Expérience, force et espoir. Anonyme

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Expérience, force et espoir - Anonyme


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me calmer… doucement… doucement… détends tes muscles… commence aux orteils et remonte… détraqué… cerveau noyé… ces garçons… quel gâchis que ma vie… maîtresse… je la hais… Ah… je sais ce qui m’arrive… ce type m’a perturbé… je ferai une liste des raisons pour lesquelles je ne peux accepter sa façon de voir les choses. Après m’être moqué de la religion pendant toutes ces années, je serais hypocrite. En voilà une. Deuxièmement, si Dieu existait, pourquoi toute cette souffrance ? Attends. Il a dit qu’une des difficultés était qu’on tentait de donner une forme à Dieu. En faire simplement une Puissance qui nous aidera. Troisièmement, cela ressemble à l’Armée du Salut. Je lui ai dit et il a répondu qu’il ne passait pas son temps à chanter des cantiques au coin des rues mais, malgré cela, l’Armée du Salut faisait du bon travail. Lorsqu’il voyait quelqu’un souffrir, il lui racontait simplement son histoire et sa croyance.

      Voilà que je me remets à penser… je commençais à me calmer… dormir… garçons… folie… mort… maîtresse… vie gâchée… travail. Bon, ressaisis-toi… que vais-je faire ? JAMAIS… c’est sans retour et en lettres majuscules. Jamais… final, sans escompte. Jamais… jamais, et je suis bien décidé. JAMAIS je ne m’abaisserai assez pour reconnaître Dieu. Les visages à deux faces peuvent bien continuer leur prêchi-prêcha, leur minable adoration, leur citations de la Bible, leur attitude supérieure, leur « gentillesse », leurs dévotions du dimanche suivies de leurs fraudes du lundi, mais il ne me verront jamais reconnaître Dieu. Laissez-moi rire… je voudrais crier ma folle jubilation… mon idée est faite… la folie est de retour.

      Brrr, le sol est froid pour mes genoux… pourquoi ces larmes qui coulent à flot sur mes joues… Dieu, prends pitié de mon âme !

      UNE VICTOIRE FÉMININE

      J’ai la douteuse distinction d’être la seule « madame » alcoolique de notre section. C’est peut-être dans l’intention de jouer un « rôle de soutien » pour mon sexe que je demande d’être inspirée pour raconter mon histoire de façon qu’elle puisse donner à d’autres femmes qui ont ce problème le courage de le regarder en face et de demander l’aide qui m’a redonné vie.

      Quand, pour la première fois, on m’a suggéré que j’étais alcoolique, mon esprit a tout simplement rejeté l’idée. Horreur ! Quelle honte ! Quelle humiliation ! C’est grotesque ! Moi qui déteste le goût de l’alcool – boire n’était qu’une façon de fuir quand ma peine devenait trop grande. Même quand on m’a expliqué que l’alcoolisme était une maladie, je ne pouvais pas comprendre que j’en étais victime. J’avais honte, je voulais me réfugier derrière l’écran des raisons du « traitement injuste », du « malheur », du « lasse et découragée », et des dizaines d’autres causes qui motivaient ma recherche de l’oubli dans le whisky ou le gin.

      Peu importe, j’étais convaincue que je n’étais pas alcoolique. Cependant, depuis que j’ai reconnu les faits, et c’en est certainement un, j’ai pu profiter de l’aide qui nous est si gracieusement donnée quand nous apprenons à être vraiment honnêtes avec nousmêmes.

      La route qui m’a conduite à cette aide bénie a été longue et tortueuse. Elle m’a menée dans les labyrinthes et les perplexités d’un mariage malheureux et d’un divorce, aux jours noirs de la séparation de mes enfants adultes et à l’adaptation à la vie à l’âge où la plupart des femmes sont assurées d’un foyer et de la sécurité.

      Mais, j’ai trouvé une source d’aide. J’ai appris à reconnaître et à accepter les causes profondes de ma maladie : l’égoïsme, l’apitoiement et le ressentiment. Il y a quelques mois à peine, si on m’avait attribué ces qualificatifs, j’en aurais été aussi indignée que si on m’avait dit que j’étais alcoolique. À force d’essayer, et avec l’aide inépuisable de Dieu, j’ai pu accepter qu’ils s’appliquent à moi, et me fixer certains objectifs.

      Quant à la sinistre réalité de l’alcoolisme, j’aimerais pouvoir décrire à quel point elle est terriblement insidieuse, de façon à ce que personne ne puisse jamais plus ne pas percevoir les étapes confortables et faciles qui mènent au bord du précipice pour soudain disparaître et me laisser seule avec ce grand vide devant moi. Je ne pouvais plus faire marche arrière et retourner sur la terre ferme.

      La première étape s’appelle – « le verre du matin pour enlever la gueule de bois. »

      Je me souviens très bien du moment où j’ai franchi cette étape – je buvais comme tous les jeunes mariés que je connaissais. Cela a duré quelques années, lors de fêtes et dans les « bars clandestins » comme on les appelait à l’époque, et quelques verres après le spectacle. Je m’amusais en faisant la tournée.

      Puis, un matin, j’ai tremblé pour la première fois. Quelqu’un m’a suggéré de « prendre un petit verre pour faire passer la gueule de bois ». Une demie heure plus tard, j’avais repris tous mes esprits en me disant combien il était facile de calmer des nerfs irrités. Quelle merveille que l’alcool ! En quelques minutes seulement, mon mal de tête avait disparu, je me sentais normale et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

      Malheureusement, il y avait un piège – j’étais alcoolique. Avec le temps, le verre du matin devait être pris de plus en plus tôt – il devait être suivi d’un autre une heure plus tard, avant que je puisse faire face à la vie.

      Peu à peu, je trouvais que le service était lent dans les réceptions ; les autres invités semblaient heureux et détendus après le deuxième verre. Je tendais à avoir la réaction contraire. Il fallait réagir, alors je m’en offrais un autre, d’abord ouvertement, mais à mesure que le besoin se faisait plus pressant, je me cachais de plus en plus souvent.

      Pendant ce temps, le traitement du lendemain de la veille prenait une direction vraiment incroyable. Le petit verre du matin arrivait de plus en plus tôt, était de plus en plus grand, de plus en plus fréquent et, avant que je le sache, c’était l’heure du déjeuner ! Si j’avais des plans pour l’après-midi – un bridge, un thé ou des visiteurs, je devais justifier mon haleine. J’ai donc commencé à utiliser des excuses comme une légère grippe ou un autre malaise qui m’avait fait prendre un whisky chaud avec du citron. Ou « quelqu’un » était venu déjeuner et nous avions pris un verre ou deux. Puis vint la période du sans-gêne – j’allais aux réceptions bien blindée contre la nervosité ; le lendemain matin je téléphonais – « Désolée, je ne pourrai pas me joindre à vous cet après-midi, j’ai un horrible mal de tête » ; puis j’oubliais tout simplement mes rendez-vous ; je passais deux ou trois jours à boire, je cuvais mon vin et je recommençais dès mon réveil.

      J’avais, bien sûr, les meilleures excuses ; mon mari ne rentrait pas dîner ou n’était pas rentré depuis plusieurs jours ; il dépensait l’argent qui devait servir à payer les factures ; il avait toujours été un buveur ; je l’ignorais jusqu’à ce qu’il me donne mon premier verre alors que j’avais presque trente ans. Oh, elles étaient parfaites – toutes les excuses, toutes les raisons et toutes les justifications. J’ignorais que je me détruisais par l’égoïsme, l’apitoiement et le ressentiment.

      Il y a eu les périodes où je jurais de ne plus boire et celles du « régime sec » – qui duraient de deux semaines à trois ou quatre mois. Un jour, après une sérieuse maladie de six semaines (causée par l’alcool), je n’ai pris aucun alcool durant près d’un an. Je croyais bien avoir réussi cette fois-là, mais tout à coup les choses sont devenues pires que jamais. J’ai découvert que la peur n’avait aucun effet.

      Puis, ce fut l’hospitalisation, pas dans un sana normal, mais dans un hôpital local où mon médecin m’envoyait quand j’en étais au point où je devais faire appel à lui. Le pauvre homme – j’aimerais qu’il puisse lire ceci, car il saurait que ce n’était pas de sa faute si je ne guérissais pas.

      Après mon divorce, j’ai cru que la cause avait disparu. Je croyais que, libérée


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