Programme des Épouses Interstellaires Coffret. Grace Goodwin

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Programme des Épouses Interstellaires Coffret - Grace Goodwin


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minutes, vous serez désormais en mesure de comprendre et de parler n’importe quelle langue sur Terre. Cette technologie ne concerne que les personnes effectuant un voyage interstellaire, mais vu que vous restez, c’est toujours bon à prendre. »

      Je cligne des yeux et essaie d’assimiler ce qu’elle me dit. C’est toujours bon à prendre ? C’est mon lot de consolation, comprendre et parler n’importe quelle langue ? « N’importe quelle langue ? »

      Elle hoche la tête, visiblement satisfaite par la technologie, mais perplexe et déçue que j’ai été recalée. « Absolument. Sur Terre ou dans la coalition. »

      Puisque je ne pars plus sur une planète de la coalition, j’en ai un peu rien à foutre. J’ai une sorte de super-puce dans le crâne qui va permettre de comprendre les chaînes étrangères ou les étrangers à l’aéroport. Génial. J’en ai toujours rêvé. J’aurais préféré une nouvelle voiture ou un voyage à Hawaii. Ou du fric même.

      Le top aurait été d’être transférée et de vivre le rêve de ma vie, le rêve du recrutement avec ces deux hommes vigoureux sur moi, en train de me baiser comme si j’étais la femme la plus désirable qu’ils n’aient jamais rencontrée, je me serais sentie belle. Désirée. Aimée.

      Mais non. À la place, j’ai un décodeur à la con dans le crâne.

      J’ai échoué avec mes potes journalistes, j’ai échoué avec mes potes flics, j’ai échoué à prouver mon innocence au tribunal, je ne suis même pas digne d’un extraterrestre qui n’aspire qu’à se taper une bonne chatte qui mouille, alors qu’ils acceptent des voleuses ou des criminelles sans même les avoir rencontrées. Des centaines de criminelles ont transité via le Programme des Epouses Interstellaires ces dernières années. Les femmes qui ont été arrêtées et recrutées de tous les horizons. Des toxicos, des traîtresses. Des voleuses, des meurtrières.

      Toutes ces femmes ont traversé la galaxie, fondé des foyers et eu droit à un nouveau départ parmi des hommes extraterrestres recherchant désespérément des épouses via le programme. Ces femmes ont été blanchies, ont eu droit à une nouvelle vie.

      Et moi ? Non. Ma candidature a été rejetée pour un crime que je n’ai pas commis, je n’ai pas été rejetée par mon partenaire, mais par ce putain de souverain de la planète entière ?

      C’est pas mon jour.

      « Je fais quoi maintenant ? »

      La gardienne Egara baisse la tête et soupire. « Votre enrôlement volontaire dans le programme des épouses a satisfait à toutes les exigences requises pour la peine criminelle. C’est la première fois qu’une personne est rejetée, il s’agit d’une faille qui devra être rectifiée. Je m’assurerai à l’avenir qu’une femme qui soit refusée retourne en prison. Aucune règle n’existe concernant une sentence de substitution, puisque vous avez satisfait à toutes les exigences de la sentence. »

      – Vous voulez dire que—

      – Vous êtes libre, Mademoiselle Smith. »

      Elle soulève la couverture et essuie quelques gouttes du liquide bleu au coin de mon œil, elles coulent sur mes joues telles des larmes.

      Je suis libre. Pas de sentence. Pas de prison. Pas d’extraterrestre torride.

      « Rentrez chez vous. »

      Je ne veux pas rentrer chez moi. Je n’ai pas de maison. Pas de travail, pas d’amis, pas d’avenir. J’étais censée partir à l’autre bout de la galaxie, mes comptes bancaires ont été soldés, ma maison vendue. Lorsqu’une femme quitte la planète dans le cadre du programme des épouses, ses biens sont cédés, comme si elle était morte. Morte et enterrée, sans espoir de retour. Personne ne réclamera mon grille-pain ou mon vieux canapé, je présume que tout partira dans une vente de charité.

      Je suis la première épouse renvoyée chez elle comme un chien, la queue entre les jambes, je ne suis même pas digne d’un partenaire extraterrestre.

      Et si je franchissais les portes du centre de recrutement et allais faire un tour en ville ? Les sales types qui m’ont dénoncée vont envoyer leurs gros bras terminer ce qu’ils ont commencé. S’ils apprennent que je suis toujours sur Terre, je ne vais pas faire de vieux os.

      Je ne suis pas une chochotte. J’ai un sac de voyage, des vêtements propres et de l’argent liquide grâce à un ami qui bosse pour les renseignements à l’étranger, il m’avait conseillé de prendre le minimum vital. J’ai suivi son conseil grâce à Dieu. Je n’ai plus qu’à aller au garde-meuble et recommencer de zéro.

      Je suis libre. Célibataire. Malheureuse. Blessée. Désormais libre de mes mouvements… Et de dénoncer notamment une cohorte de gradés et de politiciens véreux.

      Ces bâtards fourbes me croient partie sur une autre planète. Ce n’est plus leur problème. C’est sûrement le seul truc de bien qui me soit arrivé aujourd’hui.

      Je fais pivoter mes jambes sur le côté de la table et souris, soudain pleine d’allégresse. Je suis peut-être pas assez bien pour une partie de jambes en l’air extraterrestre, mais très calée avec un téléobjectif. C’est mon sniper à moi. Une photo parfaite suffira à ruiner leur réputation, étaler leurs mensonges au grand jour, ruiner leur vie. Si mon appareil était une arme, la liste des hommes à abattre serait longue comme le bras. Si de plus je suis devenue un fantôme, une personne qui n’est plus censée être sur Terre, c’est encore mieux.

      Je saute de la table, agrippe la couverture mais me calme lorsque la pièce se met à tourner. La gardienne Egara tend les bras pour me retenir et je lui adresse un signe de tête en guise de remerciement.

      Je vais y aller, mais mon côté maso me rend curieuse. Si je dois laisser tomber la chance que m’offrait cette planète, alors je veux savoir. « Il s’appelait comment ? »

      La gardienne Egara fronce les sourcils. « Qui ça ?

      – Mon partenaire ? »

      Elle hésite, comme si elle divulguait un secret d’état, et finit par hausser les épaules. « Prince Nial. Le fils aîné du Prime. »

      Je rigole franchement, si j’avais quitté la Terre, je serais devenue une princesse. Accouplée à un prince extraterrestre, j’aurais porté des robes du soir et des chaussures ridicules, mes longs cheveux blonds ne seraient plus lissés en une simple queue de cheval mais rehaussés de pierres précieuses et bouclés, comme l’aurait exigé mon statut royal. Mon Dieu, il aurait fallu que je mette du mascara et du rouge à lèvres, ma peau claire est belle au naturel, sans maquillage.

      Une princesse ? Pas question. C’est peut-être pour ça que j’ai été recalée. Je ne suis pas du tout une Cendrillon.

      « C’est pas plus mal, gardienne. J’suis pas vraiment une princesse. » Je suis plus à l’aise avec un poignard qu’à manier la langue de bois avec les politiques, plus calée avec un fusil que sur une piste de danse. Ce sont les faits, malheureusement. Le Prince Nial n’a pas perdu grand-chose au change.

      À part moi.

      Le prince sera peut-être mieux sans moi. Ce n’est pas pour autant que, tout au fond de moi, je n’éprouve rien en repensant à la cérémonie d’accouplement, je rêve parfois de savoir ce que ça fait d’être aimée, désirée, baisée et possédée par ses partenaires.

       Le Prince Nial de Prillon Prime, à bord du Cuirassé Deston

      Je me dirige vers l’écran de contrôle pour m’entretenir avec mon père, apathique. J’ai l’impression d’être vide, de peser moins lourd qu’un gamin. C’est la meilleure façon d’affronter mon père, ne pas montrer d’émotions.

      Il est impossible de retirer les implants cyborg microscopiques implantés dans mon organisme lors


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