme maigre recroquevillé l'étudia de ses yeux aussi sombres que la ruelle.

      - Tu sais très bien ce qui se passe ! dit Phil en le laissant entrer.

      Lucious entra dans la pièce terne aux murs gris et se laissa choir sur une chaise. Les semelles de ses bottes collaient au lino. À côté de son pied, il nota une tache de sang.

      - C’est toi l'informateur, dis-moi ce qui se passe.

      Une fois les cinq verrous refermés, Phil s’approcha de son bureau et s'assit dans son siège en cuir. Il s’entrelaça les doigts sur la pile de journaux et regarda Lucious comme s'il essayait de deviner ses pensées.

      Déterminé, Lucious lui rendit son regard. Il se moquait de l’âge de Phil ou de son influence. Ce qui lui importait, c'était les informations qu’il avait réunies.

      Phil passa une main tremblante sur sa tête chauve.

      - Tu ne sais pas que le Conseil te cherche, c’est ça ?

      S’il avait un cœur qui battait, il se serait arrêté.

      - Pourquoi moi ?

      - Je ne sais pas. Aucune explication ne m’a été donnée. Tout ce que je sais est qu’on est à ta recherche et qu’ils aimeraient te voir.

      Lucious se pinça le nez. Qu'est-ce que le Conseil tout-puissant pouvait bien lui vouloir ? Pour autant qu'il le sache, il avait respecté toutes les lois. Pourquoi donc cette convocation ?

      - T’as dit que t’avais trouvé une nouvelle piste, non ?

      - Tu as idiot, répondit Phil en hochant la tête, de ne pas t’enfuir dès que en entendant les mots « Conseil » et « à ta recherche » dans la même phrase. Mais je comprends que retrouver les meurtriers de ta Sire est plus important pour toi. Après tout, tu m'as aidé à nettoyer ma merde.

      Le vampire âgé fouilla dans une pile de papiers tachés de café sur son bureau. Il y avait tant de fouillis, de dossiers manille et tout un attirail d’objet qu’on ne voyait pas un seul centimètre de sa surface en bois.

      Se souvient-il au moins de la couleur d'origine de ses meubles ?

      Phil fit un sourire narquois et sortit une note de la pile. Il la tendit à Lucious, qui fouilla dans la poche de sa veste en cuir pour sortir un petit étui en velours.

      - J'espère qu'elle l’aimera, déclara Lucious.

      Phil accepta la boîte et la rangea dans le tiroir de son bureau.

      - J’en suis sûr.

      Lucious se leva et fourra le morceau de papier dans sa poche. Il espérait que ce serait la dernière fois qu’il chasserait les loups-garous responsables de la mort d’Anna.

      - Es-tu certain que ces informations sont correctes, cette fois-ci ?

      - Ça fait plus d'un siècle, Lucious. Personne n'a rien vu et nous avons épuisé toutes les sources.

      Il lui donna du dos lorsque Phil ajouta :

      - Fais attention aux loups-garous du Conseil. Ils arrivent toujours à leur but.

      Avec une inclination de la tête, Lucious sortit. Il n’avait pas beaucoup de temps.

      En écoutant le son de ses pas, il se dirigea vers le magasin de téléphone le plus proche. L'une des ampoules halogènes clignota, mais aucun humain à l'intérieur ne le remarqua.

      La fille au service clients ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Un sourire radieux orna ses lèvres à son entrée. Ses cheveux décolorés se balancèrent d'un côté à l'autre. Elle sentait la cigarette bon marché et un parfum suffoquant.

      - En quoi puis-je vous aider ?

      Sa voix aigüe lui disait qu’elle allait le soûler, une chose pour laquelle il n’avait pas le temps.

      - J’aimerais le téléphone le moins cher que vous avez.

      La vendeuse se mordit les lèvres. Après quelques secondes de réflexion, elle se rendit d’un pas rapide vers le mur décoré de téléphones portables. Elle lui désigna quatre modèles volumineux.

      - Ils coûtent entre dix et cinquante livres. Lequel aimeriez-vous ?

      Lucious voulait vraiment qu’elle se taise, il ne voulait pas se sentir poussé à l'emmener dehors pour mettre fin à sa voix de harpie. Il n’avait pas faim, il venait récemment de s’abreuver de sang, mais sa voix lui transperçait les tampons.

      Il sortit deux billets de cinquante livres de sa poche.

      - Je te l’ai déjà dit, gamine.

      Elle se renfrogna.

      - Pas besoin de te comporter comme un con, mon pote.

      Lucious scruta l'intérieur orange. Les clients étaient tous sortis et il était seul avec cette humaine effrontée. Il leva la tête pour attirer son attention. Son corps se détendit lorsque leurs regards se croisèrent. Être un mort-vivant avait ses avantages. Il avait la capacité de forcer les humains à obéir à ses ordres.

      Une lueur bleue jaillit de ses iris, intensifiant l'effet sur son emprise. Il a suffi d’une faible force pour que sa volonté de se battre soit brisée. Une fois qu'il était certain d’avoir le contrôle, il recula.

      - Donne-moi le moins cher, humaine. Tu peux garder la monnaie en crédit.

      Il lui tendit l'argent et elle se dépêcha d’exécuter ses ordres, impatiente de satisfaire ses désirs. Il sortit du magasin et copia le minimum de ses contacts sur son nouveau téléphone. Il sortit la batterie de son ancien appareil et la jeta dans la poubelle la plus proche. Les anciens pouvaient le traquer de plusieurs manières.

      Il composa le numéro de la seule personne en qui il pouvait faire confiance et son ami répondit après la première sonnerie.

      - Alexander, c’est moi.

      Il entendit un lourd soupir au bout de la ligne.

      - Où es-tu ?

      Il scruta les ruelles sombres.

      - Toujours à Londres. J'ai une nouvelle piste.

      - T'es fou ? Le Conseil te cherche et, toi, tu te promènes dans les rues comme si de rien n’était ?

      Lucious afficha un sourire narquois en apprenant que son ami était inquiet pour lui.

      - Ne t'inquiète pas. Si cette information est bonne, je pourrais enfin me détendre et Anna aura la paix.


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