Expérience, force et espoir. Anonyme
Читать онлайн книгу.ramené à la maison et mes parents m’ont convaincu d’aller en sanatorium pendant trente jours. Cet endroit était dirigé par un médecin qui était un ami de la fa-mille et j’étais le seul patient à ce moment-là. Le médecin fit de son mieux, veillant à ce que je retrouve la santé physique, tentant de corriger mes problèmes mentaux qu’il croyait en partie responsables de ma consommation d’alcool et j’en suis sorti avec la ferme intention de ne plus jamais boire.
Avant de quitter le sanatorium, j’ai répondu à une annonce qui demandait un ingénieur dans une petite ville de l’Ohio et, après l’entrevue, j’ai obtenu le poste. Trois jours après avoir quitté le sanatorium, j’avais un poste que j’aimais, à un salaire satisfaisant dans une petite ville où le coût de la vie (pension, logement et blanchisserie) ne représentaient que 15 pour cent de mon salaire. J’étais bien disposé, abstinent, je travaillais dans un climat amical pour une entreprise qui avait plus de contrats profitables qu’elle ne pouvait en réaliser. J’ai fait de beaux projets. Je pouvais mettre assez d’argent de côté en quelques années pour terminer mon éducation et il n’y avait pas de bars dans la ville pour me faire rechuter. Alors ? Alors, à la fin de la semaine, je me suis saoulé de nouveau sans aucune raison particulière. Trois mois plus tard, j’étais de nouveau sans emploi, mais dans l’intervalle, deux événements importants s’étaient produits : j’étais amoureux et la guerre avait été déclarée.
J’avais appris ma leçon. Je savais très bien que je ne devais pas prendre, ne fut-ce qu’un seul verre. Je voulais me marier, j’ai donc planifié sérieusement de me trouver un nouvel emploi, de demeurer abstinent, et de mettre de l’argent de côté. Je me suis rendu à Pittsburgh le dimanche, j’ai téléphoné à un fabricant de laminoirs et le lundi, j’étais embauché et j’ai commencé à travailler. J’ai été payé à la fin de la deuxième semaine, je me suis saoulé avant la fin de la journée et je n’étais pas intéressé à retourner au travail le lundi suivant.
Pourquoi avais-je pris ce premier verre ? Honnêtement, je l’ignore. Peu importe, cet été-là, je suis devenu fou et j’ai vraiment développé des problèmes mentaux. Le commis de nuit du petit hôtel où j’habitais m’a vu sortir à trois heures du matin en pyjama et en pantoufles et a demandé à un policier de me ramener à ma chambre. J’imagine qu’il avait l’habitude des ivrognes en crise car il aurait dû m’envoyer en prison. J’y suis resté trois jours, le temps de faire sortir l’alcool de mon système, je suis retourné au bureau chercher le reste de mon salaire et, après avoir payé mon hôtel, j’ai découvert qu’il me restait juste assez d’argent pour rentrer à la maison. J’y suis donc retourné, malade, sans le sou, découragé et sans espoir de ne jamais vivre une vie normale et heureuse.
Après deux ou trois semaines à ne rien faire à la maison, j’ai obtenu un poste subalterne chez un ancien employeur, un travail de dessinateur débutant, rémunéré à l’heure. Je suis resté raisonnablement abstinent pendant plusieurs mois, je suis allé rendre visite à ma fiancée un week-end ou deux, j’ai rapidement obtenu de l’avancement et une augmentation, nous avons fixé la date du mariage. C’est alors que j’ai appris qu’un de mes subalternes gagnait environ quarante dollars de plus que moi par mois, ce qui m’a tellement choqué que j’ai démissionné après un affrontement, que j’ai pris mon argent, mes choses personnelles que j’ai laissées à la pharmacie du coin avant de me rendre en ville pour me saouler. Sachant que je serais accueilli par des larmes, une triste sympathie et du chagrin en rentrant à la maison, je suis resté au loin jusqu’à ce que je retombe dans la misère.
J’étais très inquiet de ma consommation d’alcool. Mon père m’a de nouveau avancé le prix d’un traitement. Cette fois, j’ai choisi un traitement de trois jours dont je suis sorti avec la ferme intention de ne plus jamais boire. J’ai trouvé un meilleur poste qu’auparavant et je suis même demeuré abstinent pendant quelques mois, mettant de l’argent de côté, payant mes dettes, et nous avons de nouveau fait des plans pour notre mariage. Mais, après une ou deux semaines, j’avais constamment soif et j’avais oublié combien l’alcool m’avait rendu malade et combien le traitement avait été pénible. J’avais à peine commencé à regagner la confiance de mes collègues, de ma famille, de mes amis et la mienne, que je suis reparti, sans aucune raison cette fois. Le mariage a été encore reporté et il semblait qu’il n’aurait jamais lieu. Cette fois, mon employeur ne m’a pas congédié, mais j’étais néanmoins dans un joli bourbier. Après une longue et difficile réflexion, j’ai repris la cure de trois jours une deuxième fois.
Après ce traitement, les choses allaient un peu mieux, je me suis marié au printemps de 1919 et j’ai peu bu pendant plusieurs années. Tout allait bien au travail et j’étais heureux à la maison, mais dès que j’étais loin de la maison, avec peu de chances de me faire prendre, je prenais une légère cuite. La simple pensée de ce qui arriverait si ma femme me surprenait en train de boire m’a gardé à peu près dans le droit chemin pendant plusieurs années. Mon travail est devenu de plus en plus important. J’avais beaucoup d’intérêts extérieurs et l’alcool était moins présent dans ma vie, mais j’ai continué à boire un peu pendant mes voyages à l’extérieur et c’est ce qui a fini par semer le chaos à la maison.
J’étais allé à New York pour affaires et je me suis arrêté dans une boîte de nuit où je m’étais déjà saoulé. Je devais être pas mal saoul et on a probablement drogué ma boisson car je me suis réveillé vers midi le lendemain dans ma chambre d’hôtel, sans le sou. J’ai dû emprunter de l’argent pour rentrer, mais seulement plusieurs jours plus tard. Quand je suis rentré, j’ai trouvé un enfant malade, une femme désespérée et j’avais perdu un autre emploi à 7 000 $ par année. Mais il y a pire. J’ai dû donner ma carte d’affaires à une des filles du club car elle a commencé à m’écrire qu’elle travaillait désormais dans un autre piège à touristes et elle m’envoyait des « invitations » qui ont fini par tomber entre les mains de ma femme. Je laisse au lecteur le soin d’imaginer la suite.
J’ai repris la routine d’obtenir et de perdre des emplois pour finalement perdre tout sens des responsabilités à mon égard ou envers ma famille. Je ratais des anniversaires importants, j’oubliais de rentrer à la maison pour Noël et, règle générale, je ne rentrais que lorsque j’étais totalement épuisé physiquement et fauché. Il y a environ quatre ans, je ne suis pas rentré la veille de Noël, mais à six heures le matin de Noël, sans l’arbre que j’avais promis d’aller chercher et avec une grande quantité d’alcool. J’ai suivi le traitement de trois jours une nouvelle fois avec les mêmes résultats, mais trois semaines plus tard, je suis allé à une fête et j’ai cru que quelques bières ne pouvaient me faire de tort. Cependant, je ne suis pas retourné au travail pendant trois jours et quelque temps plus tard, j’avais de nouveau perdu mon emploi et j’étais encore une fois en difficulté. Ma femme a obtenu du travail grâce à l’aide sociale et j’ai fini par régler mes comptes avec mon employeur, qui m’a donné un autre poste dans une ville voisine dont j’ai également été congédié avant la fin de l’année.
Il en fut ainsi pendant une autre année, jusqu’à ce qu’une voisine m’entende essayer d’entrer à la maison avec difficulté et qu’elle demande à ma femme si j’avais des problèmes d’alcool. Évidemment, ma femme a été troublée mais notre voisine n’était pas que curieuse. Elle avait entendu parler du travail d’un médecin, ancien alcoolique, qui s’occupait fébrilement de transmettre les bienfaits qu’il avait reçus d’un autre alcoolique qui avait trouvé la réponse à ses problèmes d’alcool. À la suite de ceci, ma femme a rencontré le médecin. Je l’ai rencontré également, j’ai passé quelques jours dans un hôpital local et je n’ai pas bu depuis.
Pendant que j’étais à l’hôpital, j’ai reçu la visite d’une vingtaine d’hommes qui m’ont raconté leur expérience et parlé de l’aide qu’ils avaient reçue. J’en connaissais environ cinq sur les vingt, dont trois que je n’avais jamais vus totalement à jeun. J’ai été convaincu sur le champ que si ces hommes avaient appris quelque chose