Histoire de ma Vie, Livre 1 (Vol. 1 – 4). Жорж Санд

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Histoire de ma Vie, Livre 1 (Vol. 1 – 4) - Жорж Санд


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      «Mais Vénus et Bacchus n'en dirent pas un mot.

      «Tant d'esprit et d'agrémens était perdu auprès d'un homme tel que le roi de Suède. Il refusa constamment de la voir. Elle prit le parti de se trouver sur son chemin dans les fréquentes promenades qu'il faisait à cheval. Effectivement, elle le rencontra un jour dans un sentier fort étroit; elle descendit de carosse dès qu'elle l'aperçut: le roi la salua sans lui dire un seul mot, tourna la bride de son cheval et s'en retourna dans l'instant, de sorte que la comtesse de Kœnigsmark ne remporta de son voyage que la satisfaction de pouvoir croire que le roi de Suède ne redoutait qu'elle.

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      Son vrai nom était Marie Rinteau, et sa sœur s'appelait Geneviève. Le nom qu'elles prirent de demoiselles Verrières est un nom de guerre.

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      Extrait de la Collection de décisions nouvelles et de notions relatives à la jurisprudence actuelle, par Me J. — B. Denisart, procureur au châtelet de Paris, tome III, p. 704. — Paris, 1774.

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      Messire Antoine de Horn, chevalier de Saint-Louis, lieutenant pour le roi de la province de Schlestadt.

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      La Dauphine mourut en 1767. Ma grand'mère avait donc dix-neuf ans lorsqu'elle put aller vivre chez sa mère.

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      Il lui envoyait sa traduction des Douze Césars de Suétone.

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      Voici la lettre de ma grand'mère, et la réponse:

       A. M. de Voltaire, 24 août 1768.

      «C'est au chantre de Fontenoi que la fille du maréchal de Saxe s'adresse pour obtenir du pain. J'ai été reconnue; Mme la dauphine a pris soin de mon éducation après la mort de mon père. Cette princesse m'a retirée de St-Cyr pour me marier à M. de Horn, chevalier de St-Louis et capitaine au régiment de Royal-Bavière. Pour ma dot, elle a obtenu la lieutenance de roy de Schlestadt. Mon mari en arrivant dans cette place, au mi

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Cette première partie de l'ouvrage a été écrite en 1847.

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On eût dit sensibilité au siècle dernier, charité antérieurement, fraternité il y a cinquante ans.

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Voici le fait comme je l'ai trouvé dans les notes de ma grand'mère: «Francueil, mon mari, disait un jour à Jean-Jacques: Allons aux Français, voulez-vous? — Allons, dit Rousseau, cela nous fera toujours bailler une heure ou deux. C'est peut-être la seule repartie qu'il ait eue en sa vie; encore n'est-elle pas énormément spirituelle. C'est peut-être ce soir-là que Rousseau vola 3 livres 10 sols à mon mari. Il nous a toujours semblé qu'il y avait eu de l'affectation à se vanter de cette escroquerie; Francueil n'en a gardé aucun souvenir, et même il pensoit que Rousseau l'avoit inventée pour montrer les susceptibilités de sa conscience et pour empêcher qu'on ne crût aux fautes dont il ne se confesse pas. Et puis d'ailleurs quand cela seroit, bon Jean-Jacques! il vous faudroit aujourd'hui faire claquer votre fouet un peu plus fort pour nous faire seulement dresser les oreilles!

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Il paraît que cette prodigieuse histoire est la chose la plus ordinaire du monde, car, depuis que j'ai écrit ce volume, nous en avons vu d'autres exemples. Une couvée de rossignols de muraille, élevée par nous, et commençant à peine à savoir manger, nourrissait avec tendresse tous les petits oiseaux de son espèce que l'on plaçait dans la même cage.

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L'anecdote est assez curieuse: la voici racontée par Voltaire, Histoire de Charles XII: «Auguste aima mieux recevoir des lois dures de son vainqueur que de ses sujets. Il se détermina à demander la paix au roi de Suède, et voulut entamer avec lui un traité secret. Il fallait cacher cette démarche au sénat, qu'il regardait comme un ennemi encore plus intraitable. L'affaire était très délicate; il s'en reposa sur la comtesse de Kœnigsmark, Suédoise d'une grande naissance, à laquelle il était alors attaché. C'est elle dont le frère est connu par sa mort malheureuse, et dont le fils a commandé les armées en France avec tant de succès et de gloire. Cette femme, célèbre dans le monde par son esprit et par sa beauté, était plus capable qu'aucun ministre de faire réussir une négociation. De plus, comme elle avait du bien dans les Etats de Charles XII, et qu'elle avait été longtemps à sa cour, elle avait un prétexte plausible d'aller trouver ce prince. Elle vint donc au camp des Suédois en Lithuanie, et s'adressa d'abord au comte Piper, qui lui promit trop légèrement une audience de son maître. La comtesse, parmi les perfections qui la rendaient une des plus aimables personnes de l'Europe, avait le talent singulier de parler les langues de plusieurs pays qu'elle n'avait jamais vus, avec autant de délicatesse que si elle y était née. Elle s'amusait même quelquefois à faire des vers français qu'on eût pris pour être d'une personne née à Versailles. Elle en composa pour Charles XII, que l'histoire ne doit point omettre. Elle introduisait les dieux de la fable, qui tous louaient les différentes vertus de Charles. La pièce finissait ainsi:

«Enfin, chacun des dieux discourant à sa gloire «Le plaçait par avance au temple de Mémoire; «Mais Vénus et Bacchus n'en dirent pas un mot.

«Tant d'esprit et d'agrémens était perdu auprès d'un homme tel que le roi de Suède. Il refusa constamment de la voir. Elle prit le parti de se trouver sur son chemin dans les fréquentes promenades qu'il faisait à cheval. Effectivement, elle le rencontra un jour dans un sentier fort étroit; elle descendit de carosse dès qu'elle l'aperçut: le roi la salua sans lui dire un seul mot, tourna la bride de son cheval et s'en retourna dans l'instant, de sorte que la comtesse de Kœnigsmark ne remporta de son voyage que la satisfaction de pouvoir croire que le roi de Suède ne redoutait qu'elle.

6

Son vrai nom était Marie Rinteau, et sa sœur s'appelait Geneviève. Le nom qu'elles prirent de demoiselles Verrières est un nom de guerre.

7

Extrait de la Collection de décisions nouvelles et de notions relatives à la jurisprudence actuelle, par Me J. — B. Denisart, procureur au châtelet de Paris, tome III, p. 704. — Paris, 1774.

8

Messire Antoine de Horn, chevalier de Saint-Louis, lieutenant pour le roi de la province de Schlestadt.

9

La Dauphine mourut en 1767. Ma grand'mère avait donc dix-neuf ans lorsqu'elle put aller vivre chez sa mère.

10

Il lui envoyait sa traduction des Douze Césars de Suétone.

11

Voici la lettre de ma grand'mère, et la réponse:

A. M. de Voltaire, 24 août 1768.

«C'est au chantre de Fontenoi que la fille du maréchal de Saxe s'adresse pour obtenir du pain. J'ai été reconnue; Mme la dauphine a pris soin de mon éducation après la mort de mon père. Cette princesse m'a retirée de St-Cyr pour me marier à M. de Horn, chevalier de St-Louis et capitaine au régiment de Royal-Bavière. Pour ma dot, elle a obtenu la lieutenance de roy de Schlestadt. Mon mari en arrivant dans cette place, au milieu des fêtes qu'on nous y donnait, est mort subitement. Depuis, la mort m'a enlevé mes protecteurs, M. le dauphin et Mme la dauphine.


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