Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин

Читать онлайн книгу.

Jane Austen: Oeuvres Majeures - Джейн Остин


Скачать книгу
l’amoureux d’Elinor.

      — Emma, dit Maria en colère, vous savez fort bien que tout cela est une invention de votre part, et que cette personne n’est rien sans doute, puisqu’elle n’existe pas.

      — Ah mon Dieu ! s’écria Emma, il est donc mort dernièrement, car je sais fort bien qu’il existait, et que les premières lettres de son nom étaient un E et une F.

      Elinor s’était un peu éloignée sous quelque prétexte, mais elle entendait tout et elle était au supplice. Pour la première fois lady Middleton lui parut très-aimable en observant qu’il pleuvait beaucoup, et ramenant l’attention de chacun sur le temps et les nuages. C’était moins pour obliger Elinor que pour faire cesser un entretien qui l’ennuyait ; mais le colonel Brandon saisit cette idée, parla de la pluie avec milady, puis de la gentillesse de la petite Sélina, puis de la bonté du thé, puis de l’élégance du service, et l’amour d’Elinor fut oublié. Mais il ne lui fut pas facile de se remettre de son trouble, et jamais elle n’avait mieux senti combien ce nom l’intéressait.

      Dans le cours de la soirée sir Georges proposa une partie de campagne pour le lendemain ; il s’agissait d’aller voir une très-belle terre à douze mille de Barton, appartenant à un beau-frère du colonel Brandon. Il était absent, et il avait laissé les ordres les plus stricts pour que personne n’entrât chez lui que ceux que le colonel amènerait. Sir Georges vantait excessivement toutes les beautés de cette maison et des jardins, et sans doute il pouvait en parler, car depuis dix ans, il y conduisait au moins deux fois, chaque été les hôtes qu’il avait chez lui. Il y avait entr’autres une immense pièce d’eau et une grande chaloupe qui devait former un des plus grands amusemens de la journée. On y porterait des viandes froides, des vins ; on irait en calèche ouverte, en phaéton, en caricle, et chaque chose fut arrangée pour en faire une vraie partie de plaisir.

      Quelques personnes de la compagnie pensaient différemment ; la saison était trop avancée, et le temps trop humide pour aller chercher le plaisir aussi loin ; il avait plu tous les jours pendant la quinzaine ; madame Dashwood était déjà très-enrhumée, et à la prière instante d’Elinor, elle consentit à n’en pas être et à rester chez elle.

      CHAPITRE XIII.

       Table des matières

      La partie projetée tourna très différemment de ce qu’on avait imaginé ; les uns y voyaient un plaisir parfait, quelques-uns de l’ennui, d’autres de la fatigue. Il n’y eut rien de tout cela ; elle manqua au moment où on s’y attendait le moins.

      À dix heures toute la société était au Parc, où on devait déjeûner amplement avant le départ. Sir Georges ne se possédait pas de joie. Il avait plu toute la nuit, mais le temps s’était éclairci sur le matin, les nuages se dispersaient à l’horizon, et le soleil paraissait. Nous aurons un temps de Dieu, disait-il, et vous verrez Whitwell dans toute sa gloire. Tout le monde était en train et de bonne humeur ; on était décidé à s’amuser quoiqu’il arrivât, et l’on se montait en gaîté.

      Pendant le déjeûner on apporta les lettres. Il y en avait une pour le colonel Brandon ; il la prit, regarda l’adresse, pâlit et quitta immédiatement la chambre.

      — Qu’est-ce qui arrive à Brandon, dit sir Georges !

      Personne ne répondit.

      — J’espère qu’il n’a pas reçu de mauvaises nouvelles, dit lady Middleton ; mais il faut que ce soit quelque chose de bien extraordinaire pour laisser ma table de déjeûner si brusquement.

      Dans moins de cinq minutes il rentra.

      — Point de mauvaises nouvelles j’espère, lui dit madame Jennings, au moment où il ouvrit la porte.

      — Non, madame, aucune ; je vous remercie de votre intérêt.

      — Très-vif en vérité. Est-ce d’Avignon ! j’espère que votre sœur n’est pas plus malade !

      — Non, madame, ma lettre est de Londres, et c’est simplement une lettre d’affaires.

      — Mais comment se fait-il que la seule écriture vous ait autant troublé ? Venez, venez à côté de moi, cher colonel, racontez-moi ce que c’est ; quelque chose d’intéressant pour vous, j’en suis sûre.

      — Ma chère maman, dit lady Middleton, laissez de grâce le colonel achever son déjeûner. Voilà votre tasse, colonel. Il la prit et la but rapidement sans s’asseoir.

      — Peut-être est-ce pour vous dire que votre cousine Fanny se marie ? est-ce cela, dit madame Jennings ?

      — Non, madame pas du tout.

      — Eh bien donc ! je sais ce que c’est, et qui vous écrit, colonel ; j’espère qu’elle se porte bien.

      — Qui ? madame, dit le colonel en rougissant un peu.

      — Oh vous savez très-bien de qui je veux parler.

      Le colonel impatienté ne répondit pas ; il s’adressa à lady Middleton. — Je suis très-fâché, milady, lui dit-il, d’avoir reçu cette lettre ce matin ; elle m’oblige à partir de suite pour Londres.

      — Pour Londres ! s’écria madame Jennings : quelle folie, et que peut-on avoir à faire à Londres dans cette saison.

      — C’est moi qui perd le plus, dit-il, en étant forcé de quitter une société aussi agréable ; mais ce qui me chagrine surtout, c’est que je crains de faire manquer la partie de ce matin, et que ma présence ne soit absolument nécessaire pour être admis à Withwell.

      Tout le monde fut consterné.

      — Mais si vous écriviez un billet à la concierge, M. Brandon, dit vivement Maria, ne serait-ce pas suffisant ?

      — Je crains que non mademoiselle.

      — Il faut absolument que vous veniez avec nous, s’écria sir Georges ; il n’y a point d’affaire plus importante au monde que de ne pas déranger une partie sur le point de commencer. Renvoyez votre départ pour la ville à demain, Brandon ; voilà tout.

      — Je voudrais que cela me fût possible, dit-il avec fermeté ; mais je ne puis retarder mon départ d’un jour.

      — Si vous vouliez seulement nous dire de quoi il est question, dit madame Jennings, et nous conter votre affaire, nous déciderions si elle est si pressée ou si vous pouvez rester.

      — Vous ne perdrez que cinq ou six heures, dit Willoughby, si vous vouliez seulement différer jusqu’à notre retour.

      — Je ne puis pas perdre seulement une heure, répondit le colonel.

      Elinor entendit Willoughby qui disait à voix basse à Maria : – Il est de ces gens maussades qui ne peuvent supporter une partie de plaisir ; il avait peur de s’enrhumer ou d’être mouillé, j’en suis sûr, et il a inventé cela pour faire manquer celle-ci. Je voudrais parier cinquante guinées que cette lettre est de sa main.

      — Je n’en doute pas, dit Maria.

      — Il n’y a pas moyen de vous persuader, dit sir Georges, quand une fois vous avez mis quelque chose dans votre tête ; je sais cela depuis long-temps : voyez cependant combien vous nous contrariez.

      Le colonel répéta encore tout son chagrin d’en être la cause, mais déclara que son départ était inévitable.

      — Eh bien donc ! quand vous reverra-t-on ?

      — Bientôt j’espère, ajouta lady Middleton, et nous remettrons la partie de Withwell à votre retour ; j’aurai le temps de tout mieux arranger.

      — Vous êtes très obligeante, madame, mais mon retour est si incertain, que je n’ose prendre aucun engagement.

      — Je vous déclare,


Скачать книгу