Le Piège Zéro. Джек Марс

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Le Piège Zéro - Джек Марс


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      Reid fronça les sourcils. Georgetown était son premier choix d’université depuis qu’ils avaient emménagé en Virginie. “Où alors ? L’Université de New York ?”

      Elle secoua la tête. “Non. Je veux aller à West Point.”

      “West Point,” répéta-t-il bêtement, totalement abasourdi par sa phrase. “Tu veux aller dans une école militaire ?”

      “Oui,” dit-elle. “Je veux devenir agent de la CIA.”

      CHAPITRE QUATRE

      Reid hésitait quant à la façon de réagir. Il était sûr d’avoir bien entendu, mais la combinaison des mots dans sa bouche n’avait aucun sens pour lui.

      Elle me teste, pensa-t-il. Elle s’attendait à une dispute, mais j’ai résisté. C’était juste une folie de jeunesse. Il ne pouvait en être autrement.

      “Tu… veux être agent de la CIA,” prononça-il lentement.

      “Oui,” dit Maya. “Plus précisément, je veux aller à l’Université du Renseignement National à Bethesda. Mais, pour cela, je dois d’abord être membre des forces armées. Si je vais à West Point au lieu de m’enrôler, je serai diplômée en tant que sous-lieutenant et éligible pour l’URN. Une fois là-bas, je pourrai passer un master en intelligence stratégique et, à ce moment-là, j’aurai plus de vingt-et-un ans, donc je pourrai postuler pour le programme d’entraînement d’agent de terrain.”

      Reid sentit ses jambes se dérober. Non seulement elle était apparemment très sérieuse mais, en plus, elle avait déjà fait des recherches poussées pour établir son meilleur plan d’action et d’études.

      Mais il était absolument hors de question qu’il laisse sa fille choisir une telle voie.

      “Non,” dit-il simplement. Tous les autres mots semblaient lui manquer. “Non. Hors de question. Ça n’arrivera pas.”

      Maya fronça les sourcils. “Je te demande pardon ?” dit-elle vivement.

      Reid prit une profonde inspiration. Elle était têtue, alors il allait devoir la jouer plus fine que ça. Mais sa réponse était un “non” sans équivoque et catégorique. Pas après tout ce qu’il avait vu et tout ce qu’il avait fait.

      “Il ne s’est pas écoulé beaucoup de temps depuis… l’incident,” dit-il. “C’est encore frais dans ta tête. Avant de prendre une décision comme celle-ci, tu dois prendre en compte tous les aspects. Finir tes cours. Obtenir ton diplôme de fin de lycée. Postuler à des universités. Et nous pourrons parler de tout ça à nouveau ensuite.” Il essaya de faire un sourire le plus agréable possible.

      Mais pas Maya. “Tu ne vas pas me dicter ma vie comme ça,” dit-elle rageusement.

      “En fait, si,” répliqua Reid. Il commençait passablement à être irrité. “Tu es encore mineure.”

      “Pas pour longtemps,” rétorqua-t-elle. “Laisse-moi te dire ce qui va se passer. Je ne vais pas retourner suivre ces cours à Georgetown. En fait, je ne retournerai pas en cours avant septembre. Je vais rater mon semestre de printemps et je devrai recommencer ces cours. J’aurai dix-sept ans le mois prochain, ce qui veut dire que, le temps que je sois diplômée, j’aurai dix-huit ans. Et ensuite, tu n’auras plus à me dire où je peux aller, ni ce que je peux faire ou pas.” Elle croisa les bras pour appuyer ses dires.

      Reid se gratta le bout du nez. “Tu ne peux pas manquer trois mois d’école ainsi. Et qu’en est-il de toutes ces sessions d’études que tu fais ? Tout ce temps serait gâché.”

      Je ne vais pas aux sessions d’étude,” admit-elle.

      Il leva vivement les yeux vers elle. “Donc, tu m’as menti ? Après tout ce que tu m’as dit à propos du mensonge ?” Il soupira de déception. “Alors où allais-tu ?”

      “Une fois que tu m’as déposée, je vais au centre de loisirs,” lui expliqua-t-elle sans émotion. “Il y a des cours d’auto-défense plusieurs fois par semaine. Ils sont assurés par un ancien Marine. J’ai également lu pas mal de trucs sur les tactiques d’espionnage et de contre-espionnage.”

      Il secoua la tête. “Je n’en crois pas mes oreilles. Je croyais qu’il ne devait plus y avoir de secrets entre nous.” Au moment même où il disait ça, un souvenir douloureux pénétra dans son esprit : le meurtre de Kate, la vérité à propos de leur mère. Il ne la leur avait toujours pas dite, malgré le fait qu’il s’était promis de cesser de mentir et de dissimuler des choses. Ça le rongeait de ne pas le leur dire, mais il lui avait semblait, juste après l’incident, qu’il était encore trop tôt pour leur révéler quelque chose d’aussi horrible. À présent que quatre semaines s’étaient écoulées, il avait peur que ce soit trop tard et qu’elles soient en colère contre lui de leur avoir caché ça si longtemps.

      “Je savais que tu réagirais ainsi,” dit Maya. “C’est pour ça que je ne t’ai pas dit la vérité. Mais je te la dis maintenant. C’est ce que je veux faire et c’est ce que je vais faire.”

      “Quand tu avais sept ans, tu voulais être danseuse de ballet,” lui dit Reid. “Tu t’en souviens ? Quand tu avais dix ans, tu voulais devenir vétérinaire. À treize ans, tu voulais être avocate, car nous avions regardé un film sur le procès d’un meurtre…”

      “Ne sois pas condescendant avec moi !” Maya se leva d’un bond, se mettant debout face à lui en pointant un doigt d’avertissement devant son visage, les yeux étincelants de colère.

      Reid s’enfonça dans son siège, choqué par son accès de violence. Il n’était même pas en colère contre elle, tellement il était surpris par la force de sa réaction.

      “Ce n’est pas un rêve de conte de fées pour petite fille,” dit-elle rapidement à voix basse. “C’est ce que je veux. Je le sais maintenant. Tout comme je sais ce qui empêche Sara de dormir la nuit. Elle fait des cauchemars à cause de cette expérience et de ce qu’elle a vécu. Ce à quoi elle a survécu. Mais ce n’est pas ce qui me traumatise. Ce qui me tient éveillée est de savoir que ça continue de se produire, quelque part, en ce moment même. Ce que j’ai vu et ce que j’ai subi est la vie de quelqu’un. Pendant que je suis dans mon lit chaud, que je mange une pizza ou que je vais en cours, il y a des femmes et des enfants qui vivent comme ça chaque jour de leur vie… jusqu’à leur mort.”

      Maya posa un pied sur la chaise et remonta le bas de son pantalon de pyjama jusqu’au genou. Là, sur son mollet, se trouvaient les fines cicatrices rougeâtres qui épelaient trois mots : ROUGE. 23. POLO. C’était le message qu’elle avait gravé sur sa propre jambe quelques instants avant que la drogue des trafiquants ne fasse effet sur elle, le message qui avait fourni un indice sur l’endroit où Sara avait été emmenée.

      “Tu peux penser que c’est une passade, si tu veux,” lâcha Maya. “Mais ces cicatrices ne partiront pas. Je les aurai pour le restant de mes jours et, chaque fois que je les verrai, je me souviendrai que ce j’ai vécu arrive encore à d’autres. Tout ce que j’ai fait, c’est de comprendre que si je veux que ça s’arrête, la meilleure chose à faire est de faire partie des gens qui essaient d’empêcher ça.” Elle baissa son pantalon de pyjama.

      Reid eut la gorge sèche. Il ne pouvait pas contredire l’argument de sa fille, mais il ne pouvait pas l’approuver non plus. Une chose que Maria lui avait dit une fois lui revint en tête : Tu ne peux pas sauver tout le monde. Mais il pouvait empêcher sa fille de vivre le type de vie dans lequel il avait été replongé. “Je suis désolé,” finit-il par dire. “Mais peu importe à quel point tes intentions sont nobles, je ne peux pas te soutenir dans cette démarche. Et je ne le ferai pas.”

      “Je n’ai pas besoin de ton soutien,” déclara Maya. “Je me suis juste dit qu’il fallait que tu sache la vérité.” Elle quitta en trombes la


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