Oliver Twist. Dickens Charles

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Oliver Twist - Dickens Charles


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et moins profonds que par le passé; mais il faut bien gagner quelque chose, monsieur Bumble; le bois sec coûte fort cher, monsieur, et les attaches de fer viennent de Birmingham par le canal.

      – Bah! dit M. Bumble, chaque métier a ses avantages et ses inconvénients, et un beau profit est bien aussi quelque chose.

      – Sans doute, répondit l'entrepreneur; si je ne gagne rien sur chaque article en particulier, je me rattrape sur l'ensemble, voyez-vous. Eh! eh! eh!

      – Justement, dit-il, Bumble.

      – Il faut pourtant dire, continua M. Sowerberry en reprenant le fil de son discours que le bedeau avait interrompu; il faut pourtant dire, monsieur Bumble, que j'ai contre moi un grand désavantage: c'est que les gens robustes s'en vont les premiers. Je veux dire que les gens qui ont vécu à leur aise, qui ont payé leurs contributions pendant longtemps, sont les premiers à succomber quand ils entrent au dépôt; et, voyez-vous, monsieur Bumble, trois ou quatre pouces de plus qu'on n'avait calculé font une grande brèche dans les profits, surtout quand on a une famille à soutenir, monsieur.»

      Comme Sowerberry disait cela du ton indigné d'un homme qui a lieu de se plaindre, et que M. Bumble sentait que cela pourrait amener quelques réflexions défavorables aux intérêts de la paroisse, ce dernier crut prudent de parler d'autre chose; et Olivier Twist lui fournit un sujet de conversation.

      «Vous ne connaîtriez pas par hasard, dit M. Bumble, quelqu'un qui aurait besoin d'un apprenti? C'est un enfant de la paroisse qui est en ce moment une grosse charge, une meule de moulin, pour ainsi dire, pendue au cou de la paroisse! Offres avantageuses, monsieur Sowerberry, offres avantageuses.»

      Et en parlant M. Bumble dirigeait sa canne vers l'affiche en question et frappait trois petits coups sur les mots: cinq livres sterling, qui étaient imprimés en majuscules de la plus grande dimension.

      – Ma foi! dit l'entrepreneur en prenant M. Bumble par le pan à garniture dorée de son habit; voici précisément ce dont je voulais vous parler. Vous savez… Quel joli bouton vous avez là, mon cher monsieur Bumble! je ne l'avais jamais remarqué.

      – Oui, il est assez bien, dit le bedeau en regardant avec orgueil les gros boutons de cuivre qui ornaient son habit; le sujet est le même que celui du sceau paroissial: le bon Samaritain pansant le voyageur blessé. Le conseil me l'a donné pour mes étrennes, monsieur Sowerberry. La première fois que je l'ai mis, c'était pour assister à l'enquête relative à ce marchand sans ressources, qui mourut la nuit sous une porte cochère.

      – Je m'en souviens, dit l'entrepreneur; le jury déclara qu'il était mort de froid et de faim, n'est-ce pas?»

      «Et le verdict ajoutait, je crois, d'une manière spéciale, dit l'entrepreneur, que si l'officier de secours…

      – Bast! sottise que cela! dit le bedeau avec humeur; si le Conseil faisait attention à toutes les niaiseries que débitent ces ignorants de jurés, il aurait fort à faire.

      – C'est bien vrai, dit l'entrepreneur.

      – Les jurés, dit M. Bumble en serrant fortement sa canne, ce qui était chez lui signe de colère, les jurés sont des êtres sans éducation, des êtres vils et rampants.

      – C'est encore vrai, dit l'entrepreneur.

      – Ils n'ont pas plus de philosophie et d'économie politique à eux tous que ça, dit le bedeau en faisant claquer ses doigts avec dédain.

      – Non, sans doute, reprit Sowerberry.

      – Je les méprise, dit le bedeau, dont la figure se colorait de plus en plus.

      – Et moi aussi, répondit l'entrepreneur.

      – Et je voudrais seulement tenir ces jurés, si indépendants, au dépôt pendant une semaine ou deux; les règlements de l'administration leur rabattraient bien vite leur caquet.

      – Enfin, laissons-les pour ce qu'ils sont,» reprit l'entrepreneur; et en même temps il souriait d'un air approbateur, pour calmer la colère croissante du bedeau courroucé.

      M. Bumble ôta son tricorne, en tira un mouchoir, essuya la sueur que la colère faisait ruisseler sur son front, remit son tricorne; puis, se tournant vers l'entrepreneur, il dit d'un ton plus calme:

      «Eh bien! et cet enfant?

      – Oh! vous savez, monsieur Bumble, répondit le fabricant de cercueils; je paye une forte taxe pour les pauvres.

      – Hem! fit M. Bumble; eh bien?

      – Eh bien! reprit M. Sowerberry, je songeais que, si je paye beaucoup pour les pauvres, j'ai le droit de les exploiter aussi de mon mieux, monsieur Bumble; ainsi… ainsi je crois que cet enfant fera mon affaire.»

      M. Bumble saisit le bras de l'entrepreneur et le fit entrer au dépôt. M. Sowerberry resta en conférence avec les administrateurs pendant cinq minutes, et il fut convenu qu'Olivier entrerait chez lui le soir venu à l'essai, c'est-à-dire que si, au bout de quelque temps, il trouvait que l'enfant lui rapportait plus par son travail qu'il ne lui coûtait pour sa nourriture, il le prendrait pour un nombre d'années déterminé, avec le droit de l'employer à sa fantaisie.

      Le petit Olivier fut amené le soir devant les administrateurs et informé qu'il allait entrer immédiatement en qualité d'apprenti chez un fabricant de cercueils, et que, s'il se plaignait de sa position, s'il retombait encore à la charge de la paroisse, on l'embarquerait pour être noyé ou assommé. Il ne manifesta aucune émotion. Ces messieurs déclarèrent tous que c'était un petit garnement sans coeur, et ordonnèrent à M. Bumble de l'emmener sur le champ.

      Quoiqu'il soit naturel de penser que les administrateurs plus que qui que ce soit au monde, devaient éprouver un légitime sentiment d'horreur à la moindre marque d'insensibilité, ils se trompaient cependant complètement dans la circonstance actuelle. Le fait est qu'Olivier, loin de manquer de sensibilité, en avait au contraire une trop forte dose et n'était en train d'arriver à un état de stupidité et d'abrutissement pour le reste de sa vie, que par suite des mauvais traitements qu'il avait endurés. Il apprit sa nouvelle destination sans dire un mot; mit sous son bras son petit bagage, qui n'était pas lourd à porter, car il tenait dans un morceau de papier d'un demi-pied carré sur trois pouces d'épaisseur, enfonça sa casquette sur ses yeux, et s'accrochant encore une fois au parement de M. Bumble, il fut conduit par ce fonctionnaire à un nouveau lieu de souffrances.

      Pendant quelque temps M. Bumble traîna ainsi Olivier après lui sans faire attention à l'enfant: car le bedeau marchait la tête haute, comme il sied à un bedeau. Il faisait du vent; le petit Olivier était complètement caché par les basques de l'habit, qui en s'entr'ouvrant laissaient voir avec avantage le gilet à revers et la culotte courte du bedeau. Au moment d'arriver, M. Bumble jugea convenable de jeter un coup d'oeil sur l'enfant pour voir s'il était présentable, et il le fit de l'air capable et entendu qui convient à un protecteur bienveillant.

      «Olivier! dit M. Bumble.

      – Oui, monsieur, répondit l'enfant d'une voix faible et tremblante.

      – Ne mettez pas votre casquette sur vos yeux et levez la tête, monsieur.»

      Olivier obéit tout de suite, en passant bien vite la main sur ses yeux; mais une larme y roulait encore quand il regarda son guide, et elle coula sur ses joues tandis que M. Bumble le considérait d'un oeil sévère; cette larme fut suivie d'une autre, et d'une autre encore. L'enfant eut beau vouloir prendre sur lui, ses efforts furent vains; il lâcha la manche du bedeau, mit ses deux mains sur sa figure, et un torrent de larmes coula à travers ses doigts décharnés.

      «Bien! s'écria M. Bumble s'arrêtant court, et lançant à son petit protégé un regard plein de méchanceté. C'est bien; de tous les enfants les plus ingrats, les plus vicieux que j'aie jamais vus, vous êtes…

      – Non, non, monsieur, s'écria Olivier en sanglotant et en se cramponnant à la main qui tenait la fameuse canne; non, non, monsieur; je veux être bon; oui, je serai bien sage, monsieur! je suis si jeune, monsieur, et je suis si… si…

      – Si quoi? demanda M. Bumble étonné.

      – Si


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