Le Leurre Zéro. Джек Марс

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Le Leurre Zéro - Джек Марс


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je t’apporte… Dostoïevski ?

      – “Les carnets du sous-sol”.

      – Waouh. Euh… OK. D’accord. Je le ferai. Je te le promets. Maria se leva. Je reviendrai dans quelques jours et je t’apporterai le livre.

      – Merci, Maria. » C’était la première fois que la jeune fille s’adressait à elle par son prénom. C’était agréable à entendre et en même temps étrange.

      « Mischa ? Tu avais tort à propos d’une chose. Tu as une amie. »

      Maria repartit par le couloir, ses bottes claquant et résonnant sur le sol. Elle ne se retourna pas, mais elle entendit le cliquetis révélateur de la trappe qui s’ouvrait, là où se trouvait le croissant, et sourit.

      Elle ne savait pas comment elle allait s’y prendre pour convaincre qui que ce soit de libérer Mischa, ou même qu’on lui autorise un peu plus d’intimité, mais elle allait se débattre comme un  diable pour y arriver. La jeune fille avait laissé entrevoir qu’elle n’était pas entièrement endoctrinée, qu’elle n’était qu’une simple enfant après tout, qui voulait avoir des amis, faire du sport et avoir une famille.

      Maria s’assurerait qu’elle puisse avoir tout cela. Elle ne reviendrait pas sur les promesses qu’elle lui avait faites si précipitamment, et dorénavant elle n’avait pas d’autre choix que de les tenir.

      CHAPITRE CINQ

      Zéro arborait des lunettes de soleil, une calotte noire et avait relevé bien haut le col de sa veste lorsqu’il poussa la porte du bureau au Third Street Garage à Alexandria, en Virginie. Son accoutrement était probablement exagéré mais, depuis qu’il avait réussi à retrouver Bixby, il essayait de se faire le plus discret possible lorsqu’il recherchait des informations. L’Agence avait déjà, par le passé, surveillé ses moindres faits et gestes alors qu’il ne s’y attendait pas ; il était tout à fait possible que ce soit le cas actuellement.

      La petite pièce était vide, excepté un bureau en acier où trônait un vieil ordinateur et deux chaises pour les visiteurs. Il entendit le son étouffé de la musique en provenance du garage et il s’y dirigea. Lorsqu’il ouvrit la seconde porte, ses tympans furent agressés par les hurlements de « Bad Moon Rising » par CCR qui s’échappaient d’une chaîne stéréo semblant dater de l’année à laquelle la chanson avait été composée.

      Il appuya sur le bouton stop – serait-ce une cassette audio ? – mais Alan continua de beugler les prochaines mesures d’une voix totalement fausse, allongé sous une Buick Skylark de 1972, couleur cerise.

      « C’est le meilleur passage du morceau », bougonna-t-il en faisant rouler son chariot grinçant pour s’extirper de dessous la Buick. « Donne-moi un coup de main, veux-tu ? »

      Zéro attrapa l’épaisse main d’Alan et poussa un grognement en aidant l’imposant gabarit à se relever. Alan grogna aussi, mais Zéro savait qu’il jouait la comédie. Il était large d’épaules et avait de l’embonpoint mais sous son ventre rebondi se cachaient de solides muscles compacts qu’il devait à sa carrière d’agent opérationnel de la CIA. Son épaisse barbe, à présent parsemée de gris, et sa casquette de camionneur dissimulaient ses traits et entretenaient l’illusion d’avoir affaire à un simple mécanicien. Cependant, Alan Reidigger était beaucoup, beaucoup plus que ça, en plus d’être le meilleur ami de Zéro d’aussi loin qu’il s’en souvienne.

      « Tu es un peu en avance, remarqua Alan.

      – Est-ce que tu insinues que ce n’est pas prêt ? demanda Zéro, en désignant la voiture.

      – Oh mais c’est prêt ! Je pensais juste avoir un peu de temps pour exercer mes talents de chanteur. Vas-y, monte. » Zéro se glissa sur le siège passager tandis qu’Alan prit place derrière le volant. Il tourna la clé de contact et on entendit le moteur reprendre vie sous le capot en poussant des rugissements sonores.

      Alan était beaucoup de choses et, notamment, quelque peu paranoïaque. Il était convaincu que son garage avait été mis sur écoute par la CIA malgré les nombres incalculables de fois où il l’avait passé au peigne fin. Zéro ne savait pas à qui appartenait la Buick mais, derrière ses vitres teintées et le grondement de son moteur, ils étaient à l’abri des caméras et des micros.

      « Alors, qu’as-tu trouvé ? demanda Zéro.

      – Moi ? Rien. Alan sortit de sa poche en flanelle un mouchoir déjà taché et y essuya ses mains graisseuses. Mais, le père Noël t’a peut-être laissé un petit quelque chose dans la boîte à gants. »

      Zéro l’ouvrit et en sortit l’épais classeur qui s’y trouvait. Celui-ci devait renfermer, au bas mot, cent cinquante pages. « Mon Dieu, Alan, tu as piraté la base de données de la CIA ?

      – Bien sûr que non, s’indigna Reidigger. J’ai payé quelqu’un pour le faire. Les commissures de ses lèvres cachées derrière sa barbe touffue se relevèrent en un sourire. Tu as entre les mains toutes les informations détaillées et localisations actuelles des personnes portant le nom ou prénom Connor ayant été en contact avec la CIA ces six dernières années.

      – Impressionnant. » Zéro feuilleta rapidement le classeur en jetant un coup d’œil à des douzaines de visages, des photos d’identité, vraisemblablement, avec, sous chacune d’elles, un paragraphe contenant de nombreuses informations personnelles. « J’attends le “mais”.

      – Mais, dit Alan, j’ai déjà tout consulté et…

      – Et aucune mention n’est faite du suppresseur de mémoire ». Zéro secoua la tête. « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit le cas. Je suis plutôt à la recherche de quelqu’un qui aurait disparu sans laisser de traces, ou dont le dossier présente des incohérences avec la personne qu’il était ou la description de son travail.

      – Peut-être que si tu m’avais laissé finir… bougonna Alan. J’ai déjà cherché tout ça aussi. Écoute Zéro, je suis vraiment bon lorsqu’il s’agit de faire disparaître des personnes qui souhaitent disparaître et, presque tout ce que je sais, je l’ai appris à la CIA. Donc, soit ton gars est mort, soit il n’est pas dans ce classeur et, dans ce cas-là, il y a de grandes chances qu’il n’existe nulle part. Ni sur papier, ni sur ordinateur.

      – Il doit bien être quelque part, murmura Zéro. Il suffirait d’un infime détail, une toute petite chose qu’ils auraient oublié de faire disparaître. Un compte bancaire secret, un abonnement à un club de gym ou une garantie qui aurait expiré…

      – Et comment veux-tu que l’on s’y prenne pour trouver cette information ?

      – Je ne sais pas. Il ouvrit le classeur au hasard et commença à lire une des pages. Je veux dire, comment peut-on être sûr que ce ne soit pas ce gars-là, par exemple ? C’était un agent prétendument tué au cours d’une opération au Liban. Ça pourrait être un mensonge.

      – Possible, admit Alan, mais cela signifierait qu’il est mort et ce n’est pas non plus ce que tu veux.

      – Non, en effet. Réfléchis, Zéro. Tu es forcément passé à côté de quelque chose. On peut au moins supposer qu’il s’agissait d’un agent. Nous sommes quand même les plus faciles à faire disparaître. Ils auraient très bien pu prétendre qu’il avait été envoyé quelque part et n’était jamais revenu…

      – Tu spécules, là, le prévint Alan et, si quelqu’un nous observe, ça va commencer à paraître bizarre.

      – Oui », murmura-t-il. Leur petite réunion dans la voiture ne pouvait pas durer trop longtemps au cas où des yeux indiscrets les observeraient réellement. « Tu as raison. »

      Alan se pencha pour couper le moteur, mais Zéro ne bougeait toujours pas.

      Qu’est-ce que qui m’échappe ?

      Les mots qu’avait prononcés Bixby la semaine précédente,


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