Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais). Джейн Остин

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Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais) - Джейн Остин


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Je ne me le permettrais certainement pas.

      Elizabeth, qui pensait l’avoir vexé, fut fort étonnée de cette aimable réponse, mais il y avait chez elle un mélange d’espièglerie et de charme qui empêchaient ses manières d’être blessantes, et jamais encore une femme n’avait exercé sur Darcy une pareille séduction. « En vérité, pensait-il, sans la vulgarité de sa famille, je courrais quelque danger. »

      Miss Bingley était assez clairvoyante pour que sa jalousie fût en éveil et sa sollicitude pour la santé de sa chère Jane se doublait du désir d’être débarrassée d’Elizabeth. Elle essayait souvent de rendre la jeune fille antipathique à Darcy en plaisantant devant lui sur leur prochain mariage et sur le bonheur qui l’attendait dans une telle alliance.

      – J’espère, lui dit-elle le lendemain, tandis qu’ils se promenaient dans la charmille, que, lors de cet heureux événement, vous donnerez à votre belle-mère quelques bons conseils sur la nécessité de tenir sa langue, et que vous essayerez de guérir vos belles-sœurs de leur passion pour les militaires ; et, s’il m’est permis d’aborder un sujet aussi délicat, ne pourriez-vous faire aussi disparaître cette pointe d’impertinence et de suffisance qui caractérise la dame de vos pensées ?

      – Avez-vous d’autres conseils à me donner en vue de mon bonheur domestique ?

      – Encore ceci : n’oubliez pas de mettre les portraits de l’oncle et de la tante Philips dans votre galerie à Pemberley et placez-les à côté de celui de votre grand-oncle le juge. Ils sont un peu de la même profession, n’est-ce pas ? Quant à votre Elizabeth, inutile d’essayer de la faire peindre. Quel artiste serait capable de rendre des yeux aussi admirables ?

      À ce moment, Mrs. Hurst et Elizabeth débouchèrent d’une allée transversale.

      – Je ne savais pas que vous vous promeniez aussi, dit miss Bingley un peu confuse à l’idée qu’on avait pu surprendre sa conversation avec Darcy.

      – C’est très mal à vous, répondit Mrs. Hurst, d’avoir disparu ainsi sans nous dire que vous sortiez. Et, s’emparant de l’autre bras de Mr. Darcy, elle laissa Elizabeth seule en arrière. On ne pouvait marcher dans le sentier qu’à trois de front. Mr. Darcy, conscient de l’impolitesse de ses compagnes, dit aussitôt :

      – Cette allée n’est pas assez large ; si nous allions dans l’avenue ?

      – Non, non, dit Elizabeth en riant, vous faites à vous trois un groupe charmant dont ma présence romprait l’harmonie. Adieu !

      Et elle s’enfuit gaiement, heureuse à l’idée de se retrouver bientôt chez elle. Jane se remettait si bien qu’elle avait l’intention de quitter sa chambre une heure ou deux ce soir-là.

       English

      XI

       Table des matières

      Lorsque les dames se levèrent de table à la fin du dîner, Elizabeth remonta en courant chez sa sœur et, après avoir veillé à ce qu’elle fût bien couverte, redescendit avec elle au salon. Jane fut accueillie par ses amies avec de grandes démonstrations de joie. Jamais Elizabeth ne les avait vues aussi aimables que pendant l’heure qui suivit. Elles avaient vraiment le don de la conversation, pouvaient faire le récit détaillé d’une partie de plaisir, conter une anecdote avec humour et se moquer de leurs relations avec beaucoup d’agrément. Mais quand les messieurs rentrèrent au salon, Jane passa soudain au second plan.

      Mr. Darcy, dès son entrée, fut interpellé par miss Bingley mais il s’adressa d’abord à miss Bennet pour la féliciter poliment de sa guérison. Mr. Hurst lui fit aussi un léger salut en murmurant : « Enchanté ! » mais l’accueil de Bingley se distingua par sa chaleur et sa cordialité ; plein de joie et de sollicitude, il passa la première demi-heure à empiler du bois dans le feu de crainte que Jane ne souffrît du changement de température. Sur ses instances, elle dut se placer de l’autre côté de la cheminée afin d’être plus loin de la porte ; il s’assit alors auprès d’elle et se mit à l’entretenir sans plus s’occuper des autres. Elizabeth qui travaillait un peu plus loin observait cette petite scène avec une extrême satisfaction.

      Après le thé, Mr. Hurst réclama sans succès la table de jeu. Sa belle-sœur avait découvert que Mr. Darcy n’appréciait pas les cartes. Elle affirma que personne n’avait envie de jouer et le silence général parut lui donner raison. Mr. Hurst n’eut donc d’autre ressource que de s’allonger sur un sofa et de s’y endormir. Darcy prit un livre, miss Bingley en fit autant ; Mrs. Hurst, occupée surtout à jouer avec ses bracelets et ses bagues, plaçait un mot de temps à autre dans la conversation de son frère et de miss Bennet.

      Miss Bingley était moins absorbée par sa lecture que par celle de Mr. Darcy et ne cessait de lui poser des questions ou d’aller voir à quelle page il en était ; mais ses tentatives de conversation restaient infructueuses ; il se contentait de lui répondre brièvement sans interrompre sa lecture. À la fin, lasse de s’intéresser à un livre qu’elle avait pris uniquement parce que c’était le second volume de l’ouvrage choisi par Darcy, elle dit en étouffant un bâillement :

      – Quelle agréable manière de passer une soirée ! Nul plaisir, vraiment, ne vaut la lecture ; on ne s’en lasse jamais tandis qu’on se lasse du reste. Lorsque j’aurai une maison à moi, je serai bien malheureuse si je n’ai pas une très belle bibliothèque.

      Personne n’ayant répondu, elle bâilla encore une fois, mit son livre de côté et jeta les yeux autour d’elle en quête d’une autre distraction. Entendant alors son frère parler d’un bal à miss Bennet, elle se tourna soudain de son côté en disant :

      – À propos, Charles, est-ce sérieusement que vous songez à donner un bal à Netherfield ? Vous feriez mieux de nous consulter tous avant de rien décider. Si je ne me trompe, pour certains d’entre nous ce bal serait plutôt une pénitence qu’un plaisir.

      – Si c’est à Darcy que vous pensez, répliqua son frère, libre à lui d’aller se coucher à huit heures ce soir-là. Quant au bal, c’est une affaire décidée et dès que Nichols aura préparé assez de « blanc manger » j’enverrai mes invitations.

      – Les bals me plairaient davantage s’ils étaient organisés d’une façon différente. Ces sortes de réunions sont d’une insupportable monotonie. Ne serait-il pas beaucoup plus raisonnable d’y donner la première place à la conversation et non à la danse ?

      – Ce serait beaucoup mieux, sans nul doute, ma chère Caroline, mais ce ne serait plus un bal.

      Miss Bingley ne répondit point et, se levant, se mit à se promener à travers le salon. Elle avait une silhouette élégante et marchait avec grâce, mais Darcy dont elle cherchait à attirer l’attention restait inexorablement plongé dans son livre. En désespoir de cause elle voulut tenter un nouvel effort et, se tournant vers Elizabeth :

      – Miss Eliza Bennet, dit-elle, suivez donc mon exemple et venez faire le tour du salon. Cet exercice est un délassement, je vous assure, quand on est resté si longtemps immobile.

      Elizabeth, bien que surprise, consentit, et le but secret de miss Bingley fut atteint : Mr. Darcy leva les yeux. Cette sollicitude nouvelle de miss Bingley à l’égard d’Elizabeth le surprenait autant que celle-ci, et, machinalement, il ferma son livre. Il fut aussitôt prié de se joindre à la promenade, mais il déclina l’invitation : il ne voyait, dit-il, que deux motifs pour les avoir décidées à faire les cent pas ensemble et, dans un cas comme dans l’autre, jugeait inopportun de se joindre à elles. Que signifiaient ces paroles ? Miss Bingley mourait d’envie de le savoir, et demanda à Elizabeth si elle


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