Expérience, force et espoir. Anonyme

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Expérience, force et espoir - Anonyme


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je retournais en ville pour refaire mes provisions. Pour démarrer le matin, il me fallait cinq doubles whiskeys. J’entrais dans un bar tremblant comme une feuille, les traits tirés et malade comme un chien, j’avalais deux doubles whiskeys, je sentais tout de suite l’effet et je me transformais presque aussitôt. Après une demiheure, je pouvais naviguer à peu près correctement et je commençais ma journée. Mes rapports quotidiens étaient illisibles et, après avoir été arrêté pour conduite en état d’ivresse, j’ai eu peur et je suis demeuré abstinent pendant plusieurs jours. Peu de temps après, j’ai été viré pour de bon.

      Ma femme m’a suggéré de me retirer dans ma vieille maison de campagne, ce que j’ai fait. Ma consommation incessante a convaincu ma femme que j’étais un cas désespéré et elle a demandé le divorce. Je me suis trouvé du travail, mais je n’ai pas cessé de boire. Je travaillais même si ma condition physique était telle que j’aurais dû être hospitalisé. Pendant des années, je n’ai pas connu une bonne nuit de sommeil et je ne me suis jamais réveillé la tête claire. J’avais perdu ma femme et je m’étais fait à l’idée que je m’endormirais un soir pour ne jamais plus me réveiller.

      Chaque ivrogne a un ou deux amis qui ne désespèrent pas de lui, mais dans mon cas, je les ai perdus. Tous, sauf ma mère qui, bonne âme, a tout tenté pour moi. À son initiative, les gens venaient me voir et me parlaient, mais rien de ce qu’ils disaient, qu’ils soient pasteurs ou gens d’église, ne m’aidait. Quand ils étaient là, j’étais d’accord avec eux, mais dès leur départ, je retournais à ma bouteille. On ne m’a rien proposé qui semblait une solution.

      J’étais au point où je voulais cesser de boire mais je ne savais pas comment. Ma mère avait entendu parler d’un médecin qui connaissait du succès avec les alcooliques. Elle m’a demandé si j’accepterais de lui parler et j’ai accepté d’y aller avec elle.

      J’avais, bien sûr, entendu parler des différents remèdes et après avoir parlé de ma consommation en détail, le docteur m’a suggéré de me rendre à l’hôpital local pour un court séjour. J’étais sceptique, même après que le médecin m’eut dit que son plan comprenait plus qu’un traitement médical. Il m’a parlé de plusieurs hommes que je connaissais qui avaient été soulagés et il m’a invité à en rencontrer quelques-uns qui se réunissaient chaque semaine. J’ai promis que je serais présent à leur prochaine réunion mais je lui ai dit que je n’avais pas beaucoup d’espoir en ce qui avait trait au traitement à l’hôpital. Le soir de la réunion, fidèle à ma parole, j’ai fait la connaissance du petit groupe. Le médecin était présent, mais je me sentais un peu à l’écart de ce cercle. La réunion était informelle et je n’ai pas été impressionné. C’est vrai qu’ils ne chantaient pas de psaumes, qu’il n’y avait aucun rituel, mais les choses religieuses ne m’intéressaient pas. Si j’avais pensé à Dieu pendant toutes ces années de consommation, c’était surtout pour me dirre qu’au moment de la mort, je pourrais toujours m’arranger avec Lui.

      J’ai dit que la réunion ne m’avait pas impressionné. Pourtant, je voyais des hommes que j’avais connus comme de bons ivrognes travailleurs, apparemment sensés, mais j’ignorais comment m’intégrer à eux. Je suis rentré à la maison, je suis demeuré abstinent pendant quelques jours, mais j’ai rapidement repris ma consommation régulière d’alcool chaque jour.

      Six mois plus tard, après une superbe cuite, en larmes et totalement démuni, je me suis rendu chez le médecin. Il m’a soigné et m’a fait conduire à la maison d’un de mes parents. Je lui ai dit que j’étais prêt pour le remède, le seul remède. Il m’a envoyé deux membres. Ils ont été gentils avec moi, m’ont raconté ce qu’ils avaient vécu et comment ils avaient gagné leur bataille contre l’alcool. Ils m’ont clairement dit que je devais chercher Dieu que je devais lui exposer mon cas et lui demander de l’aide. J’avais depuis longtemps oublié la prière. Je crois bien que ma première prière sincère a dû sembler bien faible. Je n’ai pas ressenti de changement subit, et je n’ai pas immédiatement cessé d’avoir soif, mais j’ai commencé à apprécier mes rencontres avec ces gens et j’ai commencé à remplacer mon habitude d’alcool par quelque chose qui m’a aidé au plus haut point. Chaque matin, je lisais un chapitre de la Bible et je demandais à Dieu de me protéger du-rant la journée.

      Je veux parler d’une autre chose, une chose très importante. Je crois qu’il aurait été bien plus difficile de rentrer dans le droit chemin si je n’avais pas immédiatement été mis à contribution. Je ne parle pas de mon métier de vendeur. Je parle de quelque chose qui est nécessaire à mon bonheur continu. Pendant que je tentais avec difficulté de reprendre mon métier de vendeur, le médecin m’a demandé d’aller voir un autre alcoolique qui était hospitalisé. Le médecin m’a simplement demandé de raconter mon histoire. Je l’ai fait, probablement très mal, mais aussi simplement et aussi sérieusement que je l’ai pu.

      Je suis abstinent depuis deux ans, grâce au fait que j’ai confié ma volonté à une Puissance supérieure, et rien d’autre. Cela ne s’est pas fait d’un seul coup. C’est devenu une tâche quotidienne, il le fallait. Chaque jour, j’ai de nouvelles forces et je n’ai jamais atteint le point où j’ai eu envie de dire : « Merci, mon Dieu. Je crois que je suis capable de ramer seul désormais. » J’en suis reconnaissant.

      J’ai repris la vie commune avec ma femme, je réussis bien en affaires et je paie mes dettes au meilleur de mes capacités. J’aimerais trouver de meilleurs mots pour raconter mon histoire. Mes anciens amis et employeurs sont étonnés et voient en moi la preuve vivante que la solution que j’ai appliquée donne des résultats. J’ai été privilégié d’être entouré d’amis qui étaient prêts à m’aider, mais je crois fermement que tout homme peut atteindre le même résultat s’il y consacre sincèrement ses efforts et fait la volonté de Dieu.

      RENVOYÉ DE NOUVEAU

      Il me semble que je ne fais jamais les choses normalement. Quand j’ai appris à danser, il fallait que je sorte danser tous les soirs de la semaine quand c’était possible ; quand je travaillais ou j’étudiais, je ne tolérais pas les interruptions ni les distractions. Quand je travaillais, je voulais être l’homme le mieux payé sans quoi j’étais irrité ; évidemment, quand je buvais, il semble que je ne pouvais pas arrêter sans être complètement saturé. Enfant, je m’entendais difficilement avec les autres, et s’ils refusaient de jouer comme je le voulais, je rentrais à la maison.

      La ville où j’ai grandi était plutôt nouvelle et sans raffinement, peuplée majoritairement d’immigrants qui semblaient passer leur temps aux noces où il y avait de la nourriture et des boissons gratuites pour tous ceux qui le désiraient. Nous, les jeunes, nous avions l’habitude de nous y rendre, et même si nous devions nous limiter à des sodas, nous pouvions y obtenir une bière ou deux. Dans cet environnement, avec plus d’argent qu’il ne m’en fallait, il m’a été facile de commencer à me saouler avant l’âge de 16 ans.

      Quand j’ai quitté la maison, je gagnais un bon salaire, mais je n’étais jamais satisfait de mon poste, de mon salaire ou de la façon dont mon employeur me traitait. Je suis rarement resté plus de six mois dans un emploi jusqu’à mon mariage à 28 ans, et à ce momentlà, j’avais déjà commencé à perdre mes emplois à cause de l’alcool. Quand les choses allaient mal, je savais que quelques verres amélioreraient la situation, que mes peurs, mes doutes et mes soucis disparaîtraient et je me disais toujours que la prochaine fois, j’arrêterais avant d’être complètement bourré. Pour une raison inexpliquée, cela n’arrivait presque jamais.

      J’étais en colère contre les médecins, les pasteurs, les avocats, les employeurs, les parents et les amis qui me faisaient des reproches, car aucun d’eux n’avait connu ce que je vivais. Je rechutais, je me relevais, je travaillais un peu, je payais mes dettes (au moins les plus pressantes), je buvais modérément pendant quelques jours ou quelques semaines, mais je finissais toujours par m’embourber de nouveau et perdre un autre emploi. Au cours d’une année (1916), j’ai quitté deux emplois


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