Programme des Épouses Interstellaires Coffret. Grace Goodwin
Читать онлайн книгу.pivote sur mes talons et le regarde bien en face. « Personne ne sortira de cette tente tant que je n’aurais pas la réponse. Commandant, où voulez-vous en venir ? »
Il inspire profondément. « Les émetteurs ont reçu un message de réactivation de votre médaillon il y a peu. Mais le signal ne provient pas de Trion, monsieur. Mais de la planète Terre. »
Je suis pétrifié. « De la Terre ? » Natalie.
Je regarde mes parents, ils semblent dubitatifs. Ma mère est renfrognée. Mon père reste impassible. « C’est impossible.
— Je n’ai pas d’explication, monsieur, poursuit le commandant. C’est de ma faute, je l’ai interrompu. L’écran de contrôle sur Xalia l’a notifié une fois les codes de transmission validés. Il ne fait état d’aucun dysfonctionnement. Cela confirme que le médaillon se trouve bien sur Terre.
— Natalie doit être vivante. » Ma mère plaque sa main sur sa bouche, elle est sous le choc, ses doigts tremblent légèrement.
« Mais comment aurait-elle pu activer le médaillon ? » Mon père pose une question évidente. Je n’ai pas la réponse. Je me tourne vers le Commandant Loris, j’exige un complément d’informations. « Ma femme a échappé à l’embuscade tendue par les Drovers en se téléportant sur Terre ? Pourquoi n’a-t-on trouvé aucune trace du transport quand on a fouillé l’Avant-poste Deux ? »
Le Commandant Loris inspire profondément. « Le terminal de téléportation était fermé, Conseiller. Les données ont été effacées. Les seuls codes de téléportation en circulation sont les vôtres. L’unique raison pour laquelle nous détenons les codes de téléportation sur Terre est parce que la femme du Haut Conseiller Tark provient de cette planète, vos épouses proviennent du même centre de recrutement. »
Natalie. Vivante. « Pourquoi ne pas être revenue ? Pourquoi le terminal de téléportation sur Terre ne m’a pas contacté ? Putain qu’est-ce qui se passe ? »
Je sais que je déballe tout un tas de questions qui demeurent sans réponse. Personne ne pourra y répondre hormis Natalie. Elle est à moi, c’est une citoyenne Trion à part entière. C’est une femme mariée. Elle m’appartient. Si elle est vivante, je ne m’arrêterais pas tant que je ne l’aurais pas serrée dans mes bras, tant qu’elle ne sera pas à sa place, dans mon lit.
Je me dirige d’un pas raide vers la porte et hurle au garde le plus proche de contacter Seton. Je le charge de veiller sur le Continent Sud durant mon périple. Il se portera certainement volontaire pour m’accompagner. Je préfère le savoir ici, vu la menace Drover qui plane. Il faudra qu’il rentre dare-dare dans le sud. Le Haut Conseiller Tark et les patrouilles de Drovers attendront que je ramène ma femme chez moi.
Confiant quant à l’exécution de mes ordres, je retourne dans la salle de transport et me place sur le sas de téléportation. « Contactez le terminal de téléportation sur Terre. Je pars chercher ma femme. »
Natalie, Banlieue de Boston, MA, planète Terre
On sonne à la porte, je vais ouvrir en portant Noah sur la hanche. Je viens juste de changer sa couche et je ne lui ai pas remis son pantalon. Il porte un body, j’aime voir les bourrelets de ses petites cuisses potelées. Il tient des clés en plastique dans sa main serrée, les secoue et les porte à sa bouche.
J’ouvre la porte en grand et soupire. Je ne suis pas d’humeur à voir Curtis. Je me demande ce qui a pu me passer par la tête en voyant cet homme émacié. Mais qu’est-ce que j’ai bien pu lui trouver ? Ses quelques cheveux bruns vraisemblablement mouillés se raréfient. Il est pâle, les joues légèrement bouffies, comme remplies d’eau. Il a pris un médicament ? Son caviar était trop salé ? Il porte un polo de golf blanc avec de minuscules homards roses brodés sur les manches. Son pantalon pendouille comme un sac vide. Il porte des mocassins un peu sales et au poignet gauche, une montre griffée gauche qui coûte plus cher que le salaire mensuel moyen. Y’a rien, strictement rien d’attirant chez cet homme. Pas étonnant que je n’aie jamais pris mon pied avec lui. Il aurait fallu un miracle. Sans compter que son eau de toilette me donne la migraine et la nausée.
Ma tolérance aux odeurs ne s’est pas améliorée depuis la naissance de Noah. C’est mon nouveau super pouvoir. Dès que je suis tombée enceinte, je jure que j’aurais pu sentir l’odeur de la viande à vingt pas. Je croyais que mon hyper-sensibilité aux odeurs aurait cessé à la naissance du bébé mais j’ai pas eu cette chance. J’essaie de ne pas vomir en sentant l’odeur du cèdre et du musc et j’ouvre la porte en grand, non pas pour laisser entrer mon visiteur mais pour aérer.
« Curtis, » dis-je en soupirant. J’espérais que ce serait le plombier, un des robinets de la cuisine a lâché et il y a de l’eau partout. Quand la cuisinière a voulu se servir de l’évier, on aurait dit le Old Faithful. « Quelle surprise. »
Curtis s’est pointé sans prévenir et contre mon gré à plusieurs reprises, au cours de l’année passée. Je ne l’intéressais guère avant d’adhérer au Programme des Epouses. Lorsqu’il a eu vent de mon retour—non, lorsqu’il a su que mes parents m’avaient offert leur immense baraque— il s’est soudainement montré très intéressé.
« Comment va Mandy ? » Je lui demande des nouvelles de sa sœur, le seul sujet de conversation que je puisse aborder. Je n’ai pas envie de connaître la raison de sa présence ici. Sa vie, sa journée, son moral ne m’intéressent pas.
Ce n’est pas moi qu’il regarde, mais Noah. En général, les gens regardent mon bébé d’un air doux et souriant, mon fils est vraiment hyper mignon. Qui n’aimerait pas un bébé ? Personne, hormis Curtis. Non, pas parce que Noah est un bébé. Ni parce que Noah est un bébé extraterrestre. Du moins c’est ainsi que Curtis et mes parents voient Roark. Un extraterrestre. Non, pas comme étant le chef respecté de presque toute la planète de la Coalition Interstellaire. Non, pas comme mon conjoint. Comme un extraterrestre.
« Je voulais savoir si tu aimerais m’accompagner au Bal d’Hiver du country club. »
Il n’attend pas que je le fasse entrer, il me dépasse et pénètre dans le vestibule. Il a deux étages et un escalier en colimaçon qui lui plaît énormément. Je le laisse faire et referme la porte derrière lui, non pas qu’il soit le bienvenu chez moi, mais Noah a ses petites cuisses nues et il fait froid dehors.
« Non merci, Curtis. » Je fais passer Noah sur mon autre hanche. C’est un gros bébé, il pèse aux bras. Il sera grand comme son père. « Si t’as fini, je vais coucher Noah pour sa sieste. » Je lui fais savoir que sa présence ici n’est plus désirée. Crier risquerait d’effrayer Noah et pour le moment, mon fils est tout content avec ses clés.
« J’aimerais que tu mettes la robe rose que tu portais pour nos fiançailles. »
Je lève les yeux au ciel. Ce truc horrible plein de dentelle, tulle et sequins ? Non. Hors de question. Même pas dans un million d’années. J’ai toujours détesté ce machin acheté par ma mère. « Je viens de te le dire et je te le répète, ça m’intéresse pas. Demande à Ashley ou à Bambi. Peu importe les prénoms de tes dernières conquêtes. »
Il lève les yeux en direction du chandelier fixé au plafond, Noah ne pourra pas l’attraper et se faire mal avec—et me regarde. « Elles ne comptaient pas quand on était ensemble. Et c’est toujours le cas.
— Oh ? Ce connard a toujours de quoi se mettre les couilles au chaud. Je croyais que les femmes avec lesquelles tu baises comptent un tant soit peu. »
La conversation commence à s’enliser.
« C’est quoi cette mère qui parle comme ça devant son fils ?
— Depuis quand Noah te concerne ? » Je lui demande, sarcastique. Je remonte Noah contre moi, le love contre ma hanche et embrasse sa petite tête. « Il n’a que quatre mois. Je pense