Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais). Джейн Остин

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Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais) - Джейн Остин


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plume grince ! Passez-la-moi. J’ai un talent spécial pour tailler les plumes.

      – Je vous remercie, mais c’est une chose que je fais toujours moi-même.

      – Comment pouvez-vous écrire si régulièrement ?

      – ...

      – Dites à votre sœur que j’ai été enchantée d’apprendre les progrès qu’elle a faits sur la harpe. Dites-lui aussi que son petit croquis m’a plongée dans le ravissement : il est beaucoup plus réussi que celui de miss Grantley.

      – Me permettez-vous de réserver pour ma prochaine lettre l’expression de votre ravissement ? Actuellement, il ne me reste plus de place.

      – Oh ! cela n’a pas d’importance. Je verrai du reste votre sœur en janvier. Lui écrivez-vous chaque fois d’aussi longues et charmantes missives, Mr. Darcy ?

      – Longues, oui ; charmantes, ce n’est pas à moi de les juger telles.

      – À mon avis, des lettres écrites avec autant de facilité sont toujours agréables.

      – Votre compliment tombe à faux, Caroline, s’écria son frère. Darcy n’écrit pas avec facilité ; il recherche trop les mots savants, les mots de quatre syllabes, n’est-ce pas, Darcy ?

      – Mon style épistolaire est évidemment très différent du vôtre.

      – Oh ! s’écria miss Bingley, Charles écrit d’une façon tout à fait désordonnée ; il oublie la moitié des mots et barbouille le reste.

      – Les idées se pressent sous ma plume si abondantes que je n’ai même pas le temps de les exprimer. C’est ce qui explique pourquoi mes lettres en sont quelquefois totalement dépourvues.

      – Votre humilité devrait désarmer la critique, master Bingley, dit Elizabeth.

      – Humilité apparente, dit Darcy, et dont il ne faut pas être dupe. Ce n’est souvent que dédain de l’opinion d’autrui et parfois même prétention dissimulée.

      – Lequel de ces deux termes appliquez-vous au témoignage de modestie que je viens de vous donner ?

      – Le second. Au fond, vous êtes fier des défauts de votre style que vous attribuez à la rapidité de votre pensée et à une insouciance d’exécution que vous jugez originale. On est toujours fier de faire quelque chose rapidement et l’on ne prend pas garde aux imperfections qui en résultent. Lorsque vous avez dit ce matin à Mrs. Bennet que vous vous décideriez en cinq minutes à quitter Netherfield, vous entendiez provoquer son admiration. Pourtant, qu’y a-t-il de si louable dans une précipitation qui oblige à laisser inachevées des affaires importantes et qui ne peut être d’aucun avantage à soi ni à personne ?

      – Allons ! Allons ! s’écria Bingley, on ne doit pas rappeler le soir les sottises qui ont été dites le matin. Et cependant, sur mon honneur, j’étais sincère et ne songeais nullement à me faire valoir devant ces dames par une précipitation aussi vaine.

      – J’en suis convaincu, mais j’ai moins de certitude quant à la promptitude de votre départ. Comme tout le monde, vous êtes à la merci des circonstances, et si au moment où vous montez à cheval un ami venait vous dire : « Bingley, vous feriez mieux d’attendre jusqu’à la semaine prochaine », il est plus que probable que vous ne partiriez pas. Un mot de plus, et vous resteriez un mois.

      – Vous nous prouvez par là, s’écria Elizabeth, que Mr. Bingley s’est calomnié, et vous le faites valoir ainsi bien plus qu’il ne l’a fait lui même.

      – Je suis très touché, répondit Bingley, de voir transformer la critique de mon ami en un éloge de mon bon caractère. Mais je crains que vous ne trahissiez sa pensée ; car il m’estimerait sûrement davantage si en une telle occasion je refusais tout net, sautais à cheval et m’éloignais à bride abattue !

      – Mr. Darcy estime donc que votre entêtement à exécuter votre décision rachèterait la légèreté avec laquelle vous l’auriez prise ?

      – J’avoue qu’il m’est difficile de vous dire au juste ce qu’il pense : je lui passe la parole.

      – Vous me donnez à défendre une opinion que vous m’attribuez tout à fait gratuitement ! Admettons cependant le cas en question : rappelez-vous, miss Bennet, que l’ami qui cherche à le retenir ne lui offre aucune raison pour le décider à rester.

      – Alors, céder aimablement à la requête d’un ami n’est pas un mérite, à vos yeux ?

      – Non. Céder sans raison ne me paraît être honorable ni pour l’un, ni pour l’autre.

      – Il me semble, Mr. Darcy, que vous comptez pour rien le pouvoir de l’affection. On cède souvent à une demande par pure amitié sans avoir besoin d’y être décidé par des motifs ou des raisonnements. Laissons pour l’instant jusqu’à ce qu’il se présente le cas que vous avez imaginé pour Mr. Bingley. D’une façon générale, si quelqu’un sollicite un ami de modifier une résolution, d’ailleurs peu importante, blâmerez-vous ce dernier d’y consentir sans attendre qu’on lui donne des arguments capables de le persuader ?

      – Avant de pousser plus loin ce débat, ne conviendrait-il pas de préciser l’importance de la question, aussi bien que le degré d’intimité des deux amis ?

      – Alors, interrompit Bingley, n’oublions aucune des données du problème, y compris la taille et le poids des personnages, ce qui compte plus que vous ne croyez, miss Bennet. Je vous assure que si Darcy n’était pas un gaillard si grand et si vigoureux je ne lui témoignerais pas moitié autant de déférence. Vous ne pouvez vous imaginer la crainte qu’il m’inspire parfois ; chez lui, en particulier, le dimanche soir, lorsqu’il n’a rien à faire.

      Mr. Darcy sourit, mais Elizabeth crut deviner qu’il était un peu vexé et se retint de rire. Miss Bingley, indignée, reprocha à son frère de dire tant de sottises.

      – Je vois ce que vous cherchez, Bingley, lui dit son ami. Vous n’aimez pas les discussions et voulez mettre un terme à celle-ci.

      – Je ne dis pas non. Les discussions ressemblent trop à des querelles. Si vous et miss Bennet voulez bien attendre que je sois hors du salon, je vous en serai très reconnaissant, et vous pourrez dire de moi tout ce que vous voudrez.

      – Ce ne sera pas pour moi un grand sacrifice, dit Elizabeth, et Mr. Darcy, de son côté, ferait mieux de terminer sa lettre.

      Mr. Darcy suivit ce conseil et, quand il eut fini d’écrire, il pria miss Bingley et Elizabeth de bien vouloir faire un peu de musique. Miss Bingley s’élança vers le piano et après avoir poliment offert à Elizabeth de jouer la première, – ce que celle-ci refusa avec autant de politesse et plus de conviction, – elle s’installa elle-même devant le clavier.

      Mrs. Hurst chanta accompagnée par sa sœur. Elizabeth qui feuilletait des partitions éparses sur le piano ne put s’empêcher de remarquer que le regard de Mr. Darcy se fixait souvent sur elle. Il était impossible qu’elle inspirât un intérêt flatteur à ce hautain personnage ! D’autre part, supposer qu’il la regardait parce qu’elle lui déplaisait était encore moins vraisemblable. « Sans doute, finit-elle par se dire, y a-t-il en moi quelque chose de répréhensible qui attire son attention. » Cette supposition ne la troubla point ; il ne lui était pas assez sympathique pour qu’elle se souciât de son opinion.

      Après avoir joué quelques chansons italiennes, miss Bingley, pour changer, attaqua un air écossais vif et alerte.

      – Est-ce que cela ne vous donne pas grande envie de danser un reel, miss Bennet ? dit Darcy en s’approchant.

      Elizabeth sourit mais ne fit aucune réponse.

      Un peu surpris de son silence, il répéta sa question.

      – Oh ! dit-elle, je vous avais bien entendu la première fois, mais ne


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