Programme des Épouses Interstellaires Coffret. Grace Goodwin

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Programme des Épouses Interstellaires Coffret - Grace Goodwin


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      Je suis un animal de compagnie, pas leur fille.

      Je suis seule, en colère, j’ai mal. Et le pire c’est que je sais à coup sûr que je suis enceinte. J’attends un bébé extraterrestre.

      Bon sang, ma mère adorerait ça. Je vais donner la vie à un petit être. Ils vont paniquer s’ils apprennent que l’enfant que je porte n’est pas humain. Sans compter qu’il n’aura pas ses entrées au country club.

      Oui, je suis enceinte. C’est pas une gastro, je me sens mieux au bout d’une petite heure, après avoir grignoté quelques biscuits salés. Au déjeuner, j’ai une faim de loup, c’est la troisième fois que je vomis aujourd’hui. J’ai un retard de règles. De quelques jours. Je n’ai jamais de retard. Mes seins me font mal, ils sont douloureux au toucher. Et très sensibles. Les piercings de téton me procurent une excitation constante—sauf quand j’ai la gerbe—la chaîne rend la sensation encore plus intense. Je ne compte plus les fois où je me suis masturbée en pensant à la grosse bite de Roark.

      J’arrête pas de penser à Roark. Je porte ses anneaux, sa chaîne qui pend. J’ai le petit couteau qu’il m’a donné, la lame en or qui m’a sauvé la vie. Il ne me reste que des souvenirs. Je sais ce qu’être aimée veut dire, être possédée, caressée, adorée, je deviens folle.

      C’est bien plus que ce à quoi les filles ont droit en général, j’essaie de ne pas le détester pour avoir fait en sorte que je tombe amoureuse de lui, et qu’il meurt.

      Une nuit de sexe endiablé. Une seule nuit a suffi pour que je tombe enceinte grâce à son sperme Trion. Il m’a engrossée. C’est le terme qu’il a employé. Il voulait épouser une poule pondeuse. Et bien, c’est fait. J’ai son bijou en or, mes souvenirs et un bébé. Son bébé, qui grandit en moi.

      Mes larmes coulent sur le rebord de la cuvette blanche et froide. Je me suis fait une queue de cheval afin que mes cheveux ne tombent pas dans l’eau. S’il était là, il me retiendrait par les cheveux pendant que je vomis. Il m’apporterait de l’eau et des biscuits salés. Il me prendrait dans ses bras et me dirait « ça va aller ».

      Mais il n’est pas là. Je ne le reverrai plus jamais.

      La gardienne m’a proposé de me réinscrire au recrutement du Programme des Epouses. Je pourrais épouser un autre guerrier puisque Roark est présumé mort. J’ai décidé que non, ma peine est trop récente. L’expérience vécue avec Roark m’a provoqué un choc bien trop douloureux. J’ai besoin de temps pour le digérer.

      Et en plus, ça.

      Je pose mes mains sur mon ventre, je me demande à quoi il va ressembler. Une petite fille qui aura mes yeux et la peau mate de Roark ? Un garçon brun aux yeux noirs ? J’imagine la tête de Roark en miniature, mes larmes coulent en un flot intarissable.

      J’attrape un mouchoir et essuie mes larmes. Mon dieu, mes hormones me jouent un sale tour. J’ai passé une seule nuit avec l’homme idéal. Une seule nuit durant laquelle on s’est jurés fidélité.

      Il avait promis. Promis ! Mais il est parti. Il m’a laissée toute seule. Comme mes parents et ce connard de Curtis. Oh, on vit sur la même planète mais une chose est sûre, il a vraiment une bite riquiqui.

      La gardienne Egara a été sympa quand je lui ai dit que je préférais attendre près du Centre de Téléportation de Miami. Elle est venue tous les jours prendre de mes nouvelles, j’ai senti qu’on se comprenait. Elle a perdu ses deux maris, elle sait ô combien ce que je ressens. Elle a eu la chance de connaître ses époux plus d’une journée. Ses maris étaient deux guerriers Prillon. Elle m’a raconté sa triste histoire en essayant de me consoler. Elle a enduré une double perte. Je suis dans tous mes états après une seule journée passée auprès de Roark, je suis incapable d’imaginer comment elle peut aller de l’avant. Comment elle arrive à respirer. Comment elle peut vivre.

      Elle m’a dit que j’étais la seule Terrienne, elle mis à part, à avoir fait l’aller-retour. Une autre femme affectée sur Trion a dû rentrer pour témoigner lors d’un procès, mais elle est repartie aussitôt. La gardienne Egara m’a dit que c’était la femme du Haut Conseiller et qu’ils connaissent probablement—non, connaissaient—Roark. Le monde est petit.

      La nausée me reprend et je me penche sur la cuvette des toilettes, le souffle court. Le spasme passé, je m’effondre et me recroqueville sur le tapis de sol. Je ne peux plus rester dans cet hôtel. Je dois affronter la réalité, Roark ne reviendra pas, il est mort, la vie continue. Je ne peux pas me permettre le luxe de m’apitoyer sur moi-même. Mon fils ou ma fille compte sur moi, je dois me ressaisir.

      Un bébé ! Je pose la main sur mon ventre plat, les larmes montent à nouveau. C’est pas ça être mère. Seule dans une chambre d’hôtel. Sans mari. Ni sur cette planète, ni dans cette galaxie. Je ne supporte pas l’idée de postuler à nouveau au Programme des Epouses Interstellaires. Même pas en rêve. A supposer que je tombe sur un partenaire qui accepte l’enfant d’un autre, je n’en veux pas d’autre. Mon homme idéal est mort. Roark est mort.

      Je suis seule. Ma seule et unique tentative pour enfin trouver le bonheur, me prendre en charge, a échoué. Lamentablement. Je me sens encore plus seule, le cœur brisé. Avant, ma solitude était une notion abstraite, un sentiment de vide. Ce vide a désormais cédé la place à la peine. Désormais, je sais pertinemment d’où provient le manque.

      Je m’assois, prends mon sein et joue avec le piercing. Je veux l’enlever. Je veux me débarrasser de ce qui aurait pu advenir, si seulement. Mais il n’y a pas de fermoir, je n’ai aucun moyen de l’enlever. Je pousse un cri de frustration, je m’écroule et pleure. Mon téton me démange, je ressens le besoin de me toucher, d’apaiser la sensation. J’écarte les jambes, malgré mes pleurs, je mouille, ma vulve est toute gonflée, mon clitoris est dressé. Je m’allonge, écarte les jambes, glisse deux doigts dans ma chatte et branle mon clito. Je pense à Roark, à sa voix grave et sa grosse queue qui me pénètre, me dilate, me fait crier. Je jouis rapidement, mon corps en avait trop besoin.

      Je me cambre et hurle son prénom tandis que le plaisir me submerge. Une fois apaisée, allongée à même le sol de l’hôtel, en nage, nue, seule, je sais qu’il est temps que je me prenne en main. L’heure est venue de rentrer.

      9

       Roark

      J’ouvre et cligne des yeux. On m’appelle.

      « Roark !

      — Conseiller. »

      Je pousse un gémissement en me retournant. J’ai mal partout, j’arrive pas à m’ôter la puanteur du pelage de ce maudit nox du nez. Du sang. De la chair brûlée. De la douleur. Je sens la douleur.

      « Soulevez-le doucement. Il doit passer au moins une journée dans le caisson de RéGénération. »

      Au début, je ne vois que du blanc puis les couleurs apparaissent, tout reprend sa place. J’aperçois des visages penchés sur moi.

      « Il se réveille. » Seton, mon second, pousse un soupir de soulagement et me sourit. Seton a deux ans de plus que moi, c’est un ami fidèle. La lignée de sa famille remonte presque aussi loin que la mienne. En tant que dernier-né, j’ai été élu Conseiller. Mais nous savons pertinemment tous les deux que si je n’ai pas d’héritier, si on me tue, le peuple élira mon neveu. Ce n’est plus un bébé. Un enfant ne peut régner. Seton remplirait le rôle de Conseiller jusqu’à ce que mon neveu soit assez grand pour être élu. Je lui en sais gré. Je n’avais jamais envisagé cette possibilité auparavant. Il est vrai que je n’avais jamais été capturé et torturé auparavant. Il ne fait aucun doute qu’ils m’auraient tué si je ne m’étais pas échappé. Sûr et certain.

      J’essaie


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