Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais). Джейн Остин

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Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais) - Джейн Остин


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Rien n’empêche que je vous la donne, dit-il, dès qu’elle lui permit de placer une parole ; vous avez choisi ce passe-temps soit parce que vous avez des confidences à échanger, soit pour nous faire admirer l’élégance de votre démarche. Dans le premier cas je serais de trop entre vous et, dans le second, je suis mieux placé pour vous contempler, assis au coin du feu.

      – Quelle abomination ! s’écria miss Bingley. A-t-on jamais rien entendu de pareil ? Comment pourrions-nous le punir d’un tel discours ?

      – C’est bien facile, si vous en avez réellement le désir. Taquinez-le, moquez-vous de lui. Vous êtes assez intimes pour savoir comment vous y prendre.

      – Mais pas le moins du monde, je vous assure. Le moyen de s’attaquer à un homme d’un calme aussi imperturbable et d’une telle présence d’esprit. Non, non ; c’est être vaincu d’avance. Nous n’aurons pas l’imprudence de rire de lui sans sujet. Mr. Darcy peut donc triompher.

      – Comment ? On ne peut pas rire de Mr. Darcy ? Il possède là un avantage bien rare !

      – Miss Bingley, dit celui-ci, me fait trop d’honneur. Les hommes les meilleurs et les plus sages, ou, si vous voulez, les meilleurs et les plus sages de leurs actes peuvent toujours être tournés en ridicule par ceux qui ne songent qu’à plaisanter.

      – J’espère, dit Elizabeth, que je ne suis pas de ce nombre et que je ne tourne jamais en ridicule ce qui est respectable. Les sottises, les absurdités, les caprices d’autrui me divertissent, je l’avoue, et j’en ris chaque fois que j’en ai l’occasion ; mais Mr. Darcy, je le suppose, n’a rien à faire avec de telles faiblesses.

      – Peut-être est-ce difficile, mais j’ai pris à tâche d’éviter les faiblesses en question, car elles amoindrissent les esprits les mieux équilibrés.

      – La vanité et l’orgueil, par exemple ?

      – Oui, la vanité est véritablement une faiblesse, mais l’orgueil, chez un esprit supérieur, se tiendra toujours dans de justes limites.

      Elizabeth se détourna pour cacher un sourire.

      – Avez-vous fini l’examen de Mr. Darcy ? demanda miss Bingley. Pouvons-nous en savoir le résultat ?

      – Certainement. Mr. Darcy n’a pas de défaut, il l’avoue lui-même sans aucune fausse honte.

      – Non, dit Darcy, je suis bien loin d’être aussi présomptueux. J’ai bon nombre de défauts mais je me flatte qu’ils n’affectent pas mon jugement. Je n’ose répondre de mon caractère ; je crois qu’il manque de souplesse – il n’en a certainement pas assez au gré d’autrui. – J’oublie difficilement les offenses qui me sont faites et mon humeur mériterait sans doute l’épithète de vindicative. On ne me fait pas aisément changer d’opinion. Quand je retire mon estime à quelqu’un, c’est d’une façon définitive.

      – Être incapable de pardonner ! Eh bien ! voilà qui est un défaut ! Mais vous l’avez bien choisi ; il m’est impossible d’en rire.

      – Il y a, je crois, en chacun de nous, un défaut naturel que la meilleure éducation ne peut arriver à faire disparaître.

      – Le vôtre est une tendance à mépriser vos semblables.

      – Et le vôtre, répliqua-t-il avec un sourire, est de prendre un malin plaisir à défigurer leur pensée.

      – Faisons un peu de musique, voulez-vous ? proposa miss Bingley, fatiguée d’une conversation où elle n’avait aucune part. Vous ne m’en voudrez pas, Louisa, de réveiller votre mari ?

      Mrs. Hurst n’ayant fait aucune objection, le piano fut ouvert et Darcy, à la réflexion, n’en fut pas fâché. Il commençait à sentir qu’il y avait quelque danger à trop s’occuper d’Elizabeth.

       English

      XII

       Table des matières

      Comme il avait été convenu entre les deux sœurs, Elizabeth écrivit le lendemain matin à sa mère pour lui demander de leur envoyer la voiture dans le cours de la journée. Mais Mrs. Bennet qui avait calculé que ses filles resteraient une semaine entière à Netherfield envisageait sans plaisir un si prompt retour. Elle répondit donc qu’elles ne pourraient pas avoir la voiture avant le mardi, ajoutant en post-scriptum que si l’on insistait pour les garder plus longtemps on pouvait bien se passer d’elles à Longbourn.

      Elizabeth repoussait l’idée de rester davantage à Netherfield ; d’ailleurs elle ne s’attendait pas à recevoir une invitation de ce genre et craignait, au contraire, qu’en prolongeant sans nécessité leur séjour elle et sa sœur ne parussent indiscrètes. Elle insista donc auprès de Jane pour que celle-ci priât Mr. Bingley de leur prêter sa voiture et elles décidèrent d’annoncer à leurs hôtes leur intention de quitter Netherfield le jour même.

      De nombreuses protestations accueillirent cette communication et de telles instances furent faites que Jane se laissa fléchir et consentit à rester jusqu’au lendemain. Miss Bingley regretta alors d’avoir proposé ce délai, car la jalousie et l’antipathie que lui inspirait l’une des deux sœurs l’emportaient de beaucoup sur son affection pour l’autre.

      Le maître de la maison ne pouvait se résigner à les voir partir si vite et, à plusieurs reprises, essaya de persuader à miss Bennet qu’elle n’était pas encore assez rétablie pour voyager sans imprudence. Mais, sûre d’agir raisonnablement, Jane ne céda pas.

      Quant à Mr. Darcy il apprit la nouvelle sans déplaisir : Elizabeth était restée assez longtemps à Netherfield et il se sentait attiré vers elle plus qu’il ne l’aurait voulu. D’un autre côté, miss Bingley la traitait avec peu de politesse et le harcelait lui-même de ses moqueries. Il résolut sagement de ne laisser échapper aucune marque d’admiration, aucun signe qui pût donner à Elizabeth l’idée qu’elle possédait la moindre influence sur sa tranquillité. Si un tel espoir avait pu naître chez elle, il était évident que la conduite de Darcy pendant cette dernière journée devait agir de façon définitive, ou pour le confirmer, ou pour le détruire.

      Ferme dans sa résolution, c’est à peine s’il adressa la parole à Elizabeth durant toute la journée du samedi et, dans un tête-à-tête d’une demi-heure avec elle, resta consciencieusement plongé dans son livre sans même lui jeter un regard.

      Le dimanche après l’office du matin eut lieu cette séparation presque unanimement souhaitée. Miss Bingley, au moment des adieux, sentit s’augmenter son affection pour Jane et redevint polie envers Elizabeth ; elle embrassa l’une tendrement en l’assurant de la joie qu’elle aurait toujours à la revoir et serra la main de l’autre presque amicalement. Elizabeth, de son côté, se sentait de très joyeuse humeur en prenant congé.

      L’accueil qu’elles reçurent de leur mère en arrivant à Longbourn fut moins cordial. Mrs. Bennet s’étonna de leur retour et les blâma sévèrement d’avoir donné à leurs hôtes l’embarras de les faire reconduire. De plus, elle était bien sûre que Jane avait repris froid ; mais leur père, malgré l’expression laconique de son contentement, était très heureux de les voir de retour. Ses filles aînées lui avaient beaucoup manqué ; il avait senti la place qu’elles occupaient à son foyer, et les veillées familiales, en leur absence, avaient perdu beaucoup de leur animation et presque tout leur charme.

      Elles trouvèrent Mary plongée dans ses grandes études et, comme d’habitude, prête à leur lire les derniers extraits de ses lectures accompagnées de réflexions philosophiques peu originales. Catherine et Lydia avaient des nouvelles d’un tout autre genre ; il s’était passé beaucoup de choses au régiment depuis le précédent mercredi : plusieurs officiers


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