Tu Es À Moi. Victory Storm

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Tu Es À Moi - Victory Storm


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totalement résorbée. Vu les circonstances, l’hospitalisationne peut être inférieure à deux semaines.”

      “Je ne veux pas rester ici !”, dis-je, me mêlant de laconversation, serrant contre moi cette main que je ne voulais plusquitter.

      “Tu parles également russe… Comment se fait-il que la chose neme surprenne pas ?”, siffla nerveusement l’homme, et il m’adressaun regard si tranchant que j’en eus le souffle coupé.

      Tirant d’un coup sec, il dégagea sa main de mon étreinte.

      “Non…”, soufflai-je faiblement, comme s’il n’y avait plusd’air dans mes poumons.

      “Gardez-la aussi longtemps que vous voulez, mais je veux quecette mascarade finisse”, gronda l’homme et, se levant de mon lit,il se dirigea vers la porte. “Quant à toi, Kendra, tu as jusqu’àdemain pour… recouvrer la mémoire. Il y a belle lurette que larécréation est terminée.”

      “Aleksej”, murmurai-je, angoissée à nouveau. Mais il s’en alla,me laissant livrée à moi-même et à ces médecins qui m’auscultèrentimmédiatement et me noyèrent de questions.

      Je m’effrayai parce que, au fil des questions qu’ils meposaient, la conscience d’avoir un gros trou noir dans le cerveause faisait jour.

      La question qui me tourmentait était mon identité : qui suis-je?

      Aleksej était la dernière chose dont j’avais conservé unsouvenir.

      Il était l’unique point d’appui pour m’éviter de retomber dansl’angoisse.

      Je me demandai qui j’étais et je me rappelai qu’il m’avaitappelée Kendra, mais ce nom ne me disait rien.

      Je demandai plusieurs fois des nouvelles d’Aleksej auxinfirmières, mais elles donnaient l’impression de ne pasm’écouter.

      Je sentis la panique monter en moi mais, avant que je puisseréagir et courir vers la seule personne dont je me souvenais, lemédecin me fit une injection et je m’endormis peu après.

      3

KENDRA

      “Kendra, es-tu prête à te concentrer de nouveau pour visualisertes souvenirs ?”, me demanda gentiment la psychologue à laquelles’était adressé le neurologue, faisant suite à deux jours de soinspour juguler mes accès de panique et les crises de nerf qui mefrappaient depuis que je m’étais rendue compte d’avoir perdu lamémoire.

      Malheureusement, malgré la psychologue, mon état ne s’amélioraitguère.

      À chaque fois que je fermais les yeux, je revivais la même scène: moi, en train de tomber dans les escaliers tandis que j’essayaisde saisir la main d’Aleksej.

      La doctoresse m’avait expliqué qu’il ne s’agissait pas d’unehallucination mais d’un retour sur ce qui m’était arrivé, lescirconstances qui m’avaient conduites à l’hôpital, grièvementblessée, avec en particulier une fracture de la boîte crânienne,une cheville déboîtée, une fissure du ménisque, une lésion au brasdroit, un bleu au visage et une vilaine blessure à la poitrine dontj’ignorais encore la cause.

      Pour les médecins j’étais une miraculée car, suite à cettechute, j’aurais pu y passer ou bien rester paralysée pour lerestant de mes jours.

      Au cours des deux derniers jours, j’avais subi tout un tasd’examens et, finalement, l’hémorragie cérébrale avait disparu, àla satisfaction générale.

      Aleksej, toutefois, n’avait pas reparu et, plus le tempspassait, plus j’étais agitée.

      J’avais demandé de ses nouvelles à plusieurs reprises, siquelqu’un connaissait le motif de sa colère à mon encontre ; maistous avaient éludé mes questions avec un certain embarras.

      “Kendra ?”, me rappela la psychologue, me ramenant à laréalité.

      “Je vous l’ai déjà dit et répété. Je ne me souviens de rien. Jene sais ni mon nom, ni où j’habite, ni comment j’ai fait pouraboutir ici ; et même si cet homme s’appelle Aleksej, en réalité jene me rappelle rien de lui. Tout ce que je sais de lui est qu’il meconnaît et semble vraiment fâché contre moi… Que lui ai-je fait ?Pourquoi me connaît-il ?”

      “Revenons à toi.”

      “Je n’en peux plus de toutes ces questions auxquelles je suisincapable de répondre”, éclatai-je en sentant une migraine mesaisir, comme à chaque fois où je me troublais ou m’efforçais de mesouvenir.

      “J’essaie simplement de t’aider.”

      “Eh bien, si vous voulez m’aider, appelez Aleksej. Je suis sûrequ’il sera en mesure de répondre à vos questions et jepourrai…”

      “Tu pourras ?”

      Je marmonnai : “Rien”, l’air embarrassée. Je ne voulais pas luiavouer combien je me sentais seule avec mes peurs et mesquestionnements, dans ce lit d’hôpital, seulement entouréed’étrangers.

      Bien qu’il me fît peur, Aleksej était le seul souvenir qui merestait. La dernière chose qui me raccrochait à cette miette deraison sans laquelle je sombrerais dans la folie.

      “Monsieur Vasilyev n’est pas disponible pour le moment.”

      “Êtes-vous en train de parler d’Aleksej ?” Ce nom ne me disaitrien.

      “Oui.”

      Harassée, je m’écriai : “Je vous en prie, j’ai besoin de lui. Jene sais pas ce que j’ai fait de si grave pour qu’il me haïsse tant,si seulement je parvenais à me rappeler…”, et j’éclatai ensanglots.

      “Kendra.”

      “Je voudrais seulement lui parler et obtenir des réponses”,dis-je en sanglotant, pendant que mon esprit revenait au derniersouvenir qui me restait, me faisant désirer de rejoindre Aleksejpour me sentir en sécurité.

***ALEKSEJ

      Lorsque le nom du neurologue de la clinique apparut sur l’écrande mon portable, je fus saisi à l’instant d’un voiled’irritation.

      “J’espère que vous m’apportez des bonnes nouvelles”, débutai-jesans préambule.

      “Ce ne sont pas celles que vous attendiez, mais…”

      Je coupai court, irrité : “Alors ça ne m’intéresse pas.”

      “Monsieur Vasilyev, je vous en prie, croyez-moi si je vous disqu’il y a une probabilité réelle que la patiente souffre d’amnésierétrograde à cause du grave traumatisme crânien qui l’affecte. Ilne s’agit toutefois que d’une lacune mnémonique, exclusivement liéeaux souvenirs, et non aux gestes ou aux comportements. Le langagen’a également subi aucun dommage et la dame passe du russe àl’anglais sans la moindre difficulté. Sans compter que sa mémoirede court terme, ou post-traumatique, est intacte.”

      “Je m’en fiche ! Je veux savoir ce qu’elle a fait au cours deshuit derniers mois”, m’emportai-je en tapant du poing sur latable.

      “Il y des chances que la mémoire lui revienne”, bredouilla lemédecin, visiblement mal à l’aise.

      “Je n’en crois rien. Vous êtes l’un des meilleurs neurologuessur place mais vous êtes stupide au point de n’avoir pas encorecompris que cette histoire d’amnésie n’est qu’une comédie.”

      Le médecin me répondit sèchement : “Il existe encore pleind’inconnues dans mon domaine de compétence. Mais je peux vousassurer qu’il y a eu une lésion et qu’elle est encore là. À votreplace, je suggérerais que vous rendiez visite à cette femme.”

      “Si elle ne s’est pas déjà échappée, bien entendu.”

      “S’échapper ? Vous n’y pensez pas ! Sa chambre est soussurveillance constante, comme vous nous l’avez demandé. En outre,l’état de santé de la patiente est trop précaire pour qu’elle soiten mesure de se déplacer seule


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