Le Piège Zéro. Джек Марс

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Le Piège Zéro - Джек Марс


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avec Sara. Elle avait dit que le temps guérit toutes choses mais, au lieu de ça, il avait remis le sujet sur le tapis et l’avait perturbée à nouveau. Et pour couronner le tout, l’intention de Maya de rejoindre les rangs de la CIA était bien la dernière chose qu’il aurait cru entendre.

      Bizarrement, il admirait sa capacité à canaliser le traumatisme qu’elle avait subi pour le transformer en une cause. Mais il ne pouvait tout bonnement pas accepter les moyens qu’elle avait choisi pour le faire. Il repensa à tout ce qu’il avait vécu et aux blessures qu’il avait subies. Aux choses qu’il avait dû faire et aux menaces qu’il avait dû stopper. Aux gens qui l’avaient aidé et à tous ceux qu’il avait laissé, blessés ou morts, le long du chemin.

      Reid réalisa soudain qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il l’avait amené à devenir membre de la CIA au départ. Ses propres motivations étaient depuis longtemps perdues, enterrées dans un recoin sombre de son esprit à cause du suppresseur de mémoire. Il était d’ailleurs possible qu’il ne se souvienne jamais pourquoi il était devenu l’agent de la CIA Kent Steele.

      Tu sais que c’est faux, se dit-il. Il y aurait bien un moyen de le savoir.

      *

      Le bureau de Reid se trouvait au deuxième étage de la maison, dans la plus petite des chambres qu’il avait équipée d’un bureau, d’étagères et d’une impressionnante collection de livres. Il aurait dû préparer ses cours pour lundi sur la réforme Protestante et la Guerre de Trente Ans. En tant que professeur auxiliaire d’histoire de l’Europe à l’Université de Georgetown, Reid exerçait à peine à mi-temps, mais il avait besoin d’aller enseigner en classe. Cela représentait un retour à la normalité, celui-là même qu’il souhaitait pour ses filles. Mais cette tâche attendrait.

      Au lieu de s’y mettre, Reid posa avec respect un disque noir sur le socle d’un vieux phonographe dans l’angle, puis abaissa l’aiguille Il ferma les yeux pendant que le Concerto pour Piano N°21 de Mozart commençait, lent et mélodieux, comme le dégel du printemps après le long froid d’hiver. Il sourit. La machine avait plus de soixante-quinze ans, mais elle marchait toujours parfaitement bien. C’était un cadeau que Kate lui avait fait pour leur cinquième anniversaire de mariage, ayant trouvé ce phonographe délabré dans un vide grenier pour la modique somme de six dollars. Ensuite, elle avait dépensé plus de deux-cents dollars pour le faire restaurer et qu’il retrouve son ancienne gloire.

      Kate. Son sourire se transforma en grimace.

      Tu es dans le site secret du Maroc surnommé Enfer Six. Tu interroges un terroriste notoire.

      Il y a un appel pour toi. C’est le Directeur Adjoint Cartwright. Ton patron.

      Il ne prend pas de pincettes. Votre femme, Kate, a été tuée.

      C’était arrivé alors qu’elle sortait du boulot et se dirigeait vers sa voiture. On avait administré à Kate une puissante dose de tétrodotoxine, également connue en tant que TTX, un puissant poison causant une paralysie soudaine du diaphragme. Elle avait suffoqué dans la rue et était morte en moins d’une minute.

      Au cours des semaines ayant suivi leur retour d’Europe de l’Est, Reid avait plusieurs fois revisité sa mémoire… ou plutôt sa mémoire lui avait rendu visite, se frayant un chemin à coup de mal de crâne quand il s’y attendait le moins. Tout lui rappelait Kate, des meubles de leur salon à l’odeur qui, étrangement, restait sur son oreiller. De la couleur des yeux de Sara au menton anguleux de Maya, elle était partout… ainsi que la vérité qu’il cachait à ses filles.

      Il avait tenté plusieurs fois de se souvenir d’autres d’éléments, mais il n’état pas sûr d’en savoir plus en définitive. Après le meurtre de sa femme, Kent Steele s’était livré à un sanglant carnage en Europe et au Moyen Orient, tuant des dizaines de personnes associées à l’organisation terroriste Amon. Puis, était venu le suppresseur de mémoire et les deux années consécutives d’ignorance totale étonnement salvatrices.

      Reid se dirigea vers son placard, dans le coin opposé de la pièce. Dedans, se trouvait un petit sac noir que les agents de la C IA appelaient le sac anti-insectes. Il y avait à l’intérieur tout ce dont un agent de terrain pouvait avoir besoin pour se mettre à l’ombre durant un laps de temps indéterminé, si la situation l’exigeait. Ce sac-là avait appartenu à son meilleur ami à présent décédé, l’Agent Alan Reidigger. Reid avait peu de souvenirs de cet homme, mais assez pour savoir que Reidigger l’avait aidé quand il en avait eu besoin et l’avait payé de sa propre vie.

      Le plus important était la lettre qui se trouvait dans le sac. Il la sortit et la déplia soigneusement, usée qu’elle était par le temps, pour la relire.

      Salut Zéro, commençait prophétiquement la lettre. Si tu lis ceci, c’est que je suis probablement mort.

      Il sauta quelques paragraphes, afin de poursuivre sa lecture plus loin.

      La CIA voulait te récupérer, mais tu n’as rien voulu savoir. Ce n’était pas seulement à cause de ta croisade. Il y avait autre chose, quelque chose que tu étais près de découvrir… trop près. Je ne peux pas te dire ce dont il s’agit, car je ne le sais pas moi-même. Tu ne me l’aurais jamais dit, ce qui signifie que c’est vraiment du lourd.

      Reid pensait savoir à quoi Reidigger faisait référence : la conspiration. Un bref flash de mémoire, qui lui était revenu tandis qu’il traquait l’Imam Khalil et le virus de la variole, lui avait indiqué qu’il était au courant de quelque chose avant que le suppresseur ne soit implanté dans sa tête.

      Il ferma les yeux et rappela à lui ce souvenir :

      Le site secret de la CIA au Maroc. Désignation E-6, alias Enfer Six. Un interrogatoire. Tu arraches les ongles d’un arabe pour obtenir des renseignements sur l’emplacement d’un fabricant de bombes.

      Entre les cris, les gémissements et sa persistance à dire qu’il ne sait pas, quelque chose d’autre émerge… Une guerre imminente. Quelque chose d’énorme se prépare. Une conspiration, fomentée par le gouvernement des États-Unis.

      Tu ne le crois pas. Pas au début. Mais tu ne peux pas juste laisser tomber.

      Il savait quelque chose à l’époque. Comme un puzzle qu’il avait commencé à assembler. C’est alors qu’Amon avait débarqué, que le meurtre de Kate était arrivé. Il avait été distrait et, alors qu’il avait juré de s’y remettre, il n’en avait jamais eu l’occasion.

      Il lut le reste de la lettre d’Alan :

      Peu importe ce dont il s’agit, c’est toujours là, enfermé quelque part dans ton cerveau. Si jamais tu as besoin de le découvrir, il existe un moyen. Le neurochirurgien qui a installé l’implant s’appelle Dr. Guyer. Son cabinet se trouve à Zurich. Il peut ramener tous tes souvenirs, si c’est ça que tu veux. Il peut aussi les supprimer de nouveau, si tu préfères. C’est à toi de choisir. Bonne chance, Zéro. —Alan

      Reid ne pouvait se souvenir du nombre de fois où il s’était assis devant son ordinateur ou devant son téléphone, essayant de forcer ses doigts à taper le nom du Dr. Guyer dans la barre de recherche. Son désir de retrouver la mémoire, ou plutôt sa nécessité devenait plus intense à chaque semaine qui s’écoulait, jusqu’au point où il lui semblait à présent urgent de savoir quel était son degré de connaissance à l’époque. Il fallait qu’il soit en mesure de se souvenir de son propre passé.

      Mais je ne peux pas laisser les filles. Depuis l’incident, il était hors de question de repartir directement pour la Suisse. Il serait complètement flippé pour leur sécurité, même avec les implants de suivi. Même si l’Agent Strickland les surveillait. De plus, que penseraient-elles ? Maya ne croirait jamais que c’était pour une opération médicale. Elle penserait qu’il avait repris son boulot sur le terrain.

      Alors, emmène-les. La pensée était entrée si facilement dans sa tête qu’il aurait presque pu rire de ne pas y avoir pensé avant. Mais,


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