Programme des Épouses Interstellaires Coffret. Grace Goodwin

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Programme des Épouses Interstellaires Coffret - Grace Goodwin


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trois pas, j’arrive pas à la suivre à cause du sable. Elle a peut-être l’habitude de courir sur la plage, moi pas. Le terminal de transport n’est pas loin mais je suis à bout de souffle et effrayée lorsqu’on se réfugie toutes les deux sous la tente. Les deux guerriers qui nous accompagnent se postent près de l’entrée, armes dégainées, prêts à tirer. Les bruits à l’extérieur ne ressemblent à rien de ce que j’ai entendu lors de mon arrivée. Le calme retombe. Je sais que quelque chose cloche, même sans le voir. J’entends la peur, la panique, la mort derrière les fines parois.

      La doctoresse ferme le rabat et m’enlace brièvement, entre nanas, ça fait du bien. « Dites-moi que tout va bien se passer, même si c’est un mensonge. »

      Elle recule et sourit. « Tout va bien se passer. Ce n’est pas un mensonge. Sinon le Conseiller Roark ne vous aurait pas envoyée ici. » Elle me lâche et m’indique la plateforme de téléportation. « Mais je préfère jouer la prudence.

      — Comment ça ? »

      Elle l’indique du doigt. « Montez. Je vais activer les codes de téléportation au cas où.

      —Au cas où ? » Je vois très bien où elle veut en venir mais je refuse de l’admettre. Je ne veux pas partir sans Roark.

      « Votre mari m’a demandé de vous protéger, je m’y emploie. » Elle est docteur, elle garde son sang-froid malgré la tension mais je vois bien qu’elle a l’air préoccupée, elle agit vite. « C’est le seul moyen de s’enfuir si les Drovers nous encerclent.

      — Pour m’envoyer où ?

      — Il lui faut quelques minutes pour se mettre en marche, il faut ensuite entrer les nouvelles coordonnées. Il est toujours programmé avec celles de la Terre. » Elle m’adresse un signe de la main, sans quitter des yeux les commandes du terminal de transport. J’ai l’impression d’être dans un épisode de Star Trek, « Téléporte-moi, Scotty. »

      Je me lève et époussète le sable sur ma peau. J’en suis couverte, les grains fins me collent aux bras et à la poitrine et brillent tels des paillettes sur le tissu doux de ma robe. Y’en a partout dans la cabine de téléportation.

      « Allez. Vite. » La doctoresse marmonne, je frotte le sable sur mes cuisses. Le bruit du métal qui s’entrechoque, les épées, résonnent à l’entrée de la tente. La doctoresse pousse un juron dans sa langue maternelle et je bondis, je pousse un hurlement en voyant l’un de nos gardes tomber à la renverse à l’entrée de la tente, un poignard planté dans l’œil gauche.

      « Allez ! Maintenant ! » Le garde restant aboie un ordre tout en reculant dans l’entrée. Il se bat apparemment contre trois hommes. Ces Drovers sont plus petits que moi, mais rapides et malveillants. Ils portent une longue robe marron qui les couvre des pieds à la tête et des écharpes qui me font penser aux nomades vivants dans les déserts qu’on voit dans National Geographic. Leurs courtes épées fendent l’air à une telle vitesse que j’ai du mal à suivre l’échauffourée des yeux.

      « Non ! Je hurle. Roark ? Où est Roark ? »

      La doctoresse secoue la tête, elle crie tout en tapotant sur le panneau de commandes. « Il est mort. Je suis désolée. S’ils sont arrivés jusqu’à nous, c’est qu’il est mort. Je dois vous faire partir d’ici.

      — Mort ? Non ! »

      Non. Il n’est pas mort.

       Non. Non. Non.

      La doctoresse me crie quelque chose mais je ne l’entends pas. Le plancher vibre sous mes pieds. Une vive lumière bleue provenant de lignes que je n’avais jamais vues m’éblouit. Ça fait mal aux yeux, ça forme un étrange quadrillage. J’essaie de bouger mais je suis retenue prisonnière par l’énergie qui monte, s’empare de moi, m’entoure, j’arrive plus à respirer. Le garde que je viens tout juste de rencontrer tombe à genoux, un Drover lui tranche la gorge, un autre le poignarde. J’essaie de m’enfuir, de hurler mais je n’arrive à rien. Je ne peux que regarder, totalement impuissante.

      Le troisième Drover s’élance vers la doctoresse et la poignarde dans le dos. Elle hurle, elle tombe à genoux, bouche ouverte, je n’entends plus rien, hormis le ronronnement de la cabine. Un Drover poignarde sans relâche un garde au niveau de la poitrine, je suis pétrifiée. Avec une horreur qui va crescendo, je regarde l’autre assaillant se ruer vers moi.

      Il se faufile entre les rais de lumière bleue, ses mains calleuses et noueuses essaient de s’emparer de moi.

      Il empoigne ma robe, m’attire vers lui impitoyablement, j’avance inexorablement. Je bondis et le poignarde. La lame dorée touche son bras. Son sang gicle sur ma robe mais il ne me lâche pas pour autant. Terrifiée, je m’écarte de lui de toutes mes forces. L’ourlet de ma robe se défait, ma robe se déchire en deux. Le Drover tombe à la renverse en hurlant lorsque le tissu lui reste entre les mains, la couture dans le dos se déchire avec un bruit assourdissant, j’en claque des dents.

      Je suis nue, à l’exception de mes sandales et des chaînes qui pendent à mes seins, je hurle contre lui, enragée qu’il ait tuée la doctoresse, il l’a poignardée dans le dos. De sang-froid. Ils m’ont arraché mon époux. Tel est mon destin sur cette stupide planète. L’homme que je commençais à aimer, qui s’est uni à moi, est mort ?

      Le ronronnement environnant se mue en un grondement sourd, j’ai l’impression que mon crâne va exploser. Je ne peux même pas hurler, tout devient noir.

      8

       Roark

      Les chaînes ont entaillé mes poignets jusqu’à l’os, j’ai de la fièvre. Je suis attaché à un épais poteau de bois qui traverse la tente des Drovers dans toute sa longueur. J’ai été battu, privé de nourriture, torturé pendant quatre longues journées, les Drovers n’ont toujours pas révélé les motifs de leur attaque, ni ce qu’ils attendent de moi.

      Je suis surpris d’être encore en vie. Les Drovers n’ont pas pour habitude de faire des prisonniers. Ni de les torturer. Ils préfèrent frapper et s’enfuir. Tuer sans distinction aucune, ne laisser aucun survivant. Une demande de rançon peut-être ? Je n’ai pas vu d’autres prisonniers. Je suis le seul captif. Pourquoi ? Pourquoi suis-je encore en vie ?

      Quelque chose a changé, quelque chose de fondamental pour l’avenir de mon peuple. Les Drovers emploient de nouvelles méthodes, je dois savoir pourquoi. Je ne peux pas rester suspendu dans cette tente comme un vulgaire morceau de barbaque. Je me souviens d’être parti à la recherche de mes parents, j’ai appris qu’ils avaient bien été téléportés comme prévu. Ils sont sains et sauf sur Xalia.

      J’essaie d’ôter le sable qui me dessèche les yeux, je cligne lentement des yeux, mon cœur n’est que douleur.

      Je ne pense qu’à Natalie. Ma Natalie. Ma femme.

      Elle leur a échappé. J’en ai la certitude. S’ils la détenaient, ils s’en seraient servi pour faire pression contre moi, ils l’auraient amenée ici et l’auraient torturée devant moi. Ils s’en seraient servie pour me faire abdiquer. Et dieu sait qu’ils y seraient parvenus. J’ai goûté le paradis entre ses bras. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour la protéger.

      Je dois partir à sa recherche. Elle est seule sur Trion. Elle ne connaît personne. Putain, elle est arrivée sur cette planète il y a quelques jours à peine. La distance qui nous sépare est plus douloureuse que le châtiment corporel infligé par les Drovers. Je survis en pensant à elle. Elle est ma motivation, mon moteur pour rester vivant. Je lui ai promis de pas la laisser seule, de la protéger, chaque minute qui passe, le moindre battement de mon cœur est un échec.

      Je ne peux pas rester enchaîné. Je dois m’échapper. Je fulmine, nos


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