Son Partenaire Particulier. Grace Goodwin

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Son Partenaire Particulier - Grace Goodwin


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peux que serrer les poings.

      « Et si… et si la compatibilité ne fonctionne pas ? »

      Elle serre les lèvres.

      « Il n’y pas de retour en arrière possible. Selon le Protocole 6.2.7a, nous ne pouvons pas vous forcer à rester avec une personne incompatible. Vous avez trente jours pour décider si le premier candidat est acceptable. Si, à l’issue des trente jours, vous n’êtes pas satisfaite de votre partenaire, on vous assignera un autre partenaire de ce monde. Vous avez trente jours pour accepter ou refuser chaque candidat, jusqu’à ce que vous trouviez votre partenaire.

      – Et si… s’ils ne veulent pas de moi ? »

      J’ai souvent été rejetée par les hommes. En quoi un homme venant d’une autre planète serait différent ?

      « Le succès du programme de compatibilité dépasse les quatre-vingt-dix-neuf pour cent. Vous avez réussi les tests et nous avons confirmé votre placement. Vous ferez l’affaire, je n’ai aucun doute là-dessus. Selon la planète, ces partenaires ont besoin de femmes pour perpétuer leur espèce, leur culture, leur mode de vie. Les femelles sont précieuses, Mademoiselle Day. C’est la raison pour laquelle le traité interplanétaire a été instauré. En revanche, si votre partenaire ne vous trouve pas … à son goût, vous serez accouplée à un autre mâle du même monde. Rappelez-vous bien, vous êtes liée au monde en premier, le partenaire vient en second.

      – Mon partenaire sait que je suis inculpée de meurtre ?

      – Bien entendu. Le traité nécessite que tout soit porté à sa connaissance.

      – Et ils sont assez désespérés pour accepter des coupables ? »

      Personne n’a jamais voulu de moi en tant que petite amie, encore moins en tant qu’épouse. Qui voudrait de moi alors que je suis inculpée de meurtre ?

      « Ils ne craignent pas que je les tue pendant leur sommeil ? »

      Je ne ferai jamais un truc pareil mais ils ne peuvent pas le savoir. Serai-je punie dans leur monde pour un crime censément commis ici, sur Terre ?

      La femme pince ses lèvres. « Je vous garantis, Mademoiselle Day, que vous comprendrez lorsque vous aurez rencontré les partenaires de ces planètes. Soyez assurée qu’être tuée par une femme telle que vous est le cadet de leurs soucis. »

      Je me regarde dans cette tenue gris uni de prisonnier. Je ne suis pas une misérable. J’ai … des formes. Le stress des semaines écoulées, le procès à venir etc. n’ont pas eu d’incidence sur mon poids. Je ne me suis pas regardée dans un miroir ni maquillée depuis, j’imagine à quoi je dois ressembler. Si je rencontre mon partenaire avec la tête que j’ai à l’heure actuelle, il me refusera avant même de me saluer.

      La femme regarde sa tablette. « Vous avez encore des questions ? Je dois encore m’occuper d’une autre femme aujourd’hui. »

      Je n’ai pas vraiment le choix. Je hoche la tête. « Je … Je suis prête, » je déglutis.

      Prononcer les mots qui changeront le cours de ma vie s’avère plus difficile que prévu.

      « Je suis prête à partir sur une autre planète et j’accepte de m’y installer au vu du résultat des tests. »

      La femme hoche la tête avec détermination. « Très bien. »

      Elle appuie sur un bouton et mon fauteuil s’incline comme chez le dentiste.

      « Pour information, Mademoiselle Day, vous avez choisi d’effectuer votre peine au sein du Programme des Épouses Interstellaires. Un partenaire vous a été attribué selon les tests du protocole, vous serez transportée sur une autre planète, vous ne retournerez jamais sur Terre. Vous confirmez ? »

      Sainte Mère de Dieu, qu’ai-je fait ? J’aimerais pouvoir revenir en arrière mais je pars pour de vrai. « Oui. »

      « Excellent. » Elle jette un œil sur sa tablette.

      « L’ordinateur vous envoie sur Trion. »

      Trion ? Je fouille dans mes souvenirs sur ce monde-là. Rien. Ça ne m’évoque rien. Oh, mon Dieu.

      C’est peut-être le monde dont j’ai rêvé. Les tapis. L’huile d’amande douce. L’énorme bite …

      « Ce monde nécessite une préparation physique spécifique pour leurs femelles. Par conséquent, votre corps doit être préparé avant d’entamer le transport. »

      Mon corps va être … quoi ?

      La Gardienne Egara appuie sur le côté de mon fauteuil, à ma grande surprise, il glisse comme sur des rails vers un espace apparaissant dans le mur. La petite pièce est éclairée par une série de lampes bleu clair. Le fauteuil finit par s’arrêter et un bras robotisé équipé d’une longue aiguille se dirige sans bruit vers mon cou. Je me contracte lorsqu’elle transperce ma peau, je ressens un léger picotement au niveau de la zone de l’injection. Une sensation de léthargie et de bien-être envahit mon corps, je suis immergée dans un bain rempli d’un liquide chaud et bleu. C’est doux, je suis tout engourdie…

      « Essayez de vous relaxer, Mademoiselle Day. »

      Elle touche de son doigt l’écran dans sa main et sa voix me parvient de très très loin.

      « Le processus débutera dans trois… deux… un… »

      2

      « Le transfert concerne le corps, elle dort. »

      J’entends la voix mais je ne bouge pas. Je me sens bien, je n’ai pas envie de me réveiller.

      « Oui, elle est dans cet état depuis quatre heures. » La voix est plus grave, plus autoritaire, clairement agacée par mon état. « Goran, ma partenaire a peut-être été endommagée durant le transport. »

      Endommagée ?

      « Il n’y a apparemment aucun dégât. » Une voix différente. « Elle est minuscule et a peut-être besoin de plus de temps pour récupérer. »

      Minuscule ? Je ne me considère pas comme minuscule. Petite à la rigueur mais minuscule ? C’est marrant. Mon corps refuse de m’obéir et m’empêche de voir qui se permet de me voir autrement que comme une femme aux formes harmonieuses et à la forte personnalité. C’est comme si je m’éveillais d’une longue sieste et savourais le moment. Je me sens au chaud et en sécurité, pas sur le point de… oh !

      J’ouvre enfin les yeux, les murs gris de l’unité de recrutement dans lequel j’ai passé les derniers jours ont disparu. La structure semble plus basique, le plafond et les murs sont en tissu tendu. Je ne vois pas grand-chose, trois hommes me regardent d’un air menaçant. J’écarquille les yeux devant leur stature. Ils sont extrêmement grands et… grands. Je n’ai jamais vu d’hommes aussi grands. C’est leur taille normale ?

      Tout est foncé chez eux. Leurs cheveux, leurs yeux, leurs vêtements et leur peau bronzée. Ils me font penser à des méditerranéens ... Mais le centre de recrutement ne m’a pas envoyé en Europe ou au Moyen-Orient mais sur une autre planète. Trion ? C’est ça ? À quelle distance suis-je de chez moi ? La gardienne Egara ne m’a pas dit à quelle distance se trouvait cette planète avant de faire glisser son doigt sur l’écran et me transporter. Tout s’est passé très rapidement, comme lorsqu’on s’endort lors d’une anesthésie et qu’on se réveille totalement inconscient, sans savoir ce qui s’est passé entre temps.

      Je suis allongée sur le côté, non plus sur ce fauteuil inconfortable dans la pièce de recrutement mais sur un lit étroit. Mes poignets et mes chevilles ne sont plus entravés, je repousse une mèche de cheveux derrière l’oreille à l’aide de ma main droite.


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