Roulette Russe. May Freighter

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Roulette Russe - May Freighter


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bout de dix minutes, Alexander poussa un grand soupir.

      - Elle n'appartient à aucun cercle Wiccan de mes bases de données. Elle est… étudiante et presque normale.

      - Presque normale ?

      - On dirait que notre petite sorcière a bénéficié d’une thérapie lorsqu'elle était enfant, mais ses dossiers sont scellés. Je ne peux pas accéder aux informations. Veux-tu que j'envoie quelqu'un trouver plus d’informations sur elle ?

      Lucious se frotta le menton.

      - Pourquoi ne pas le lui demander en personne ? J'ai une idée.

      L’entretien

      Le bruit sourd de la porte d'entrée lui apprit qu'Andrew venait de quitter l'appartement. Depuis hier soir, elle n’avait pas osé le regarder dans les yeux. Après son cauchemar, elle avait eu froid. Elle avait juste eu besoin d’un peu de chaleur, rien d’autre.

      Mais se mentait-elle ?

      Helena rangea ses livres et ses affaires dans son sac. Elle sortit un pantalon noir et une chemise blanche de sa garde-robe. Elle détestait porter du blanc. Celui qui avait décidé que les mariées devaient s'habiller en blanc n'avait sûrement pas pensé à la facture du pressing et le discours sur la pureté de la mariée était une chose surestimée de nos jours.

      Elle s’attacha les cheveux en queue de cheval, saisit son sac à dos et descendit l’escalier.

      Laura s'affairait dans la cuisine. Elle s’était attachée les cheveux en chignon, maintenus par des petits bâtons chinois colorés.

      Helena laissa tomber son sac sur le canapé et se rendit à la bouilloire.

      Son amie lui lança une expression sévère en s’adossant au comptoir. Elle tenait une fraise dans une main et un couteau dans l'autre.

      - Pourquoi tu essayes d’éviter Andrew ?

      - Qu'est-ce que tu fais ?

      Laura retroussa ses lèvres en un sourire diabolique.

      - Tu essayes de changer de sujet ?

      Helena vérifia s’il y avait assez d’eau dans la bouilloire et appuya sur le bouton ‘marche’. Elle avait décidé de lui dire la vérité.

      - Nous… nous nous sommes enlacés hier soir.

      Laura poussa un cri. Helena roula des yeux et leva ses mains pour l’interrompre.

      - J’ai fait un cauchemar et il m'a réveillée, expliqua Helena. Nous nous sommes enlacés spontanément. Rien de spécial.

      - Continue à te comporter comme ça et tu finiras par devenir une vieille fille, sans personne à tes côtés.

      Helena tambourinait le comptoir de ses ongles. Pourquoi la bouilloire mettait autant de temps à bouillir ? Elle ne voulait pas parler de ses relations amoureuses si tôt le matin, pas quand elle devait interroger Michael sur son père. Depuis qu’ils étaient revenus du royaume des anges, elle n’avait pas pu le joindre. C'était comme s'il l'évitait exprès. C'est exactement ce que tu fais avec Andrew…

      - Comme tu ne vas pas me donner des détails, je vais devoir utiliser mon charme de pâtissière plus tard.

      Helena lui saisit le bras.

      - Tu n’as pas le droit de faire ça !

      - Bien sûr que j’ai le droit. Andrew sera aux anges.

      - La dernière fois que tu as cuisiné, nous avions dû suivre un régime pendant une semaine !

      - Je crois que c'est un marché équitable.

      Laura posa le couteau toujours en souriant.

      - Soit tu me racontes tout maintenant, soit tu prépares ta balance.

      Helena renifla. Toute cette situation était ridicule, mais c'était ce qu'elle aimait chez Laura. Elle était toujours prête à aider ou à remonter le moral aux gens, même si elle utilisait des moyens un peu trop indiscrets.

      - D'accord, tu as gagné.

      La bouilloire siffla et Helena se prépara un café en racontant à Laura une version éditée des événements de la nuit dernière, supprimant bien sûr les parties qui pourraient être interprétées comme débiles.

      Son amie l'écoutait attentivement en hochant la tête de temps en temps. Son anecdote terminée, Laura mangea le reste de ses céréales d'un air amusé.

      - Quoi ? demanda Helena.

      - Tu veux savoir ce que je pense ?

      - Est-ce que j'ai le choix ?

      Laura hocha la tête.

      - Quand tu rentreras ce soir, tu iras directement vers lui et tu lui donneras un baiser.

      Elle haussa un sourcil.

      - Un baiser ?

      - Exactement ! Laura passa son sac à rayures roses et jaunes par-dessus son épaule. C’est ce dont vous avez besoin tous les deux. Maintenant, je ferais mieux d'y aller ou je vais être en retard en cours.

      Helena jeta un coup d’œil à l'horloge. Il était presque neuf heures, il lui restait encore une heure.

      Son amie lui donna une tape rassurante sur le dos.

      - Souviens-toi, un beau et un long baiser. Si je reviens et que vous ne sortez pas ensemble, je cuisinerai pendant un mois.

      - Avertissement noté, répondit Helena.

      Laura sortit avec un léger saut dans sa démarche. Au moins une personne est contente.

      Elle finit son café tiède en prenant son temps. Elle se rendit au canapé sur lequel elle s'étira et ferma les yeux, en se concentrant sur ses boucliers. Plus elle pratiquait, plus vite elle sortirait de son état demi-conscient.

      À l'intérieur de ses barrières mentales, elle était sur le sol en damier. La bulle en acier familière l'entourait. Cette fois, elle était calme. Tout ce qui s'était frayé un chemin avait disparu et la confrontation lui apporta une autre question sans réponse.

      Elle appela Michael qui se matérialisa presque aussitôt devant elle. Son teint doré avait perdu un peu de sa couleur.

      - On doit parler, lui dit-elle.

      Michael resta immobile. Elle n'était pas sûre qu'il respirait.

      - Bien… commençons par ce qui s’est passé hier. Qu'est-ce que c'était ?

      - Ça ne te concerne pas.

      Contrariée, elle essaya de reformuler sa question. Elle savait qu’il détestait qu'on lui mette la pression pour avoir des réponses. S’il sentait qu’elle allait lui poser des questions sur sa vie d'ange, il disparaîtrait sans dire un mot.

      Elle se serra les mains et se retint de lui lancer des accusations inutiles. La créature d’hier soir avait essayé d’entrer à l'intérieur de ses boucliers mentaux. Bien sûr que cela la concernait !

      - Michael, dis-moi, s'il te plait.

      - Si t'as fini, j’ai d’autres choses à faire.

      Elle attrapa la manche crème de sa chemise, dont une grande partie était cachée par un gilet en cuir marron attaché par des boucles argentées sur sa poitrine. Le coton rugueux irrita sa peau, mais elle s'y accrocha tout de même.

      Il se renfrogna.

      - Tu ne peux pas partir. Et…

      Elle baissa les yeux en essayant de penser à ce qu'elle pourrait lui dire. La corde pâle, dont elle se souvenait du royaume du destin, lui sortait du ventre. D'un air absent, elle la caressa.

      - Et la corde ? Pourquoi est-elle toujours là ?

      Michael


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