Стихотворения. Перевод Елены Айзенштейн. Теофиль Готье

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Стихотворения. Перевод Елены Айзенштейн - Теофиль Готье


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grands arbres fluets, au feuillé sobre et rare,

      À peine noircissant leurs pieds d’une ombre avare,

      Montent comme la flèche et vont baigner leur front

      Dans la limpidité du ciel clair et profond;

      Comme s’ils dédaignaient les plaisirs de la terre,

      Pour cacher une nymphe ils manquent de mystère :

      Leurs branches, laissant trop filtrer d’air et de jour,

      Éloignent les désirs et les rêves d’amour;

      Sous leur grêle ramure un maigre anachorète

      Pourrait seul s’abriter et choisir sa retraite.

      Nulle fleur n’adoucit cette sévérité;

      Nul ton frais ne se mêle à la fauve clarté;

      Des blessures du roc, ainsi que des vipères

      Qui sortent à demi le corps de leurs repaires,

      De pâles filaments d’un aspect vénéneux

      S’allongent au soleil en enlaçant leurs nœuds;

      Et l’oiseau pour sa soif n’a d’autre eau que les gouttes —

      Pleurs amers du rocher – qui suintent des voûtes.

      Cependant ce désert a de puissants attraits

      Que n’ont point nos climats et nos sites plus frais,

      Où l’ombrage est opaque, où dans des vagues d’herbes

      Nagent à plein poitrail les génisses superbes :

      C’est que l’œil éternel brille dans ce ciel bleu,

      Et que l’homme est si loin qu’on se sent près de Dieu.

      Ô mère du génie! ô divine nourrice!

      Des grands cœurs méconnus pâle consolatrice,

      Solitude! qui tends tes bras silencieux

      Aux ennuyés du monde, aux aspirants des cieux,

      Quand pourrai-je avec toi, comme le vieil ermite,

      Sur le livre pencher ma tête qui médite?

      Plus loin, c’est Aligny, qui, le crayon en main,

      Comme Ingres le ferait pour un profil humain,

      Recherche l’idéal et la beauté d’un arbre,

      Et cisèle au pinceau sa peinture de marbre.

      Il sait, dans la prison d’un rigide contour,

      Enfermer des flots d’air et des torrents de jour,

      Et dans tous ses tableaux, fidèle au nom qu’il signe,

      Sculpteur athénien, il caresse la ligne,

      Et, comme Phidias le corps de sa Vénus,

      Polit avec amour le flanc des rochers nus.

      Voici la Madeleine. – Une dernière étoile

      Luit comme une fleur d’or sur la céleste toile :

      La grande repentie, au fond de son désert,

      En extase, à genoux, écoute le concert

      Que dès l’aube lui donne un orchestre angélique,

      Avec le kinnor juif et le rebec gothique.

      Un rayon curieux, perçant le dôme épais,

      Où les petits oiseaux dorment encore en paix,

      Allume une auréole aux blonds cheveux des anges,

      Illuminés soudain de nuances étranges,

      Tandis que leur tunique et le bout de leurs pieds

      Dans l’ombre du matin sont encore noyés.

      – Fauve et le teint hâlé comme Cérès la blonde,

      La campagne de Rome, embrasée et féconde,

      En sillons rutilants jusques à l’horizon

      Roule l’océan d’or de sa riche moisson.

      Comme d’un encensoir la vapeur embaumée,

      Dans le lointain tournoie et monte une fumée,

      Et le ciel est si clair, si cristallin, si pur,

      Que l’on voit l’infini derrière son azur.

      Au-devant, près d’un mur réticulaire, en briques,

      Sont quelques laboureurs dans des poses antiques,

      Avec leur chien couché, haletant de chaleur,

      Cherchant contre le sol un reste de fraîcheur;

      Un groupe simple et beau dans sa grâce tranquille,

      Que Poussin avoûrait et qu’eût aimé Virgile.

      Mais voici que le soir du haut des monts descend :

      L’ombre devient plus grise et va s’élargissant;

      Le ciel vert a des tons de citron et d’orange.

      Le couchant s’amincit et va plier sa frange;

      La cigale se tait, et l’on n’entend de bruit

      Que le soupir de l’eau qui se divise et fuit.

      Sur le monde assoupi les heures taciturnes

      Tordent leurs cheveux bruns mouillés des pleurs nocturnes.

      À peine reste-t-il assez de jour pour voir,

      Corot, ton nom modeste écrit dans un coin noir.

      Nous voici replongés dans la brume et la pluie,

      Sur un pavé de boue et sous un ciel de suie,

      Ne voyant plus, au lieu de ces beaux horizons,

      Que des angles de murs ou des toits de maisons;

      Le vent pleure, la nuit s’étoile de lanternes,

      Les ruisseaux miroitants lancent des reflets ternes,

      Partout des bruits de chars, des chants, des voix, des cris.

      Blonde Italie, adieu! – Nous sommes à Paris!

      На трех пейзажистов

      Салон 1839 года

      Для нас везенье, критиков и журналистов,

      Словно античные рабы, с воротничком почище,

      Без передышки и без срока,

      В банальной круговерти рока

      Бездумно крутим мельницу журнала,

      Живем, исчезнув в гипсовой пустыне залов,

      Мы люстры вместо солнца ценим свет,

      Едва великий пейзажист, восторженный поэт,

      Богатую листву, лазоревое небо

      Прорвет лучом ночным, наполнив душу негой,

      Так создается на картине красоты алмаз,

      Хотим живописать его, но он далек от нас,

      Хотя


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