Robinson Crusoe. I. Defoe Daniel

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Robinson Crusoe. I - Defoe Daniel


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je n'eus jamais faute de ce qu'il pouvait m'aller quérir, ni de la compagnie qu'il pouvait me faire; seulement j'aurais désiré qu'il me parlât, mais c'était chose impossible. J'ai dit que j'avais trouvé des plumes, de l'encre et du papier; je les ménageai extrêmement, et je ferai voir que tant que mon encre dura je tins un compte exact de toutes choses; mais, quand elle fut usée cela me devint impraticable, car je ne pus parvenir à en faire d'autre par aucun des moyens que j'imaginai.

      Cela me fait souvenir que, nonobstant tout ce que j'avais amassé, il me manquait quantité de choses. De ce nombre était premièrement l'encre, ensuite une bêche, une pioche et une pelle pour fouir et transporter la terre; enfin des aiguilles, des épingles et du fil. Quant à de la toile, j'appris bientôt à m'en passer sans beaucoup de peine.

      Ce manque d'outils faisait que dans touts mes travaux je n'avançais que lentement, et il s'écoula près d'une année avant que j'eusse entièrement achevé ma petite palissade ou parqué mon habitation. Ses palis ou pieux étaient si pesants, que c'était tout ce que je pouvais faire de les soulever. Il me fallait long-temps pour les couper et les façonner dans les bois, et bien plus long-temps encore pour les amener jusqu'à ma demeure. Je passais quelquefois deux jours à tailler et à transporter un seul de ces poteaux, et un troisième jour à l'enfoncer en terre. Pour ce dernier travail je me servais au commencement d'une lourde pièce de bois mais, plus tard, je m'avisai d'employer une barre de fer, ce qui n'empêcha pas, toutefois, que le pilotage de ces palis ou de ces pieux ne fût une rude et longue besogne.

      Mais quel besoin aurais-je eu de m'inquiéter de la lenteur de n'importe quel travail; je sentais tout le temps que j'avais devant moi, et que cet ouvrage une fois achevé je n'aurais aucune autre occupation, au moins que je pusse prévoir, si ce n'est de rôder dans l'île pour chercher ma nourriture, ce que je faisais plus ou moins chaque jour.

      Je commençai dès lors à examiner sérieusement ma position et les circonstances où j'étais réduit. Je dressai, par écrit, un état de mes affaires, non pas tant pour les laisser à ceux qui viendraient après moi, car il n'y avait pas apparence que je dusse avoir beaucoup d'héritiers, que pour délivrer mon esprit des pensées qui l'assiégeaient et l'accablaient chaque jour. Comme ma raison commençait alors à me rendre maître de mon abattement, j'essayais à me consoler moi-même du mieux que je pouvais, en balançant mes biens et mes maux, afin que je pusse bien me convaincre que mon sort n'était pas le pire; et, comme débiteur et créancier, j'établis, ainsi qu'il suit, un compte très-fidèle de mes jouissances en regard des misères que je souffrais:

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      1

      L'explication de Petrus Borel n'est pas convaincante. Les recherches menées par le correcteur, notamment dans les différentes éditions des dictionnaires de l'Académie Française, ne lui ont pas permis de trouver un seul exemple de l'emploi de touts à la place de tous; il est probable que le traducteur fait une confusion entre le nom masculin, qui s'écrit effectivement touts au pluriel, et l'adjectif. (Note du correcteur – ELG.)

      2

      Malgré notre respect pour le texte original, nous avons cru devoir nous permettre, ici, de faire le récit direct. P. B.

      3

      Ce passage a été détestablement défiguré dans toutes les éditions passées et actuelles; nous le citons pour donner une idée parfaite de leur valeur négative. – Il y a dans l'original anglais cette excellente phrase. —But you're but a fresh-water sailor, Bob; come let us make a bowl of punch, and we'll forget all that. —Vous n'êtes qu'un marin d'eau douce, Bob; venez, que nous fassions un bowl de punch, et que nous oubliions tout cela. Voici ce qu'elle est devenue en passant par la plume de nos traducteurs: —Vous n'êtes encore qu'un novice; mettons-nous, à faire du punch, et que les plaisirs de Bacchus nous fassent entièrement oublier la mauvaise humeur de Neptune. – Daniel de Foë était un homme de goût et de bon sens: cette phrase est une calomnie. P. B.

      4

      Il est probable qu'il y a une erreur dans l'édition de Gallica qui a servi de support à notre travail; il faut probablement lire GUINÉE. (Note du correcteur – ELG.)

      5

      Calenture: Espèce de délire auquel sont sujets les navigateurs qui vont dans la zone torride.

      6

      On appelle Moriscos, en espagnol, les Maures qui embrassèrent le Christianisme, lorsque l'Espagne fut reconquise, et qui depuis en ont été chassés. P. B.

      7

      Shoulder of mutton sail.– Voile aurique.

      8

      Straits mouth.– Détroit de Gibraltar.

      9

      L'édition originale anglaise de Stockdale porte Seignor inglese, ce qui n'est pas plus espagnol que portugais.

      10

      Engenho de açucar, moulin à sucre.

      11

      Saint-Hyacinthe a confondu such as beads avec such as beds, et a traduit pour des bagatelles, telles que des lits… P.B.

      12

      Agent désigné par l'armateur pour régir la comptabilité du navire. (Note du correcteur – ELG.)

      13

      Mauvaise heure, heure défavorable. (Note du correcteur – ELG.)

      14

      Quincailleries. (Note du correcteur – ELG.)

      15

      Ici, Saint-Hyacinthe, confondant encore bead avec bed, a traduit tels que des matelas.

      16

      For sudden joys, like griefs, confound at first.

      17

      Espar: Longue pièce de bois (ou de métal ou de matière synthétique) utilisée comme mât, bôme, vergue, etc. Autres orthographe historiques: esparre, espare. (Note du correcteur – ELG.)

      18

      Saint-Hyacinthe a commis deux erreurs religieusement conservées dans toutes les éditions et répétées par touts ses plagiaires; il a traduit a chiquered shirt par une chemise déchirée, et a pair of trowsers, haut-de-chausses à la matelote,


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