Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин

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Jane Austen: Oeuvres Majeures - Джейн Остин


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dire, que sans doute le premier acte ecclésiastique du nouveau pasteur Ferrars, serait de bénir le mariage du colonel et d Elinor, et qu’on voulait saisir celle occasion de lui faire un beau présent.

      — J’entends, j’entends, dit elle ; c’est vrai cela ; c’est très-joli, très-généreux de la part du colonel, et c’est bien, parce qu’Edward est votre ami ; car lui le connaît à peine. Je suis charmée de voir que tout soit déjà si bien arrangé entre vous. C’est là sans doute pourquoi il parlait de délai… Très-généreux en vérité ! Mais, ma chère, il faut pourtant que votre vieille amie vous dise une chose. Il me semble que ce n’est pas à vous à écrire là-dessus à M. Ferrars ; le colonel aurait dû s’en charger ; cela aurait mieux convenu.

      Elinor rougit beaucoup. Pauvre Elinor ! Sans se l’avouer à elle-même, elle était bien-aise d’écrire encore une fois à Edward avant qu’il appartînt à une autre femme, et de lui apprendre la première son bonheur.

      — Pourquoi donc cela n’est-il pas convenable, madame ? Comme vous le disiez, M. Ferrars est mon ami et non pas celui du colonel. M. Brandon est si délicat qu’il a préféré que ce fût moi qui le proposasse à Edward ; et je le lui ai promis.

      — À la bonne heure donc ; il ne faut pas commencer par le désobliger ; mais c’est une singulière espèce de délicatesse. Allons, allons, mes chevaux m’attendent ; et je vous laisse écrire. Je vous promets le secret pour aujourd’hui, puisque vous le voulez, mais demain je le dis à tout le monde, je vous en avertis. Elle sortit, puis rentra tout de suite : À propos, ma chère, je pense à la sœur de ma Betty ; je serai charmée qu’elle ait une si bonne maîtresse. Elle s’entend à tout ; je la ferai venir ; vous en serez enchantée ; c’est précisément tout ce qu’il faut à Delafort. Vous y penserez à votre loisir.

      Elinor l’entendit à peine, lui répondit : oui, madame, certainement, pour la faire en aller ; elle pensait à sa lettre à Edward. Dès qu’elle fut seule, elle prit la plume. Par où commencer ? Que lui dire ? Elle craignait également d’être trop ou trop peu amicale. La plume dans une main, la tête appuyée sur l’autre, elle réfléchissait profondément, à ce qui aurait été la chose du monde la plus aisée pour toute autre personne, et se félicitait cependant d’avoir à lui écrire plutôt que de lui parler, lorsqu’elle fut interrompue dans le cours de ses pensées par quelqu’un qui entrait discrètement, et c’était… celui qui en était l’objet, c’était Edward.

      L’étonnement et la confusion d’Elinor furent au comble. Elle n’avait pas vu Edward depuis que ses engagemens étaient connus et qu’il savait par Lucy que depuis long-temps elle en était instruite. Tremblante, interdite, elle se leva, balbutia quelques paroles, lui offrit un siége, et resta en silence. Il n’était pas moins embarrassé ; son émotion était visible : Enfin il lui demanda pardon de la manière dont il s’était introduit lui-même au salon sans se faire annoncer.

      — Je venais, lui dit-il, me présenter avant mon départ chez madame Jennings et chez vous, mesdames. J’ai rencontré votre amie sur l’escalier. Elle m’a obligeamment pressé d’entrer, en me disant que je trouverais mademoiselle Dashwood au salon occupée à… Enfin que vous aviez à me communiquer une affaire très-importante et qui me surprendrait beaucoup. J’ai cru devoir vous épargner la peine de me l’écrire, d’autant que je quitte Londres demain, et que de long-temps, de très-long-temps peut-être, je n’aurai pas le bonheur de vous revoir. J’aurais été bien malheureux de partir sans prendre congé de vous et de mademoiselle Maria ; demain je vais à Oxford.

      — Vous ne seriez sûrement pas parti, dit Elinor, sans recevoir nos bons vœux, lors même que je n’aurais pas eu le plaisir de vous voir. Madame Jennings vous a dit la vérité ; j’ai quelque chose d’important à vous communiquer, et j’allais vous écrire quand vous êtes entré. Edward rougit, et s’avança avec une extrême curiosité. — Je suis chargée, monsieur, dit-elle en parlant plus vite qu’à l’ordinaire, d’une commission qui vous sera très-agréable. Le colonel Brandon, qui était ici il y a au plus un quart-d’heure, m’a chargée de vous dire qu’ayant appris que votre intention est de vous faire consacrer et de suivre la carrière de l’église, il a le plaisir de pouvoir vous offrir le bénéfice de sa terre de Delafort, qui se trouve vacant, et que son seul regret est qu’il ne soit pas plus considérable. Permettez-moi de vous féliciter d’avoir un ami tel que lui, qui sait apprécier le mérite, et que vous trouverez disposé de toute manière à vous obliger. La cure ne rapporte que deux cents livres sterling, mais peut, dit-il, rendre davantage. Je joins mes vœux aux siens pour que vous en ayez dans la suite une plus avantageuse ; mais dans ce moment j’espère… nous espérons qu’elle pourra vous suffire, et que… cet établissement… accélérera… enfin, que vous y trouverez tout le bonheur que vos amis vous souhaitent.

      Ce qu’Edward éprouvait dans ce moment ne peut être rendu ; mais ce n’était pas de la joie. Une surprise extrême mêlée d’un sentiment très-douloureux, voilà ce que sa physionomie exprimait. Le sort en était jeté ; il n’avait plus de prétexte de retarder son mariage.

      — Dieu ! que dites-vous, s’écria-t-il, en sortant de cet état de stupeur ? à peine puis-je croire ce que j’entends ! le colonel Brandon…

      — Oui, reprit Elinor, qui retrouvait au contraire toute sa fermeté, le colonel Brandon a pris le plus vif intérêt à ce qui vient de se passer dans votre famille, à la cruelle situation qui en a été la suite ; et croyez aussi que Maria, moi, tous vos amis y ont pris la part la plus sincère. Le colonel se trouve heureux de pouvoir vous donner une preuve de sa haute estime pour votre caractère et de son entière approbation de votre conduite dans cette occasion.

      — Le colonel me donne un bénéfice, à moi ! Cela est-il possible ? s’écria encore Edward.

      — La dureté de vos parens vous a-t-elle fait croire, mon cher Edward, que vous ne trouveriez de l’amitié nulle part ? Vous vous seriez bien trompé.

      — Non, répliqua-t-il avec attendrissement ; j’étais bien sûr de trouver dans votre cœur intérêt et compassion ; je suis convaincu que c’est à votre bonté seule que je dois celle du colonel. Oh ! Elinor ! Elinor ! il s’arrêta, se leva, puis se rapprochant encore d’elle dans une émotion inexprimable : Je ne puis rien dire de ce que je sens, reprit-il en appuyant sa main sur son cœur ; mais c’est à vous que je dois tout, car c’est votre estime que j’ai voulu mériter, et que peut-être j’avais mérité de perdre.

      — Vous, Edward ! jamais.

      — Non, non, je vous devais plus de confiance ; mais ce fatal secret n’était pas le mien seul ; et jamais, jamais, je n’aurais pu… ange de bonté, c’est par des bienfaits que vous vous vengez de ma dissimulation.

      — Vous vous trompez, monsieur, dit Elinor en s’efforçant de cacher son émotion ; je vous assure que vous devez la protection et l’amitié du colonel Brandon à votre propre mérite et à son discernement ; je n’y ai aucune part ; je ne savais pas même qu’il eût un bénéfice dont il pût disposer. Peut-être a-t-il eu plus de plaisir encore à le donner à un de nos amis ; mais sur ma parole vous ne devez rien à mes sollicitations.

      La vérité l’obligeait à convenir qu’elle avait quelque part dans cette action ; mais en même-temps elle craignait si fort de paraître la bienfaitrice d’Edward, qu’elle prononça celle dernière phrase avec hésitation ; et cet embarras donna un degré de certitude de plus au soupçon qui venait de s’élever dans l’esprit d’Edward. Il resta quelque temps enseveli dans ses pensées après qu’Elinor eut cessé de parler ; à la fin il dit avec un peu d’effort : Le colonel Brandon est un homme d’un très-grand mérite, et qui jouit de l’estime générale. J’ai toujours entendu parler de lui avec les plus grands éloges. Votre frère en fait beaucoup de cas… et vous aussi sans doute ; ses manières ont beaucoup de noblesse, et sûrement son cœur… ici il s’arrêta… est aussi bon que sensible, dit Elinor en achevant la phrase commencée. Plus vous le connaîtrez, plus vous trouverez qu’il mérite tout le bien qu’on vous a dit de lui, et vous le verrez


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