Programme des Épouses Interstellaires Coffret. Grace Goodwin

Читать онлайн книгу.

Programme des Épouses Interstellaires Coffret - Grace Goodwin


Скачать книгу
dit long sur son passé.

      Je veux vivre. J’en ai marre qu’on me traite comme de la porcelaine précieuse. J’ai joué le jeu pendant vingt-quatre ans, voilà où ça m’a menée. J’ai été élevée dans une prestigieuse école privée, mes parents me voyaient deux fois par an grand maximum et mon fiancé accro au sexe préfère se payer des putes plutôt que de coucher avec moi.

      Ok, il ne m’a jamais excitée comme dans ce rêve mais il n’a rien fait pour tenter sa chance.

      Je devais toujours attendre une plombe avant qu’il se décide à m’amener dîner au resto. Il était du genre à me sauter à la va-vite et à se barrer après. J’ai pris mon mal en patience pendant dix-huit mois pour essayer de faire plaisir à mes parents. Non, mais franchement ? C’est quoi mon problème ?

      Et pour couronner le tout, ma meilleure partie de jambes en l’air s’avère être un simple rêve. A moins que j’accepte le deal, le rêve deviendrait dans ce cas réalité.

      « Mademoiselle Montgomery, vous m’entendez ?

      —Oh, pardon. » Je cligne des yeux à plusieurs reprises et m’ôte Curtis Howard Hornsby III de l’esprit. Milliardaire, enfant gâté, aucune envergure, couilles molles, méprisant. « Oui. Je vous écoute, Gardienne. Excusez-moi.

      — Je comprends. Prenez le temps de vous remettre. Le protocole de recrutement peut s’avérer intense. »

      Je rougis. « J’ai pas crié trop fort ? »

      Elle sourit et détourne le regard. « Non, pas trop fort, » je ne la crois pas. J’ai joui si fort dans mon rêve que tout le centre de recrutement m’a forcément entendue.

      « Ouais. Désolée mais c’était … mon dieu. » Les mots me manquent.

      « Oui, je comprends. » La gardienne se prénomme Egara. Je m’en souviens. C’est son prénom ? Son nom de famille ? C’est bizarre ce prénom pour une femme, l’autre jour, les autres recrues du centre racontaient que la Gardienne Egara était mariée non pas à un mais deux guerriers d’une planète nommée Prillon Prime. Ils sont morts tous les deux. Elle est veuve à double titre.

      C’est triste. Trop triste.

      La Gardienne Egara regarde la tablette dont elle ne se sépare jamais et hoche vivement la tête. « Excellent. Vous êtes compatibles à quatre-vingt-dix-neuf pour cent.

      — Pour de vrai ? » Oui, cette voix pathétique est bien la mienne. Ma mère me reprocherait cet étalage superflu de sentiments. Qu’ils aillent tous se faire foutre, elle, mon banquier de père le milliardaire et leur décision d’avoir un enfant pour coller au sacro-saint modèle parental. J’ai été élevée par des gouvernantes et des nounous dans un internat. J’ai appris à rester de marbre et à garder mon flegme dès l’âge de trois ans, sans être pour autant un sujet britannique.

      L’avis de ma mère n’a plus aucune importance. Je dois m’en souvenir. Je fous le camp de cette stupide planète. Je vais vivre ma vie avec un homme, un extraterrestre, mon partenaire, peu importe, compatible à quatre-vingt-dix-neuf pour cent. Je me fiche de son nom tant qu’il est prévenant. Pour la première fois de ma vie, j’ai envie qu’on pense à moi.

      Cette donnée pourtant simple n’est pas l’apanage de mon ex fiancé ou de mes parents. Merde alors, ils se désintéressent tous tellement de leur fille unique qu’ils ne s’apercevront certainement de ma disparition qu’à Noël, soit dans quatre mois.

      « Oui, Natalie. Vous partez sur Trion. » La gardienne me regarde avec bonté, je me détends quelque peu sur le fauteuil d’examen. Je me croirais presque chez le dentiste. Je suis pas là pour un plombage mais pour trouver un mec. Un partenaire. Une vie.

      « Ok. » Je connais pas cette planète et d’ailleurs, je m’en fiche. Ce sera toujours mieux que de rester sur Terre ; quand mes parents et Curtis se préoccupent de moi, c’est dans le seul but de me surveiller et de me dicter ma conduite, ce que je porte, qui je fréquente.

      J’ai souvent voulu faire la maline et la jouer rebelle mais ça n’a jamais marché. On me changeait alors d’internat ou on me forçait à rentrer au bercail. L’année dernière, j’ai fait une croisière en Alaska, un larbin agissant pour le compte de Montgomery est venu me récupérer à Juneau. La croisière était d’enfer, mais j’ai pas eu le droit d’en profiter.

      Le seul moyen de m’en sortir est de ficher le camp de cette planète, d’aller là où ils ne viendront pas me chercher. Une bague de fiançailles avec un diamant gros comme le Ritz scintille à mon annulaire gauche. Je lève les yeux, la Gardienne Egara était en train de me contempler. « Vous arrivez à l’enlever ? »

      Impossible avec les poignets attachés. Je vais pas partir dans l’espace à la rencontre de mon partenaire extraterrestre sur Trion avec la bague de fiançailles de Curtis. Elle est énorme, splendide mais j’en veux pas. Je veux mon astronaute. « Vous pourriez m’aider ? J’y arrive pas. »

      Elle hoche la tête, se place à côté de moi, pose la tablette près de mon genou et retire doucement la bague. Ça y est, j’éprouve un sentiment de liberté infinie. Je vais vraiment sauter le pas, quitter tout et tout le monde ?

      Je me dégourdis les doigts et soupire ... « Merci. »

      Elle me tend la bague et arque un sourcil. « Que voulez-vous que j’en fasse ?

      — Je m’en fiche. Vendez-la. Gardez l’argent. Donnez-la. Jetez-la. Faites-en ce que vous voulez.

      — D’accord. » Elle glisse la bague dans sa poche. Je crains qu’elle ne la jette pour de vrai. « Elle coûte au moins trente mille dollars. Pas un sou de moins. »

      Elle hoche la tête et reprend sa tablette. Elle n’a pas l’air impressionnée par la bague, je l’apprécie d‘autant plus. Comme moi, elle est plus attirée par l’amour que par le matériel. Cette bague n’a aucune signification puisque je ne compte pas aux yeux de Curtis. Je me réinstalle dans le fauteuil.

      « À des fins statistiques, Mademoiselle Montgomery, êtes-vous où avez-vous déjà été mariée ?

      — Non. » On m’a déjà posé ces questions, mais cette fois, c’est la dernière fois. Maintenant, j’ai un partenaire. Mon alter ego. Un mec censé être compatible avec mon profil psychologique. Ce questionnaire revêt encore plus d’importance, sachant que mon mec m’attend.

      « Vous avez des enfants ?

      — Mon dieu, non. » Jusqu’à aujourd’hui, j’en voulais pas. J’ai pas eu envie d’avoir des enfants avec Curtis, mon enfance ne m’a pas donné envie d’en avoir. Si je veux un bébé, il faudra que je prenne des cours pour être une bonne mère. Il faudra que je fasse tout ce que ma mère n’a jamais fait, comme apprendre les comptines et savoir jouer à plein de jeux. Les bases. Le b-a.ba.

      Ils ont un alphabet sur Trion ? J’ai trop hâte d’y être. Je suis sûre qu’ils ont des chansons spéciales pour les enfants. Je vais les apprendre, je les chanterai à mon bébé. Avant même sa naissance. Ils peuvent entendre, non ? Je leur chanterai les deux versions, en anglais et en Trion.

      Ouh la. Je veux un bébé. C’est une première. Ils m’ont administré un truc pour booster mes ovaires pendant le test ou quoi ?

      « Natalie ? »

      Je cligne des yeux et regarde la gardienne Egara. « Oui.

      — Je sais que c’est difficile mais essayez de vous concentrer. C’est bientôt terminé. Vous acceptez les résultats du protocole de recrutement ?

      — Oui. » Oh, putain oui, gara les accepte. Je rigole. C’est plus fort que moi. Je suis euphorique, j’ai chaud, je bouillonne. Je suis … heureuse. Enfin, un truc qui m’excite, que j’ai fait toute seule comme une grande. « Désolée, je suis toute excitée. »

      La gardienne


Скачать книгу