Programme des Épouses Interstellaires Coffret. Grace Goodwin

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Programme des Épouses Interstellaires Coffret - Grace Goodwin


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par la Ruche. »

      Ses doigts se resserrent sur ma peau puis se décontractent.

      « Je suis considéré comme perdu corps et biens sur ma planète, un paria, indigne de prendre épouse. » Il détourne le regard, sa honte me mue en colère tandis qu’il poursuit, « Voilà pourquoi mon père a refusé ton transfert, Jessica. Je suis porteur de la technologie de la Ruche, on ne pourra jamais me l’enlever.

      – Et alors ? » Je lève ma main vers sa joue, je touche sa peau aux reflets argentés. Malgré sa couleur étrange, elle est d’une douceur et d’une chaleur surprenante. Elle fait partie de lui, c’est aussi simple que ça. « Et qu’est-ce que ça peut faire ? »

      Sa rigidité manque de naturel et il me dévisage. À côté de nous, l’étranger n’esquisse pas le moindre mouvement, comme si je les avais tous réduits au silence. Perplexe, Ander a un regard de braise, son désir brûlant me dévore des yeux. Je frissonne, incapable de réprimer cette sensation de chaleur qui déferle dans mon vagin vide alors que je croise son regard. Je me rappelle de façon frappante son fameux regard, le même que lorsqu’il suçait mon clitoris et me faisait hurler. Je secoue la tête, j’essaie de chasser le mélange d’envie et de perplexité qui s’empare de moi.

      « Vous êtes tous des malades. Je ne pense pas avoir envie d’aller sur Prillon, si c’est la façon dont vous traitez vos vétérans. » Je pense à tous mes amis qui ont perdu des membres au combat, qui ont été brûlés par des explosifs, tués, blessés. Ce sont des hommes et des femmes valeureux, des soldats qui ont accompli leur devoir avec honneur, et méritent d’être traités avec dignité et respect une fois rentrés chez eux. Je n’arrive pas à concevoir qu’on puisse envoyer un vétéran blessé dans une Colonie-prison, qu’on lui refuse le droit de se marier et de fonder une famille au simple fait que son apparence a changé. « C’est quoi le problème avec votre peuple ? Vous devriez avoir honte de la façon dont vous traitez vos vétérans. »

      « C’est quoi un vétéran ? » L’étranger pose la question, je quitte Ander des yeux pour lui répondre.

      « Qui êtes-vous ? » J’ai le droit de savoir, je suis assise à moitié nue dans la même salle que lui et il a l’air de penser qu’il est à sa place.

      « Je suis le Docteur Halsen. »

      Je le dévisage, je remarque ce même teint halé et son visage anguleux, comme Nial et Ander. Ses yeux ont une couleur ambrée, son uniforme est une drôle d’armure verte, tenant plus de la tenue de camouflage que de la blouse de médecin. Il est immense, environ deux mètres dix. Mais peu importe. Comme dirait Dorothy du magicien d’Oz, chuis plus dans le Kansas.

      « Des soldats qui après avoir combattus, retournent dans le civil. »

      Il secoue la tête, le désarroi se lit sur son visage. Je soupire. Je réessaie, en langage extraterrestre.

      « Des guerriers qui combattent sur le front. Les blessés rentrent chez eux avec les honneurs. On les appelle des vétérans, je suis l’une d’entre eux. » Je tire sur la couverture, tandis que le docteur me regarde avec perplexité.

      « Comment est-ce possible ? Les femmes ne font pas la guerre. »

      « D’où je viens, oui. Elles travaillent. Elles servent dans l’armée. Elles ne restent pas en plan, à attendre que les hommes les sauvent. » Je lui fais baisser les yeux, très énervée par la façon dont ils traitent leurs soldats en général, et leur attitude misogyne en particulier. Toute cette testostérone bien macho me fait voir rouge. Aucun de ces extraterrestres ne mérite ma fidélité ou ma confiance… sauf Nial qui m’a sauvée des griffes de cet éclaireur de la Ruche. Ok, peut-être Ander aussi, quand il s’est débarrassé du fameux éclaireur.

      Le docteur s’approche et je me blottis dans les bras de Nial, sachant pertinemment que je suis nue sous la couverture.

      « C’est fascinant. Et vous avez combattu personnellement ? » demande le docteur, Ander s’approche, pressé d’entendre ma réponse.

      Je hoche la tête. « Oui. Plusieurs fois. »

      Nial me serre plus étroitement contre lui, je l’ignore tout en soutenant le regard du docteur, manifestement incrédule, ça se voit à ses lèvres pincées et ses sourcils relevés, inutile de parler.

      « Je ne vous crois pas. »

      Je pousse Nial et descends de ses genoux. Si cet abruti d’extraterrestre est vraiment un docteur, ce que je vais lui montrer ne devrait pas le choquer.

      Je me tiens fière et droite devant lui, la couverture rouge m’enveloppe telle une robe royale. J’avance et repousse mes longs cheveux derrière mes épaules, afin qu’ils ne me gênent pas. « Je me suis pas fait ces cicatrices en faisant des cookies. »

      Sans le quitter des yeux, je laisse tomber la couverture au sol et tourne sur moi-même afin qu’il contemple les vilaines cicatrices profondes causées par les éclats qui labourent mon épaule jusqu’à ma taille, ma fesse et ma cuisse. Ander s’approche, visiblement tendu mais Nial avance la main pour lui intimer l’ordre de ne pas s’interposer. Nial croise mon regard, je le défie ouvertement, il a pas intérêt à m’empêcher de remettre ce docteur prétentieux à sa place.

      Ils voient mes seins et ma chatte mais je m’en fiche. J’aurais dû lui demander pourquoi j’ai voyagé et suis arrivée nue alors qu’Ander et Nial portent des chemises et des pantalons identiques. Je leur poserai la question ultérieurement, j’ai autre chose de plus important à prouver pour le moment.

      Je ne m’expose pas pour exciter ou attirer le docteur. Je l’entends bouger, je lui parle sans quitter Nial des yeux. « Ne me touchez pas. »

      Le silence, et puis sa voix, dans laquelle je décèle l’admiration et le respect qui faisaient précédemment défaut. « Ainsi donc c’est vrai. Vous avez été blessée et démobilisée ? Vous êtes une laissée-pour-compte ? Ce que vous appelez les vétérans ? »

      Je vais l’étrangler. Je pivote et m’enroule dans la couverture. « Nos vétérans ne sont pas des laissés-pour-compte. On les aime et on les traite avec respect. Ils reprennent une vie normale. Nous essayons de les intégrer totalement dans la société. La majeure partie d’entre eux ont des familles. » Devant son air perplexe, je décide de changer de langage et de parler extraterrestre. « Leurs femmes et leurs enfants attendent leur retour.

      « Vos proscrits ont le droit de se marier ? » Ander s’accroupit près de moi, il me dévisage avec admiration. Je me penche et pose ma main sur la cicatrice qui barre sa joue, je l’effleure du bout des doigts, je lui fais comprendre que sa cicatrice ne le rend pas moins séduisant à mes yeux.

      « Certaines personnes n’apprécient pas les soldats, la majeure partie des gens détestent la guerre qui règne sur Terre, mais pas les soldats en eux-mêmes. Notre peuple traite en général les soldats avec un immense respect. » Je souris et frissonne en m’entendant clamer ma cause, je reconnais les faits tels qu’ils sont, je m’y reconnais pleinement. « Qu’ils soient blessés ou non. »

      Le silence des hommes qui m’entourent est étouffant, je retire ma main et m’éclaircis la gorge. Je regarde cette pièce étrange. Elle est circulaire, avec des vitres foncées s’élevant à mi-hauteur jusqu’au plafond. Le sol est gris anthracite, doux comme du marbre. Je n’aperçois pas de porte ni l’extérieur. On pourrait aussi bien être dans un vaisseau spatial qu’à des centaines de mètres sous terre. Impossible de le savoir.

      « Qu’est-ce qu’on fabrique ici ? Pourquoi m’avoir emmenée dans cet horrible endroit ? »

      La pièce n’est pas horrible, mais d’après ce qu’on dit, la Colonie c’est pas Disneyland. Je me demande à quoi ça ressemble derrière la porte.

      « N’aie crainte, partenaire. Nous resterons ici uniquement le temps de s’assurer que tu vas bien, » promet Ander. Il se lève et vient à côté de moi mais il est tellement grand qu’il


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